Exactions, nettoyage ethnique, génocide ? La communauté internationale est bien en peine pour caractériser la nature des crimes commis contre les populations civiles au Darfour depuis maintenant plus de trois ans. Ce malaise, qui a conduit la plupart des acteurs à se contenter de déclarations lénifiantes sur la gravité de la situation humanitaire, a deux causes principales : l'une est politique, l'autre conceptuelle.
La raison politique tient à l'importance géostratégique du Soudan dans l'ordre mondial actuel : situé à la charnière entre le monde arabe et l'Afrique noire, sensible aux mouvements islamistes contemporains, exportateur de pétrole, ce pays possède les atouts pour être si ce n'est courtisé par les grandes puissances mondiales du moins ménagé autant que possible. Ainsi en est-il de la Chine qui importe plus de 60% du pétrole soudanais et qui représente un soutien de poids au Conseil de sécurité ; concernant les Etats-Unis, l'urgence que constitue pour eux la lutte contre le terrorisme islamiste les conduit à entretenir de bons rapports avec les Etats de la région, aussi peu fréquentables soient-ils, et à atténuer leurs critiques.
Qui sont ces hommes qui commettent des crimes de masse ? Au nom de quoi et de quelle manière perpètrent-ils ces exactions ? Ces questions conduisent à déterminer à la fois le degré de responsabilité et de rationalité des différents acteurs.
[...] Ibid., Ils allaient préférer les promesses d'hypothétiques bénéfices économiques et l'illusion d'une communauté de destin au nom d'une arabité illusoire à une prise de conscience p°141. Jérôme Tubiana, Une partie de Fellata (Peuls et Haoussas venus d'Afrique de l'Ouest), une partie des Gimir, les Tama et les Kinnin op. cit. p°112 ; Ils parlent arabe et se considèrent parfois comme arabes, à tel point que certains sont surnommés ironiquement les arabes de 2005 p°113. Bureau of democracy, human rights and labor, The use of racist language during attacks is consistently reported by refugees [ ] are the Arabs, we have the priority, you are the Blacks”; are opponents to the regime, we must crush you. [...]
[...] Ils permettent enfin de pointer la responsabilité directe de l'armée gouvernementale. Les villages étant les cibles privilégiées, nous commencerons par étudier le mode opératoire de leurs attaques, qui se déroulent le plus souvent entre septembre et mai[92], ainsi que la nature multiple des exactions commises, avant de répertorier les autres cibles, secondaires, des janjawid. Les villages 1 mode opératoire Les témoignages[93] révèlent que la tactique utilisée par les assaillants reste inchangée. L'armée et les janjawid opèrent en parfaite coordination leur avancée vers le ou les villages ciblés en plusieurs temps: - Des Antonov An-12 bombardent le village et ses alentours, provoquant la terreur parmi les habitants. [...]
[...] La deuxième logique, quant à elle, se réduit à la satisfaction des intérêts des seuls janjawid : dans ce cas, ils attaquent directement les camps de déplacés[107], tuant des hommes, volant le bétail, incendiant les abris, et soumettant les populations à un tribut[108]. On perçoit alors la communauté d'intérêts entre les autorités soudanaises, cherchant à soumettre le Darfour et sa rébellion, et les janjawid, mus par de multiples intérêts idéologiques (haine des Africains et volonté de les faire disparaître) et crapuleux (pillage et exactions) l'extension des attaques au Tchad Il s'agit sans doute du phénomène le plus inquiétant pour la stabilité de la région. Ces incursions de janjawid datent de 2003, mais se sont très largement intensifiées depuis fin 2005 début 2006. [...]
[...] En revanche, les damrat situés dans les zones contrôlées par la SLA [ ] ont été évacués, par crainte ou à la suite d'attaques de la rébellion p°119. Gérard Prunier, Au fur et à mesure que la pluviosité diminuait, des régions entières du Nord Darfour devenaient peu à peu impossibles à cultiver, forçant les tribus semi-nomades à un nomadisme complet à la recherche de pâturages, ce qui les amenait à mordre de plus en plus sur les terres cultivées par des paysans sédentaires au sud op. [...]
[...] UNHCR, On dénombre à présent 34 morts suite à l'assaut meurtrier contre un camp du Darfour occidental , Genève septembre 2006. Humanitarian Information Centre for Darfur (carte administrative du Darfour). - African Union: African mission in Sudan: Ceasefire Commission Violation Reports: 17 October 2004; 28 November 2004; 31 December 2004; 7 April 2005. - Department of State United States of America: Programme d'information internationale du Département d'Etat américain juin 2004. Bureau of democracy, human rights and labor, documenting atrocities in Darfur, State publication 11182, September 2004. Organisations Non Gouvernementales - Amnesty International: Darfour. Le viol : une arme de guerre. [...]
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