professeur de relations internationales à Georgetown University et senior fellow au Council on Foreign Relations, Charles Kupchan a été chargé des questions européennes au National Security Council dans la première Administration Clinton.
Dans cet essai à contre-courant de la pensée dominante aux Etats-Unis, Charles Kupchan postule que la suprématie dont jouit le pays depuis la fin de la Guerre Froide - le « moment unipolaire » - ne durera pas au-delà de la fin de la décennie. Un monde multipolaire lui succédera : les Etats-Unis, l'Europe - en voie d'intégration rapide -, et les puissances asiatiques (Chine, Japon). C'est en vain que les Etats-Unis tenteraient de faire obstacle à une transition inexorable. Et plutôt que de laisser cet ordre international futur s'installer par défaut, ils devraient en préparer l'avènement et faire usage de toute leur puissance actuelle pour le canaliser et le tempérer, faisant perdurer l'ordre et la stabilité aujourd'hui obtenus grâce à la Pax Americana. C'est le sens d'un dessein stratégique (grand strategy) encore à inventer par l'Amérique et dont l'auteur s'attache à dégager les éléments.
[...] Cette tâche pourrait incomber à un directoire des 5 grandes puissances que sont les Etats-Unis, l'Union Européenne, la Russie, la Chine et le Japon, délibérant par consensus, sans droit de veto, et ouvert à des Etats majeurs des grandes régions du monde (Inde, Egypte, Brésil . ) ; - l'injection de normes et de règles dans le système international. Nombre des institutions à même de remplir cette fonction existent déjà, mais sont soit dominées par les Etats-Unis, soit ignorées par eux. Dans les deux cas, il y a lieu de rétablir un fonctionnement plus équilibré, garantie de leur autorité. [...]
[...] la modération stratégique implique la retenue dans l'exercice de la puissance, et le partage des privilèges auxquels celle-ci ouvre l'accès. Vis-à-vis de l'Union Européenne, un tel choix implique de reconnaître à celle-ci davantage de poids et d'autonomie, plutôt que d'opposer de la résistance à une maturation qui aura lieu en tout état de cause. Ce qui devrait être d'autant plus aisé que l'Europe est un partenaire lié aux Etats-Unis par une histoire et des valeurs partagées et n'a rien prédateur agressif En termes concrets, cette démarche implique que soit levé le soupçon qui pèse traditionnellement sur tous les projets liés à l'Europe de la défense et qu'une influence accrue soit accordée aux Européens dans la structure de commandement de l'OTAN. [...]
[...] Charles Kupchan The end of the American Era, US Foreign Policy and the geopolitics of the twenty-first century, Knopf, New York 2002 Auteur : professeur de relations internationales à Georgetown University et senior fellow au Council on Foreign Relations, Charles Kupchan a été chargé des questions européennes au National Security Council dans la première Administration Clinton. Dans cet essai à contre-courant de la pensée dominante aux Etats-Unis, Charles Kupchan postule que la suprématie dont jouit le pays depuis la fin de la Guerre Froide - le moment unipolaire - ne durera pas au-delà de la fin de la décennie. [...]
[...] Cet engagement a pu être maintenu pendant la Guerre Froide, mais il est aujourd'hui corrodé par un ensemble de facteurs : - la disparition de la menace soviétique, ciment de l'adhésion à une politique extérieure activiste ; - la résurgence de l'aversion pour les arrangements institutionnels contraignants ; - les transformations qui affectent la scène politique intérieure : pour des raisons démographiques, l'influence des régions du sud et de l'ouest montagneux est devenue décisive, de même que celle de minorités (Hispaniques, Asiatiques . ) dans de grands Etats tels que le Texas et la Californie. Les élus de ces régions manifestent une sensibilité nettement moins grande aux exigences de l'internationalisme que ceux des Etats du nord-est et du Midwest. [...]
[...] Ce phénomène échappe à la plupart des observateurs américains, qui s'intéressent davantage aux Etats-membres de l'Union Européenne qu'à celle- ci et ont d'autant plus de mal à appréhender l'entité nouvelle que celle-ci est avant tout de nature économique et que les tentatives d'union politique ont toutes tourné court. Ce faisant, ils sous-estiment l'un des événements géopolitiques les plus significatifs du XXème siècle et ignorent les enseignements de l'Histoire : les premières années d'existence des Etats-Unis furent consacrées à l'intégration économique, l'intégration politique intervenant beaucoup plus tard. [...]
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