"Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections, sinon ils n'en feront plus !" Jacques Chirac, interrogé hors micro sur l'évolution démocratique du continent africain, Le Canard enchaîné, 28/07/1999.
La « France-Afrique » fut évoquée pour la 1re fois en 1955 par Félix Houphouet Boigny, qui désignait le lien fort unissant la France et ses anciennes colonies du fait de leur histoire commune, de leurs affinités culturelles (francophonie) et de leurs intérêts stratégiques. Ce terme, devenu "françafrique", fut détourné par l'écrivain militant François Xavier Verschave pour désigner « une nébuleuse d'acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l'accaparement de deux rentes : les matières premières et l'Aide publique au développement.» Le terme a ensuite été repris par de nombreux journaux (Le monde, le Canard enchainé..) pour désigner les aspects frauduleux ou polémiques des relations franco- africaines.
Au lendemain des indépendances, suite à l'échec de la Communauté française, la France de Charles de Gaulle mit en place un système de coopération avec ses anciennes colonies, basé sur la coopération politique et diplomatique (défense, affaires étrangères), économique et financière (monnaie et accords préférentiels). Cet ordre franco-africain, posé dans les années 60 au lendemain de l'indépendance, n'a eu de cesse d'évoluer, entre volonté de rupture et permanences de certains phénomènes.
Quelle a été la réelle évolution de la politique étrangère de la France en Afrique, et des relations franco-africaines de 1960 à nos jours ?
Les relations franco-africaines sont ambigües, entre construction d'un ordre social démocratique et réseaux protégeant les intérêts personnels. La Françafrique, bien des fois enterrée, a tout au long de son histoire oscillé entre ruptures et permanence, et a montré sa capacité d'endurance et d'évolution, du « pré-carré » du général de Gaulle et de Georges Pompidou à l'espace élargi et démocratisant de Valery Giscard d'Estaing et François Mitterrand, jusqu'à la politique chiraquienne puis sarkozienne que Stephen Smith et Antoine Glaser nomment l'actuelle « françafrique décomplexée ».
[...] Depuis les années trente, plusieurs groupes faisaient des recherches et exploitaient des gisements (gaz, pétrole) pour assurer l'indépendance énergétique de la France et en 1966, toutes les filiales de certains de ces groupes dont la Régie autonome des pétroles7 fusionnèrent au sein d'une nouvelle entité : l'Entreprise de Recherches et d'Activités Pétrolières (Erap). L'année suivante naquît une marque unique : Elf, dirigée à l'époque par Pierre Guillaumat, polytechnicien en contact avec le général De Gaulle et la DGSE8. Selon les mots de Loïc Le-Floch-Prigent (PDG de Elf de 1989 à 1993): "Elf n'est pas seulement une société pétrolière, c'est une diplomatie parallèle destinée à garder le contrôle d'un certain nombre d'Etats africains, [ . [...]
[...] Cet ordre franco africain, posé dans les années 60 au lendemain de l'indépendance, n'a eu de cesse d'évoluer, entre volonté de rupture et permanences de certains phénomènes. Quelle a été la réelle évolution de la politique étrangère de la France en Afrique, et des relations franco-africaines de 1960 a nos jours? Les relations franco-africaines sont ambigües, entre construction d'un ordre social démocratique et réseaux protégeant les intérêts personnels. La Françafrique, bien des fois enterrée, a tout au long de son histoire oscillé entre ruptures et permanence, et a montré sa capacité d'endurance et d'évolution, du pré-carré du général De gaulle et de Georges Pompidou à l'espace élargi et démocratisant de Valery Giscard d'Estaing et François Mitterrand , jusqu'à la politique chiraquienne puis sarkozienne que Stephen Smith et Antoine Glaser nomment l'actuelle françafrique décomplexée La Françafrique des gaullistes, outil du maintien du rang de la France (1960-1975) Ruptures avec l'ordre colonial, et développement d'un nouvel ordre franco-africain L'ordre franco-africain établi au lendemain des indépendances par De Gaulle, était basé sur les accords de défense, de coopération militaire technique et de coopération économique signés 1 Ancien directeur de l'association Survie, crée en 1981 et militant pour un changement de la politique étrangère de la France en Afrique À l'exception de la Guinée, exclue de la politique africaine française du fait de son refus de la Ve république et de la communauté. [...]
[...] Une autre constante de la politique française en Afrique fut sa tendance à la régionalisation des relations. Ainsi, en 2007, Mr. Sarkozy participa dans le cadre de l'union européenne au remplacement du pendant économique des accords de Cotonou par des Accords de Partenariats économiques (AEP) liant l'UE aux 6 zones de l'ensemble Afrique, Caraïbes, Pacifique. Si ces partenariats, initialement prévus pour 2007, sont encore en cours de négociation, ils montrent la volonté de régionaliser les relations avec l'Afrique (permanente depuis la convention de Lomé). [...]
[...] Si son successeur, Georges Pompidou, semblait, par ses discours, prolonger la politique du général De Gaulle, il inicia quelques changements: tout d'abord, il orienta sa politique sur la nécessité d'investissements industriels en Afrique, et tenta, par la présence de bases (et des accords de défense) d'offrir assez de garanties contre les risques politiques pour attirer des investisseurs. En tant que membre de la CEE, il ratifia la deuxième Convention de Yaoundé le 29 juillet 1969, qui portait sur le financement de projets avec une prépondérance de l'Afrique noire. Il entama également une coopération avec le Nigeria, qui ne faisait pourtant pas partie du pré carré français. [...]
[...] La politique africaine de Nicolas Sarkozy: rupture ou continuité? Politique Etrangere 2008/04 - Turpin F., Le passage à la diplomatie bilatérale franco-africaine après l'échec de la Communauté Relations internationales, 2008/03 - Verschave J.F., De la françafrique à la Mafiafrique, le plus long scandale de la République, Karthala Webographie - Ministère des Affaires étrangères http://www.diplomatie.fr - Organisation internationale de la Francophonie http://www.francophonie.org - Radio France International http://www.rfi.fr - Sénat http://www.senat.fr - Site du monde diplomatique (section archives) ANNEXE Chronologie (non exhaustive) de l'évolution des relations franco-africaines depuis 1960: 1955: 1958: années 60: Avril 1961: 1962: Première évocation de la franceafrique par Houphouet Boigny, ministre français et futur premier président de Côte d'Ivoire Indépendance de la Guinée (entraîné par son refus de la Ve république et de la communauté) Toutes les colonies africaines françaises deviennent indépendantes (à l'exception de Djibouti, des Comores et de la Réunion). [...]
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