L'entrée de la Turquie et du monde turc dans l'ère de l'information du XXIe siècle s'accompagne de fortes mutations dans le domaine de la communication notamment par la mise en place progressive des NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication). En effet, dans le contexte de la mondialisation, émerge une nouvelle force : les médias qui jouent désormais un rôle primordial dans la société turque.
Par média, il faut entendre tout support de diffusion de l'information (radio, télévision, presse, livre, Internet, vidéogramme, etc.) constituant à la fois un moyen d'expression, et un intermédiaire transmettant un message à l'intention d'un groupe. Par Turcs, il faut considérer la portée et l'influence des médias non seulement à l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur (diaspora, monde turc soit Asie centrale et Caucase).
En quoi les médias turcs sont-ils révélateurs de l'évolution (notamment politique, culturelle, identitaire) actuelle de la Turquie ainsi que de son impact au sein du monde turc, espace désormais ancré dans la mondialisation ?
Depuis la suppression du monopole d'État sur la radio et la télévision (TRT, télévision et radio de Turquie créée en 1964) par une révision constitutionnelle en 1993 et dans le contexte de la mondialisation, on observe une multiplication spectaculaire des radios et des télévisions commerciales privées dans le paysage audiovisuel contemporain turc. En 2007, on dénombre 260 chaînes de télévision (16 nationales, 15 régionales, 229 locales) et 1200 stations de radios (30 nationales, 108 régionales, 1062 locales).
[...] Les journaux turcs, ONG ou associations d'usagers ont rapidement protesté face à l'atteinte de cette forme contemporaine et essentielle de la liberté d'expression. En juin 2008, c'est l'interdiction de la plate-forme d'échanges de vidéos «You-Tube», qui est dénoncée par l'ensemble des médias et avec fracas par le prix Nobel, Orhan Pamuk, lors de la Foire du Livre de Francfort. A chaque fois il est invoqué l'article 301 de la constitution, qui interdit insulter, de mépriser ou de rabaisser publiquement la "turquité", l'État, le gouvernement, l'armée et les forces de sécurité turques Cet article pose aujourd'hui problème pour les journalistes et fait actuellement l'objet d'un débat. [...]
[...] : le tabou de la corruption des élites et des liens de certains élus avec la mafia ou des trafiquants de drogue semble avoir été levé ces dernières années et surtout depuis le scandale de Susurluk (accident de voiture qui révéla en 1996 l'implication d'hommes de pouvoir dans le trafic de drogue sur fond de conflit entre la Turquie et le PKK). ( La législation concernant l'audiovisuel et le cinéma est en pleine évolution en raison de la candidature de la Turquie à l'Union européenne. Dans ce contexte, le cinéma d'auteur turc renaît et se re-politise et porte de plus en plus un regard critique sur les débats politiques et la société turque en général. [...]
[...] Ainsi, se dirige-t-on vers un processus de démocratisation en ce qui concerne la liberté d'expression et la liberté de la presse ? Une période de transition : vers un processus de démocratisation ? ( La candidature de la Turquie pour adhérer à l'Union européenne constitue un des principaux éléments qui accélère le processus de démocratisation notamment dans le domaine des médias : la Turquie, doit engager des réformes pour répondre aux critères de l'entrée dans la communauté européenne. Cependant, malgré ces efforts, de nombreux journalistes, publicitaires ou activistes des droits de l'homme ont été poursuivis en justice en 2005 pour leurs idées. [...]
[...] En effet, les médias sont l'un des instruments les plus puissants de cette politique panturque en Asie centrale. Ils permettent de diffuser le modèle turc auprès des populations turcophones : la chaîne couvre une aire de 100 millions de turcophones. Concrètement, cette politique d'influence se caractérise par la diffusion de programmes radio et la télévision via le satellite Türksat. Par exemple, il diffuse depuis 1992 la chaîne de télévision TRT-Avrasya devenue TRT-Türk en 1997, une des six chaînes de télévision de la TRT qui est un véritable fer de lance de la politique panturque. [...]
[...] ( Il existe de nombreux sujets tabous dans les médias comme : - la question des minorités et notamment la question kurde : les journaux soupçonnés de diffuser des thèses séparatistes sont fermés et interdits, journalistes pro-kurdes arrêtés - l'armée et son rôle dans la vie politique même si aujourd'hui, certains journaux osent en parler mais c'est seulement le fait d'une minorité. - l'islam politique : les journaux soutenant les islamistes, même modérés sont régulièrement interdits et leurs journalistes poursuivis. Les rapports RSF condamnent année après année, dans leurs rapports, les détentions et les inculpations devant les tribunaux de journalistes sans raison valable. ( Tous les médias sont touchés par la censure comme le cinéma qui subit des pressions et pousse les œuvres vers la dépolitisation. Internet fait également les frais de la censure par la RÜTK. [...]
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