Après toute la période de plein emploi et d'ascension économique (progression à deux chiffres) de la période d'après-guerre, l'économie du Japon connait une période moins faste au milieu des années 1980. D'aucuns en profitent pour vendre la peau de ce concurrent sur la scène économique qui fascine et effraye tout à la fois.
Loin d'exprimer un parti-pris facile, l'auteur, à travers le prisme de ses connaissances dans le domaine de la politique japonaise, dresse un bilan nuancé de l'état du gouvernement sclérosé des années 95 et des raisons pour lesquelles le « système de 1955 » s'est effondré.
[...] Le parti socialiste, qui était en lice pour détrôner le PLD n'a accepté de syndiquer que les 10 pour cent de travailleurs les mieux lotis, ce qui l'a desservi. Au Japon, les députés se concentrent sur leur Jiban (clientèle nécessaire pour leur élection) et seulement sur lui, car le mode de scrutin leur assure une élection avec 25 pour cent des voix. En raison du fort taux d'abstention, en 1993, certains députés ont été élus avec seulement 5 pour cent des voix. [...]
[...] En dépit d'un discours officiel glorificateur et du refus de l'immigration, le base-ball est sport national, Mc Donald est présentes partout, l'anglais envahit la langue et est presque systématiquement choisi pour baptiser les nouveaux objets ou concepts. Les frontières maritimes, difficiles à surveiller ne sont pas imperméables. L'archipel abriterait immigrés clandestins, et les mariages mixtes représentent aujourd'hui [en 1995] des unions. (p. 28) Le sentiment national quant à lui est fragile, fragmenté. Les liens horizontaux n'ont pas été renforcés par le pouvoir qui n'a que peu pris en charge la fonction redistributive de l'état Providence à l'Occidental. [...]
[...] La stabilité du système de 1955 était fragile, malgré les apparences. L'ouverture accélérée du Japon sur le monde, dans les années quatre-vingt, a mis en relief cette faiblesse et exacerbé des divisions d'intérêts qu'il avait réussi à masquer, et qui fissurent aussi le triangle d'airain Enfin, la recomposition du système international après la guerre froide pose avec acuité la question du rôle du Japon dans le monde (p.14) I. Les illusions de la stabilité (p.14) Le système de 1955 : une situation bloquée (p.14) A l'exception de la création des partis du Kômeitô (こうぬいとう) et du PC, dans les années 1965 et de la vague rose en 1989-1990, les nombres de votes pour les partis sont très stables, presque figés. [...]
[...] Le compromis capital-travail qui existait en situation de plus que plein emploi est durablement mis à mal. Les pressions étrangères et le retour des conflits (p.32) Les Etats-Unis ont fait pression sur le Japon pour infléchir les échanges économiques en leur faveur. Dès les années 70, ils ont obtenu la suppression de presque tous les obstacles douaniers. Dans le milieu des années 80, les Etats-Unis font réévaluer le Yen, puis en 1989-1990, Washington impose des négociations démesurément étendues sur tout ce qu'il définit unilatéralement comme des obstacles structurels (Structural impediment initiative) (p.33) Les négociations portent jusqu'à la question des horaires d'ouvertures des banques et la mise en place de distributeurs de billets. [...]
[...] En premier lieu, la bureaucratie fonctionne de façon plus arbitraire au Japon qu'en Occident. Ensuite, l'opposition est constituée de corporations particulières associées à des Jiban (じばん) qui soutiennent des intérêts particuliers. Enfin, le Seimu Chôsakai (comité d'élaboration des politiques) du PLD est un organe de confiscation du pouvoir décisionnel, car son approbation préalable est nécessaire pour que le gouvernement présente un projet de loi [ ] Là, à l'abri du regard critique des médias ou de l'opinion, chacun peut défendre âprement son Jiban personnel, sans considération pour l'intérêt général. [...]
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