À l'appui de nombreux exemples qui illustrent son analyse des rapports Nord/sud, Badie conclut que les tentatives d'assimilation du modèle occidental par les pays en voie de développement aboutissent inexorablement à un échec. Sur cette conclusion, « le pessimisme » de Bertrand Badie ne fait pas l'unanimité, en effet, ne peut-on parler uniquement qu'en termes « d'importation » ou « d'exportation » pour qualifier le processus d'occidentalisation du monde ? N'y a-t-il réellement aucun phénomène d'appropriation de ces produits « importés » par les acteurs concernés ? Enfin, est-ce que le modèle occidental, comme le voit Badie, est inadaptable aux cultures locales ?
[...] Cela permet à l'auteur de faire une approche comparative des différentes formes d'assimilation du modèle occidental, mais il reste conscient des limites de cet idéal-type qui est lui-même contredit par de nombreuses réalités historiques et sociales propres à l'Occident (comme par exemple les conflits entre régionalismes et Etat-nation en Europe). À l'appui de nombreux exemples qui illustrent son analyse des rapports Nord/sud, Badie conclut que les tentatives d'assimilation du modèle occidental par les pays en voie de développement aboutissent inexorablement à un échec. Sur cette conclusion, le pessimisme de Bertrand Badie ne fait pas l'unanimité, en effet, ne peut-on parler uniquement qu'en termes d'importation ou d'exportation pour qualifier le processus d'occidentalisation du monde ? N'y a-t-il réellement aucun phénomène d'appropriation de ces produits importés par les acteurs concernés ? [...]
[...] L'apport fondamental de l'ouvrage de Bertrand Badie est de démontrer de façon rigoureuse que les systèmes en place dans les sociétés du sud, même si ils acquièrent une certaine autonomie, ne sont pas dirigés par une main invisible, ils sont avant tout fonction des stratégies des acteurs. Cette théorie est fondamentale pour expliquer l'immuabilité du modèle politique occidental comme référent quasi-unique de l'organisation de la vie politique des sociétés du Sud et de la structuration de l'ordre international, et ce malgré les situations d'anomie qui en découlent. [...]
[...] L'importation du modèle occidental ne fait qu'accentuer le fossé entre élites dirigeantes et la société. Ceci peut expliquer la très faible allégeance citoyenne qui s'illustre par d'importantes mobilisations contre les élites et de très fortes abstentions aux élections. Ainsi, le caractère particulier de ces mobilisations dans les sociétés où le modèle occidental a été importé sont un signe évident de la crise que connaissent ces Etats. En effet, ces mobilisations (contrairement à celles que l'on peut retrouver dans les sociétés du centre) révèlent très souvent une dimension identitaire, elles ont souvent plus pour but de rejeter la culture imposée que de faire une réelle demande au système politique : Bertrand Badie donne ainsi l'exemple de la grève lancée par les syndicats marocains en 1990 qui s'est rapidement transformée en émeute de jeunes et d'exclus qui se sont attaqués aux bâtiments fréquentés par les touristes occidentaux (exprimant ainsi le rejet d'une culture étrangère) et ont proclamé leur solidarité à l'égard de Saddam Hussein (dans le but d'exprimer une affirmation identitaire) ; aujourd'hui, les manifestations de jeunes kabyles en Algérie contre le pouvoir Ogra ont aussi des similitudes avec ce type de mobilisation identitaire. [...]
[...] Badie mentionne également le caractère importateur de l'activité des élites intellectuelles du Sud qui, pour s'émanciper du pouvoir néo- patrimonial ou des traditions ancestrales, empruntent au modèle occidental des idées de modernité de rationalité et de souveraineté permettant d'échapper au dilemme d'un ordre socio-politique qui n'offre aucun rôle à l'intellectuel[11] La portée novatrice de cet ouvrage est d'avoir déconstruit les relations entre Nord et Sud en soulignant l'importance du processus d'importation par les élites des pays en voie de développement. Badie remet ainsi totalement en causes les théories selon lesquelles les relations Nord/Sud seraient le résultat d'une occidentalisation forcée ou d'un complot de l'Occident. C'est à partir de cette analyse que l'auteur conclut que la greffe de l'ordre politique occidental dans les sociétés du Sud est impossible. Selon lui, les sociétés périphériques, à force de mêler sans discernement cultures endogènes et valeurs occidentales, n'aboutissent qu'à des formes d'organisation syncrétiques imprécises et inefficaces. [...]
[...] Badie, L'Etat importé, p G. Almond et S. Verba, The civic culture : political attitudes and Democraty in Five nations Cf N. Elias, la dynamique de l'Occident Cf M. Ostrogorski, La Démocratie et les partis politiques B.Badie, l'Etat importé, p B.Badie, l'Etat importé, p Cf J.F. [...]
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