Ouvrage de géopolitique qui retrace, dans toute l'ampleur de sa dimension historique, le conflit indo-pakistanais à travers le spectre de la « dispute » du Cachemire, dans la mesure où il apporte, par l'étude particulièrement riche de ce cas précis, un éclairage intéressant à la perspective plus large de l'étude de l'histoire des relations internationales.
[...] Ses derniers ouvrages sont Une vie paria. Le rire des asservis, Pocket / Terre humaine (2001), qui évoque de manière sociologique et ethnologique la condition des intouchables en Inde, et La question identitaire en Asie du Sud, éditions de l'EHESS (2001). L'ouvrage que j'ai choisi d'étudier n'est donc pas à proprement parler historique, son auteur n'étant pas historien de formation, ni même à la base géopoliticien, mais ethnologue. Il ne s'inscrit donc pas dans un courant historiographique donné ni ne développe véritablement de thèse, même s'il s'agit d'un ouvrage très largement problématisé, car il se veut impartial par rapport aux controverses et aux thèses historiques qui ont pu être développées au sujet du Cachemire et du différend indo-pakistanais. [...]
[...] Le conflit du Cachemire trouve son origine dans la partition de l'Empire britannique des Indes, en août 1947, entre l'Inde et le Pakistan. En principe, les Etats à dominante musulmane se rattachent, à l'Est et à l'Ouest, aux deux entités qui constituent le Pakistan. Situé entre l'Inde et le Pakistan, le Cachemire possède une majorité musulmane qui passe pour favorable au rattachement à Islamabad. Mais il constitue un cas particulier, dans la mesure où il est gouverné par un maharadjah hindou qui soumis à de fortes pressions pour choisir le rattachement à l'Inde. [...]
[...] Enfin, le dernier chapitre s'interroge : Nouveau monde, nouvelle donne ? Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné une importance stratégique considérable au paramètre afghan Le Cachemire attire désormais l'attention des puissances, mais le Pakistan tout comme l'Inde se retrouvent de fait face à leurs propres contradictions : le Pakistan doit prétendre combattre le terrorisme en Afghanistan ms ne peut ignorer les groupes qui mènent la guerre sainte au Cachemire, et l'Inde se retrouve prisonnière de sa conception strictement bilatérale de la question du cachemire. [...]
[...] L'auteur, Jean-Luc Racine, est directeur de recherches au CNRS, en poste au Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud de l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Il travaille sur les dynamiques de transformation sociale, économique, politique et territoriale de l'Inde contemporaine, et sur la géopolitique. Géopolitique interne de l'Inde d'une part : dynamique des relations entre les Etats et le pouvoir central, questions identitaires, régionalismes, dimensions territoriales de la nouvelle politique économique. Géopolitique externe de l'autre, en particulier relations indo-pakistanaises, enjeux stratégiques de la nucléarisation de l'Asie du sud et visions indiennes de l'ordre mondial. [...]
[...] Le premier chapitre, Etre cachemiri : l'héritage des temps longs met en évidence l'identité propre de ce carrefour linguistique et religieux, fondée notamment sur une culture, une image du monde et une vision séculariste du vivre-ensemble. Cette kashmiriyat existe bel et bien et a joué un certain rôle d'affirmation identitaire de la région en tant que telle, même si elle doit être nuancée par la prégnance de la dualité religieuse qui s'étend jusqu'aux sphères socio-économiques et est une donnée essentielle du conflit. Le chapitre suivant pose la question : Partition ou partage ? en analysant le tournant de la décolonisation et des premiers blocages qui en sont le corollaire. [...]
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