Opportunités diplomatiques, Guinée, référendum de 1958, relations politiques, Sékou Touré, Lansana Conté, Alpha Conde, spécificité diplomatique guinéenne
À l'issue du référendum de 1958, dont le résultat fut sans appel, le choix du peuple guinéen, qu'ont défendu par la suite ses dirigeants successifs, a incontestablement été celui d'une diplomatie d'avant-garde, sortant de carcans post-coloniaux de continuation d'une forme de dépendance vis-à-vis de l'ancienne métropole, et proposant, sans pour autant basculer dans une opposition systématique vis-à-vis des systèmes occidentaux, une troisième voie, équilibrée, pour laquelle les relations politiques et économiques établies devraient avant tout se faire dans l'intérêt populaire. Proclamée sans réserve sous Sékou Touré, poursuivie d'une manière nettement plus discrète sous Lansana Conté, dans un contexte de rapprochement avec l'Occident qui n'était pas dénué de fondements, réaffirmée face à la nouvelle donne internationale depuis l'arrivée d'Alpha Conde au pouvoir, la construction d'une spécificité diplomatique guinéenne n'a jamais été démentie au cours de l'histoire du pays.
[...] Celle-ci doit particulièrement profiter du contexte de développement d'un monde multipolaire pour assurer la diversification de ses relations. Cela peut permettre, en particulier, de mieux peser dans les conditions des partenariats (économiques notamment) dans le souci d'accords plus équilibrés entre les parties. La relation avec l'Occident doit ainsi être repensée (moins politique, plus équilibrée) tandis que celle avec les pays émergents doit être approfondie tout en tenant compte de ses limites (risques d'établissement de nouvelles dépendances). Encore une fois, il nous semble qu'un volontarisme panafricain, inscrit dans les gènes de la diplomatie guinéenne, s'avère aujourd'hui indispensable pour résoudre des problèmes qui dépassent de plus souvent les frontières nationales, mais ne doivent pas pour autant être systématiquement laissés à la gestion d'états non-africains. [...]
[...] Les affaires pouvant être traitées avec les pays occidentaux peuvent être ordonnées en deux catégories, économiques et non économiques. Sur le plan économique tout d'abord, la qualité des contrats mis en place avec l'Europe (dont nous devons admettre que les réalisations sont souvent plus durables qu'avec, par exemple, la Chine, sans compter la question de l'emploi de main d'œuvre) ne doit pas être niée, mais la nouvelle concurrence internationale doit inciter les Occidentaux à proposer des contrats désormais plus inclusifs, c'est-à-dire qui permettent une meilleure répartition des bénéfices pour la partie guinéenne, mais aussi garantisse l'emploi local et, surtout, la possibilité sur le long terme d'une réappropriation guinéenne de certaines parts de la collaboration, liée à l'amélioration escomptée de la formation universitaire et professionnelle. [...]
[...] Nous pourrions en dire autant des crises sanitaires ou environnementales. Les agences de coopération européennes sont sans doute disposées à doter des pays tels que la Guinée de fonds et d'appuis techniques et de formation par rapport à ces domaines ; d'où l'importance pour la Guinée de s'affirmer sur ce plan, quitte à le conditionner à un meilleur respect en parallèle des pays occidentaux quant aux affaires intérieures. Il serait temps également de diversifier les partenariats en rééquilibrant ceux-ci vers d'autres pays européens (Allemagne, Royaume-Uni . [...]
[...] Moins engagées dans la diplomatie africaine, elles pourraient donc plus facilement amener à une relation équilibrée et non anonyme. Il s'agit pour les acteurs diplomatiques de la Guinée d'identifier, parmi ces pays, lesquels pourraient apparaitre comme ayant les intérêts les plus complémentaires avec la Guinée (qu'ils soient économiques, énergétiques, culturels, éducatifs . La diplomatie africaine de l'intégration, une nécessité historique Finalement, il semble que le moment où jamais soit arrivé pour relancer l'unité africaine, certes d'une manière différente de celle imaginée par les fondateurs de la nation guinéenne, mais néanmoins nettement plus ambitieuse qu'actuellement. [...]
[...] Comprendre les opportunités liées à l'émergence de nouvelles puissances Il n'a pas échappé à la Guinée, ses dernières années, et notamment à son personnel diplomatique et politique, que l'émergence de nouvelles puissances (Chine, Russie, Turquie . ) amenait à des possibilités de diversification de ses relations diplomatiques et commerciales ; il s'agit de bien comprendre, cependant, les spécificités de ces nouveaux acteurs, qui ne doivent pas apparaitre uniquement comme « plus avantageux » que les Occidentaux, malgré les apparences. Prenons le cas de la Chine ; certes celle-ci est bien plus respectueuse de l'indépendance politique de la Guinée et moins critique que les pays occidentaux. [...]
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