En 1989, alors que la guerre froide semblait être résolue, John Mueller, l'un des auteurs qui ont le plus marqué le débat sur l'avenir de la guerre, prédisait une disparition progressive de la guerre. Selon lui, toutes les valeurs véhiculées par la guerre, à savoir la gloire, l'honneur, le courage, l'aventure, le patriotisme étaient complètement dépassées. De plus, la guerre était beaucoup trop coûteuse et risquée pour des Etats qui n'ont pour objectif aujourd'hui que de maintenir leur budget à l'équilibre et de faire prospérer leur économie.
Cette opinion a été largement suivie par les opinions publiques occidentales si bien qu'après 1989, il semble que l'on soit devenu quelque peu allergique à la guerre, à un point tel, d'ailleurs, que l'on évite d'employer ce mot barbare. Quand par exemple en 1999 lors de l'intervention de l'OTAN au Kosovo, on demande à Alain Richard alors Ministre de la Défense : « Sommes nous en guerre ? », il répond « au grand Diable, non ». Pourtant, nous étions en guerre, puisque la guerre selon la définition qui en est donnée dans le dictionnaire des relations internationales de MC Smouts, D. Battistella et P. Venesson, est la suivante : la guerre, c'est un acte de violence armée organisée et collective entre deux groupes qui poursuivent des buts incompatibles. Mais au lieu de parler de guerre, on préférera parler de « conflit armé », parce que la guerre, désormais et dans l'inconscient collectif, c'est un fléau à éviter par tous les moyens, comme il est d'ailleurs rappelé dans la Charte des Nations Unies et puis surtout, on évitera de parler de guerre, parce que la guerre, tout le monde le sait, elle n'est bonne que pour les livres d'histoire, mais la guerre n'a plus d'actualité, elle est obsolète, ou si elle ne l'est pas encore, en tous les cas, elle doit le devenir.
Mais aujourd'hui: qu'est-ce que la guerre ? Est-elle obsolète ?
Il s'agira dans un premier temps d'exposer la vision classique de la guerre et d'étudier ses diverses remises en cause. Et puis on verra dans un second temps que même si la théorie classique semble quelque peu caduque à l'heure actuelle, cela ne signifie pas pour autant que la guerre a définitivement disparu de la surface de la Terre, mais bien au contraire, qu'elle a changé de formes, elle est désormais polymorphe et elle est partout.
[...] La guerre n'est à partir de là qu'un moyen pour eux de vider leurs différends par l'usage de la force. Dans ce contexte, la guerre est inscrite dans la logique de l'ordre étatique, et la paix ne peut être envisagée que comme un entre deux guerres. L'Etat étant le seul détenteur du monopole de la violence légitime, il est le seul à pouvoir mener des guerres, les acteurs privés n'ont aucune légitimité pour mener des guerres sur la scène internationale. Selon cette logique, les guerres civiles, les guerres privées ne sont pas à proprement parler des guerres. b. [...]
[...] La guerre, c'est enfin la manifestation d'une force et d'une puissance : qu'on pense par exemple, aux guerres de la Révolution et de l'Empire qui n'avaient pour but que de faire rayonner les idées révolutionnaires et de démontrer la force de ces idées La remise en cause des théories classiques Cette approche classique est remise en cause de deux manières : il y a d'abord les optimistes qui disent que cette vision de la guerre est obsolète, parce que la guerre en elle-même est obsolète et les pessimistes qui partent du principe que cette vision est obsolète parce que la guerre n'est plus aussi simple qu'un combat de gladiateurs et que la guerre est en mutation. a. Par une vision optimiste : le monde pacifié depuis 1989 (J. Mueller) Il y a trois principaux arguments qui peuvent étayer la thèse optimiste : - Premièrement, la guerre n'a plus de sens parce que le droit domine les relations internationales. Avec l'adoption du système onusien dès 1945, et la multiplication depuis de ses institutions et des institutions à dimension mondiale, s'est développé un ordre juridique international qui stabilise et réglemente les relations entre les Etats. [...]
[...] A ce stade, on peut donc dire que oui, la vision classique semble quelque peu battue en brèche à l'heure actuelle, mais si la guerre à la mode Aron semble avoir disparu de la surface du globe, cela ne signifie pas, loin de là, que la guerre tout court n'existe plus. Au contraire, elle s'est métamorphosée, si bien que l'on peut identifier 2 grands types de conflits armés. I. La guerre n'a pas dit ses derniers maux, ou la nécessité d'une nouvelle théorisation de la guerre : 1. L'apparition de nouvelles formes de conflits : Les nouveaux conflits mondiaux a. [...]
[...] Roger Caillois (1951) (cité dans Raisons politiques, Dossier spécial : Le retour de la guerre fév p. 15) A qui profite la panne des Etats ? Il n'y a qu'une réponse : à la guerre Ghassan Salamé (cité dans DELMAS, Philippe, Le bel avenir de la guerre, Gallimard) La guerre avec l'Allemagne ne se peut pas. Nos fortunes sont trop liées. Sa destruction serait celle d'une telle part de nos débiteurs qu'elle nous ruinerait fatalement. Les conséquences seraient telles que nous ne pourrions même pas prendre la place de l'Allemagne sur les marchés qu'elle contrôlait, sans compter la perte du marché allemand lui-même. [...]
[...] Peut-on parler de l'obsolescence de la guerre ? En 1989, alors que la guerre froide semblait être résolue, John Mueller, l'un des auteurs qui ont le plus marqué le débat sur l'avenir de la guerre, prédisait une disparition progressive de la guerre. Selon lui, toutes les valeurs véhiculées par la guerre, à savoir la gloire, l'honneur, le courage, l'aventure, le patriotisme étaient complètement dépassées. De plus, la guerre était beaucoup trop coûteuse et risquée pour des Etats qui n'ont pour objectif aujourd'hui que de maintenir leur budget à l'équilibre et de faire prospérer leur économie. [...]
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