Organisé de façon tripartite, le projet du livre de Monique Canto-Sperber est de restaurer la morale et la justice en matière de relations internationales. Partant d'une analyse sur l'ordre et désordres du monde d'hier et d'aujourd'hui, l'auteur s'achemine progressivement vers une problématique traditionnelle de philosophie morale et politique.
[...] A quoi attribué toute cette moralisation de la politique internationale ? Tout d'abord au continuum entre l'évolution des politiques intérieure et extérieure. Sur les deux plans, la souveraineté nationale et le pouvoir des Etats se sont retrouvés limités et contrôlés. Les transformations de la souveraineté interne (perte de maîtrise sur l'économie nationale, soumission aux flux et réseaux transnationaux, réactions aux pressions de la société ) se retrouvent sur le plan international. Dans un monde anarchique, l'exaltation de la puissance était une condition de survie mais dans ce nouveau monde de l'après Guerre Froide, où les valeurs de la démocratie se répandent, cette exigence a perdu de sa virulence. [...]
[...] Les frappes aériennes de 1999 en Serbie ne se sont pas déroulées dans les mêmes conditions. L'impunité d'un dictateur n'est plus garantie par ses frontières nationales. Le devoir d'assistance obéit à un principe novateur et démocratique et ces guerres d'intervention à motifs humanitaire ont inévitablement contribué à la moralisation du monde. Mais cette autosuffisance ne serait-elle pas à la longue le travers de la Démocratie ? Considérée par ses populations comme le meilleur des systèmes à ce jour, ces dernières vont chercher à promouvoir le modèle aux delà de leur frontière. [...]
[...] Dans le cas contraire, c'est là que la morale joue un rôle important puisqu'elle offre la possibilité de contourner l'illégalité en s'appuyant sur une impression de légitimité, impression d'autant plus importante que la tradition de la guerre juste regagne de l'intérêt aux yeux de la communauté internationale. L'obligation de non-ingérence s'arrête à l'endroit précis où naît le risque de non-assistance (François Mitterrand). L'idée d'une guerre juste vient de la conscience du fait que la paix ne peut pas être perpétuelle. [...]
[...] Un premier chapitre rappelle les grandes conceptions qui ont cours depuis l'Antiquité et qui définissent l'idée d'une morale de la guerre. L'une des idées majeures et récurrentes est la doctrine dite de la guerre juste qui part d'un double énoncé capital : En certaines circonstances, les raisons qui conduisent à la guerre peuvent être légitimes, la guerre est alors moralement justifiée (jus ad bellum, droit de la guerre). - Il existe une façon juste de faire la guerre (jus in bello, droit dans la guerre). [...]
[...] On arrive aujourd'hui à la recherche d'une société internationale conduite par des normes et des valeurs dites universelles. Désormais, en suivant un guide morale l'action des Etats et des organismes internationaux doit mener à un bien commun. Mais où doit donc s'arrêter la responsabilité de protéger ? Pourquoi se restreindre aux crises humanitaires ouvertes et ne pas, lorsque les conditions le permettent, avancer vers l'élimination des régimes considérés comme dangereux pour l'ordre international ? Parmi les principaux dangers des guerres à prétention morale que dénonce Monique Canto-Sperber, il y a le risque de l'illimitation C'est-à-dire le fait que ces interventions ne parviennent que très difficilement à s'acheminer vers une fin (guerres à engrenage Il y a également le risque de la justification à rebours. [...]
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