Professeur à Georgetown et conseiller spécialiste du monde arabe et musulman à l'United States Institute of Peace, D. Brumberg s'intéresse particulièrement aux phénomènes de démocratisation et de réformes politiques au Moyen Orient. A travers cet ouvrage - regroupant trois articles - paru au lendemain de la guerre en Irak, l'auteur s'attelle à démontrer, à la lumière de l'évolution récente des régimes arabes, en quoi la politique messianique universaliste de l'Administration Bush de « révolution démocratique globale » au Moyen Orient porte en son sein les bourgeons de son échec. Pour l'auteur, la chute de Saddam Hussein en 2003 ne pouvait en effet correspondre à un tsunami démocratique sur la région car sous l'apparente libéralisation de ces régimes se dessinent fondamentalement en filigrane des « autocraties pluralistes » qui fait du Moyen Orient encore aujourd'hui une des régions les plus hermétiques à la démocratie. Au contraire, la politique étrangère américaine en Irak et vis-à-vis du conflit israélo-palestinien semble avoir alimenté l'antiaméricanisme, faisant de facto le jeu des idéologues islamistes.
[...] Brumberg, Daniel, Moyen-Orient : l'enjeu démocratique, Editions Michalon Professeur à Georgetown et conseiller spécialiste du monde arabe et musulman à l'United States Institute of Peace, D. Brumberg s'intéresse particulièrement aux phénomènes de démocratisation et de réformes politiques au Moyen Orient. A travers cet ouvrage - regroupant trois articles - paru au lendemain de la guerre en Irak, l'auteur s'attelle à démontrer, à la lumière de l'évolution récente des régimes arabes, en quoi la politique messianique universaliste de l'Administration Bush de révolution démocratique globale au Moyen Orient porte en son sein les bourgeons de son échec. [...]
[...] Par ailleurs, sa neutralité active s'effrite par instant pour prendre un visage plus américano-centré. En effet, particulièrement dans le troisième article, il semble confondre dans son objectif la lutte contre l'antiaméricanisme dans la région et la mise en place de réformes démocratiques, deux concepts qui sont à distinguer. Enfin, nous pouvons émettre une double critique quant à la recherche de modélisation typologique de la région. Sa volonté de proposer un idéaltype précis de la notion d'autocratie pluraliste l'amène à détailler, structurer à l'extrême les catégories de systèmes politiques. [...]
[...] L'Iran était quant à lui bien classé parmi les autocraties totales. Deux ans plus tard, dans son article Democratization versus liberalization in the Arab world (2005), l'Iran était considéré comme une autocratie totale en devenir alors que la Syrie faisait partie des autocraties totales. Ces exemples montrent peut-être tout simplement que sa typologie n'est pas suffisante pour appréhender la multiplicité politique du Moyen-Orient. Néanmoins, cette dernière critique est à nuancer tant l'analyse de Brumberg contribue à éclairer notre lanterne sur le jeu de relations complexes qui structure les régimes de la région. [...]
[...] S'appuyant sur une série de sondages il met tout d'abord en évidence le fait que l'antiaméricanisme fait bel et bien écho à la conduite de la politique étrangère et non au système de valeurs américain. Toutefois, la haine du modèle américain n'est pas inexistante, elle est même mise en exergue par les idéologues islamistes. Il distingue ainsi trois cercles de l'opinion arabe : le premier constitue ce noyau dur d'idéologues et de militants politiques ayant pour la plupart étudié en Occident et trouvant les valeurs occidentales néfastes pour la cohésion morale et sociale de l'umma. [...]
[...] Dans un deuxième article de 2002, Brumberg revient sur ses théories passées. Loin d'être d'hésitants ajustements, les stratégies de survie sont en fait une composante structurante des systèmes politiques arabes susmentionnés. L'autocratie absolue (Syrie, Arabie Saoudite, Tunisie et Irak de Hussein) est loin d'être la règle dans le monde arabe. La plupart des régimes sont des autocraties partielles qui autorisent une ouverture relative. Ils offrent des avantages aux dirigeants qui se maintiennent au pouvoir principalement grâce à des élections contrôlées et au diviser pour régner mais également aux mouvements d'opposition, qui peuvent étendre leur influence dans un système de coexistence pacifique intercommunautaire sans que l'un d'entre eux impose ses idéaux aux autres. [...]
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