L'énergie pétrolière représente aujourd'hui 35 % de la consommation d'énergie dans le monde et 41% de la consommation d'énergie dans les pays de l'OCDE (de Lestrange, Pouillard et Zelenko, 2005 : 31). L'enjeu économique et stratégique du contrôle de cette ressource est indéniable et avec la mondialisation de l'économie, les compagnies multinationales pétrolières deviennent des acteurs économiques fondamentaux qui ont de plus en plus d'influence sur les États, qu'ils soient importateurs ou producteurs. Leurs pouvoirs ne reposent pas sur la menace d'une implantation ou d'une intervention sur un territoire, mais bien sur son contraire, la non-intervention, voire la menace d'une délocalisation. On peut donc légitimement se demander de quelle manière et dans quelles mesures une multinationale pétrolière peut-elle influencer la politique intérieure d'un pays producteur ?
[...] On peut s'interroger sur la légitimité de cet homme et même sur la légalité de sa victoire. F.X. Verschave attribut son accession au pouvoir à quelques scrutins truqués et le le P-DG Bongo de l'entreprise France-Gabon se trouve légitimé par une démocratisation trafiquée (Verschave 1999, 135). De plus, la relation privilégiée qu'entretient la France avec son ancienne colonie devient d'autant plus étroite qu'elle s'institutionnalise avec la création, dès les années 1960, de la cellule africaine de l'Élysée placée directement sous le contrôle du président de la République (Bourmaud 1997, 110). [...]
[...] Parallèlement, la part des intérêts français dans les industries de transformation des pays africains est souvent considérable. Les intérêts français s'épanouissent à l'abri d'un important réseau d'accords politiques et militaires conclus avec plusieurs dizaines de pays grâce à l'action menée par plus de agents de l'assistance technique française qui relèvent du ministère de la coopération (Jouve 1981, 82). Au Gabon, la France a adopté une véritable politique néocoloniale, politique motivée par la prépondérance de l'énergie pétrolière du pays qui représentait un cinquième de la production totale d'Elf (Caumier 1999, 280). [...]
[...] La compagnie pétrolière devient en quelque sorte une délocalisation de l'État Les relations entre l'État français et la compagnie Elf avant sa privatisation ne lui ont pas semblé différentes de celles entretenues par l'État gabonais avec Elf Gabon (France, Assemblée Nationale, 1999). Le cas de Maurice Robert illustre particulièrement bien la complexité des réseaux d'influences qui s'établissent entre la compagnie, l'État français et les autorités gabonaise : après avoir été officier du SDECE (ex-DGSE : Direction Générale des Services d'Espionnage), section Afrique, il a été à la fois chargé de mission employé par Elf et conseiller du Président de la République du Gabon en matière de sécurité, l'homme fut ensuite nommé ambassadeur de France au Gabon en 1979. [...]
[...] Le pouvoir des compagnies pétrolières dans la politique intérieure des pays producteurs : analyse des relations économiques et politiques entre la multinationale ELF, l'Etat Français et le gouvernement Gabonais On dit que l'argent n'a pas d'odeur, le pétrole est là pour le démentir (MacOrlan, in de Lestrange, Pouillard et Zelenko : L'énergie pétrolière représente aujourd'hui de la consommation d'énergie dans le monde et 41% de la consommation d'énergie dans les pays de l'OCDE (de Lestrange, Pouillard et Zelenko : 31). [...]
[...] Nous aborderons tout d'abord la puissance de la compagnie Elf, véritable État dans l'État, puis nous étudierons le système de la Françafrique qui lie le gouvernement français à ses partenaires africains et pétroliers, pour enfin analyser les conséquences économiques et politiques d'une telle ingérence pour le pays producteur qu'est le Gabon. Le groupe Elf-Aquitaine est la première entreprise industrielle française. Spécialisée dans l'extraction, le raffinage et la distribution pétrolière, son chiffre d'affaires s'élevait à 131.5 milliards de dollars US en 2003, la plaçant ainsi au 24è rang dans le monde sur les 124 premières compagnie pétrolières (de Lestrange, Pouillard et Zelenko : 119). [...]
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