Mikhaïl GORBATCHEVet son successeur Boris ELTSINE, après s'être lancés dans l'aventure de la démocratisation, de l'URSS pour le premier, de la Russie pour le second, ont éprouvé le besoin de raconter dans deux livres-bilans, leur expérience présidentielle dans un pays en pleine mutation structurelle. Le caractère de ces deux hommes si différents transparaît dans la forme même de leur ouvrage.
Aussi, les Avant-Mémoires de Mikhaïl GORBATCHEV s'inscrivent à juste titre dans la tradition des mémoires, alors que les Mémoires de Boris ELTSINE procèdent davantage de l'autobiographie. En effet, écrivant à propos des années 1985 à 91, de sa nomination à la tête du PCUS* à sa démission, Mikhaïl GORBATCHEV s'attache à faire part au lecteur de ses réalisations en tant que réformateur, à travers des extraits de discours, d'entretiens et de conférences qui ont ponctué son mandat. Les sujets politiques et militaires sont les seuls à être abordés de façon pragmatique, réaliste et dénuée de tout lyrisme.
En revanche dans ses Mémoires, Boris ELTSINE fait le récit de son deuxième mandat, de 1996 au 31 décembre 1999, certes en tant qu'homme politique, mais aussi et surtout en tant qu'être humain, d'où l'emploi systématique de la première personne, la profusion d'histoires personnelles, le tout baigné de sentimentalisme.
Ces deux hommes que l'on s'est plu à opposer, avaient pourtant des objectifs communs. Tous deux répètent dans leurs mémoires qu'ils souhaitaient réaliser la transition démocratique de leur pays, dont ils veulent restaurer la puissance, pour lui redonner sa place à la fois dans la « Grande Europe » et au sein même des relations internationales. Ils s'éloignent néanmoins l'un de l'autre par les moyens mis en œuvre pour réaliser ces objectifs.
En effet, si Mikhaïl GORBATCHEV prône une approche rationnelle et graduelle permettant à la population de s'adapter aux réformes en cours, Boris ELTSINE lui, afin d'accélérer la démocratisation de son pays, se prononce pour une « thérapie de choc » basée sur l'emploi de méthodes libérales radicales.
Pourquoi deux présidents successifs éprouvent-ils le besoin de justifier leur politique respective dans des mémoires alors qu'ils partagent les mêmes buts ?
Certainement parce que par leur forme même, les mémoires constituent un instrument privilégié pour revaloriser une image peu à peu ternie par les campagnes de diffamation, pour justifier la modernité de son approche politique par rapport à celle qui fut mise en œuvre auparavant et pour analyser ses réussites et ses échecs, malgré un degré d'objectivité et d'honnêteté parfois difficile à atteindre.
[...] Ainsi, à ce propos, le lecteur découvre que Boris ELTSINE était insomniaque lors de ses deux mandats, d'après lui à cause de sa responsabilité concernant l'utilisation du bouton nucléaire Cet exemple n'est bien sûr pas le seul de la sorte, Boris ELTSINE subissant à l'instar de toute personne assumant des responsabilités élevées, les répercussions physiologiques d'une situation de tension permanente. Il n'a de cesse de répéter qu'il est un homme comme les autres, malgré la fonction qu'il a eue à exercer. L' humanité du Président ELTSINE C'est sans doute ce qui transparaît le plus dans ses Mémoires. [...]
[...] Malgré tout, Boris ELTSINE souligne, dans ses Mémoires les quatre succès de sa présidence, à savoir, la stabilisation du rouble depuis le mois de janvier 1999 à un taux de 24 pour 1 dollar (contre 6 pour 1 dollar avant août 1998) ; la maîtrise de l'inflation, passée de en janvier 1999 à en mai ; une collecte fiscale proche des objectifs budgétaires ; une petite reprise de la production industrielle dans certaines branche due à une chute brutale des importations. Mais à ces signaux positifs, ont fait écho des indicateurs bien alarmants, dont a conscience Boris ELTSINE. [...]
[...] Boris ELTSINE utilise cette expression pour faire référence au sommet du G7 de 1993, où Moscou n'avait été invité que comme observateur. La deuxième guerre de Tchétchénie causa la mort de plus de civils ( et celle d' environ 7000 soldats tchétchènes et de 1500 soldats russes). En de la population russe vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Les oligarques, comme on les appelle en Russie, désignent les hommes d'affaires qui ont fait d'énormes fortunes lors des privatisations après l'effondrement de l'URSS. [...]
[...] Aussi, Mikhaïl GORBATCHEV, récompensé du Prix Nobel de la Paix, peut -il se vanter d'avoir mis fin à la Guerre froide avec succès. Ce retour à la paix est passé par de nombreux discours sur le désarmement et par des mesures de réduction des armes nucléaires, par la reprise du dialogue entre la Russie et le reste du monde et par des accords commerciaux. Boris ELTSINE a poursuivi cette politique de réintégration de la Russie dans les relations internationales, en signant en 1994 le Partenariat pour la paix[22], initié par l'OTAN, et en obtenant pour la Russie une place dans le G8, c'est à dire qu'il introduisait son pays dans le club très fermé des nations les plus industrialisées.[23] Il affirmait intégrer la Fédération de Russie non en tant que parent pauvre [24]des sept autres puissances, mais en tant qu'interlocuteur à part entière, disposant d'idées propres dans certains domaines. [...]
[...] Ils s'éloignent néanmoins l'un de l'autre par les moyens mis en œuvre pour réaliser ces objectifs. En effet, si Mikhaïl GORBATCHEV prône une approche rationnelle et graduelle permettant à la population de s'adapter aux réformes en cours, Boris ELTSINE lui, afin d'accélérer la démocratisation de son pays, se prononce pour une thérapie de choc basée sur l'emploi de méthodes libérales radicales. Pourquoi deux présidents successifs éprouvent-ils le besoin de justifier leur politique respective dans des mémoires alors qu'ils partagent les mêmes buts ? [...]
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