Aux dires de J. Mearsheimer, les forces terrestres sont à la puissance militaire ce que cette dernière est à la puissance.
En effet, ce texte ne saurait se départir du cadre conceptuel particulier auquel il se rattache. La pensée de Mearsheimer relève d'un réalisme affirmé, un réalisme que lui-même qualifie d' « offensif ». Aussi, son analyse relève-t-elle de structures théoriques spécifiques. Il convient non seulement de présenter ces dernières mais également de les expliciter afin de saisir les réflexions de Mearsheimer dans la globalité de leurs perspectives stratégiques, militaires, politiques...
[...] Selon lui, la puissance se mesure ainsi à l'aune de la force militaire terrestre dont dispose un Etat. Une telle considération semble quelque peu éluder l' aspect stratégique de la question. Certes, Mearsheimer constate l'imbrication des différentes formes de puissances militaires, toutefois, il ne semble pas en déduire les conséquences logiques. En effet, il évoque la puissance aérienne en tant que strategic airpower et insiste sur le rôle important des forces navales et aériennes quant au déplacement de troupes, au ravitaillement, à la conduite d'opérations annexes. [...]
[...] C'est elle qui modèle et module, plus ou moins directement, l'intégralité des relations internationales. Or, il est une conséquence logique à l'interconnexion des concepts d'Etat et de puissance : la primauté de la puissance militaire. En effet, comment l'Etat se distingue-t-il, sinon par son monopole de violence ? L'Etat est l'unique acteur doté d'une puissance militaire, par conséquent, capable d'exercer une contrainte de cet ordre. Dans la pensée réaliste, c'est donc la puissance militaire qui fonde la puissance en général. [...]
[...] Mearsheimer oppose ces deux volets du combat. Etant donné que conquérir et contrôler la terre est l'objectif politique suprême dans un monde d'Etats territoriaux si la contrainte peut constituer un appui opérationnel, à terme, seule la conquête compte réellement. En outre, Mearsheimer inscrit sa réflexion dans une dynamique particulière, celle de la projection de puissance ou capacité de projection Ce concept a trait au potentiel d'action et d'influence pouvant être exercé par une puissance sur une autre, avec pour ultime dessein, la domination. [...]
[...] Mearsheimer y souscrit en relevant l'importance de l'aspect territorial, certes, mais surtout en s'attachant au facteur eau Mearsheimer met en exergue le stopping power of water à savoir la limitation de cette projection par les vastes océans. Ainsi, l'eau protège-t-elle les puissances insulaires contre toute invasion, obligeant à recourir à la contrainte et condamnant tout espoir de victoire. De ce fait, ces dernières se voient privées d'une grande capacité de projection. Par conséquent, les plus puissants, les plus dangereux pour la stabilité internationale, sont les Etats continentaux, détenteur d'une capacité de projection maximale. La thèse de Mearsheimer procède donc d'une double proposition. [...]
[...] La puissance ne saurait s'entendre seule mais seulement par comparaison. En outre, c'est ainsi qu'elle se mesure. C'est à cette évaluation qu'a trait ce chapitre de Mearsheimer. Toutefois, il s'agit d'une évaluation de type interne touchant davantage à la structure de la puissance militaire. Il s'attache à clarifier le jeu d'un équilibre des puissances en se focalisant sur ce point. Ainsi se rapproche-t-il fortement du point de vue stratégique. D'autre part, la pensée de Mearsheimer relève d'une structure conceptuelle propre qu'il convient de présenter. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture