"Au commencement était l'eau : la Genèse l'affirme, les chimistes le démontrent, les médecins le constatent et les économistes le confirment ". Or cette ressource, si évidente, si banale, est entrain de changer de nature du fait d'un risque de pénurie au XXIs en particulier dans certaines régions du monde. Tous les 20 ans, sous les effets cumulés de la croissance démographique, du développement agricole et de l'urbanisation galopante, les besoins mondiaux en eau doublent. De fait, la gestion de l'eau devient de plus en plus problématique. 300 zones de conflits potentiels pour cause de fleuves transfrontaliers ou de nappes phréatiques communes ont été relevées. De ce point de vue la zone du Proche Orient apparaît comme une bombe à retardement bien que l'importance géostratégique de l'eau soit ici relativement ancienne. Dans cette région la bataille de l'eau prend une dimension particulière car elle est intimement imbriquée au conflit israélo-arabe, le débat actuel étant alors le suivant : l'eau est-elle une cause de guerre ou un vecteur de coopération et à terme de paix ?
Dans son livre La bataille de l'eau au Proche Orient, Christian Chesnot ( diplômé de l'IEP de Paris et journaliste), montre, au delà de l'importance stratégique du contrôle de l'eau dans cette zone, dans quelle mesure un partage équitable des ressources hydrauliques peut être un facteur de paix. La paix et le règlement de la question de l'eau ne sauraient être dissociés comme par ailleurs le souligne le géographe Michel Foucher : " le partage des eaux sera un élément de tout règlement global ".
Le livre se compose de 4 parties indépendantes : la 1ère retrace les principaux enjeux, la seconde s'attache au rôle des fleuves alors que la troisième se concentre sur les nappes phréatiques. Enfin, la 4ème partie étudie plus particulièrement l'eau dans les pays du Golfe.
[...] La Turquie fournirait 6 millions de mètres cubes par jour à toute la péninsule arabique en passant par la Syrie la Jordanie et l'Iraq. Cependant le coût politique de ce projet outre son coût financier est irrecevable pour les pays du Golfe, la Turquie aurait une arme trop importante à sa disposition. Un autre interlocuteur possible serait l'Iran qui a déjà signé un accord avec le Qatar. Cependant les ambitions iraniennes s'inscrivent également dans une volonté de puissance régionale : l'eau iranienne comme l'eau anatolienne a également un coût politique qui peut faire reculer les Etats du Golfe devant une coopération. [...]
[...] Il faut noter que le forage de l'eau constitue la 1ère production minière en volume des pays du Proche Orient : ainsi l'Arabie Saoudite extrait 35fois d'eau que de pétrole. Cette utilisation massive des eaux souterraines posent des problèmes en termes de salinité, de pollution et également d'épuisement. Si dans les années 70, la distinction s'opérait entre ceux qui avaient du pétrole et ceux qui en étaient dépourvus ; les années 90 voient apparaître une nouvelle dichotomie basée sur la possession ou non de ressources hydriques qui montre un renversement de l'ordre de priorités. [...]
[...] Or ici plus qu'ailleurs une certaine coopération serait nécessaire car les réseaux et les bassins hydrographiques sont très enchevêtrés. Le plateau du Golan présente également un intérêt hydrostratégique puisqu'il compte pour 22% de l'approvisionnement israélien. Or pour bien des observateurs, la justification du maintien d'Israël dans cette région n'est plus dictée par son importance stratégique militaire (la défense des frontières étant devenue relative avec les nouvelles technologies) mais par l'eau. Depuis 1967, l'Etat hébreu a les clés d'un partage équitable des ressources hydrauliques. [...]
[...] Les sources hydrauliques ressortent de deux natures : d'une part les fleuves et d'autre part les nappes phréatiques. - au niveau des fleuves ensembles majeurs structurent la région : Le bassin du Nil : 3ème fleuve mondiale, arrose neuf pays riverains : Zaïre, Burundi , Rwanda , Tanzanie, Kenya , Ouganda, Ethiopie, Soudan, Egypte Le Tigre et L'Euphrate : arrose la Turquie, la Syrie et l'Iraq. Le long de la frontière Iraq / Iran, ces deux fleuves ne forment qu'un seul fleuve : " Chatt El Arab " Le Jourdain : occupe une position centrale, arrose la Syrie, le Liban, Israël et la Jordanie Et dans une moindre mesure : Le Litanie : fleuve du Liban Sud, région frontalière avec la Syrie et Israël. [...]
[...] Or à bien des égards cette priorité donnée à l'agriculture est contestable : elle est irrationnelle tant du point de vue économique que du point de vue des ressources. Par ailleurs, elle a généré des problèmes de pollution (engrais à outrance) et n'a point réduit la dépendance par rapport à l'extérieur puisque la main d'œuvre agricole (qualifiée et non qualifiée) est étrangère ! Cette politique s ‘explique alors essentiellement par la volonté du gouvernement de stabiliser le pays en sédentarisant la population et de développer une meilleure influence au sein du monde islamique : de ce point de vue le secteur agricole intègre la politique étrangère de Ryad, ses excédents agricoles lui permettant de mener à bien sa politique de solidarité islamique. [...]
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