Le 17 février 2008, le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance. Aussitôt reconnue par la majorité des Etats européens et les Etats-Unis, cette indépendance sanctionne un « sans-issue » dans les négociations avec la Serbie. Cette indépendance cristallise alors les rivalités de deux légitimités sur un territoire : berceau historique serbe et ancrage identitaire des populations albanaises. Loin de faire l'unanimité, cette indépendance sous-tend de nombreuses conséquences géopolitiques multi scalaires et multidimensionnelles. Ainsi en quoi l'indépendance du Kosovo véhicule-t-elle un potentiel déstabilisateur, qui a pour épicentre les Balkans mais dont les répercussions sont internationales ?
En févier 2007 Sergei Lavrov (MAE russe), déclare que l'indépendance « présuppose une révision des normes reconnues par le droit international public ». En effet, le Kosovo n'était pas une république fédérée au sein de l'ex-Yougoslavie mais une région autonome de la République de Serbie.
[...] De plus la résolution 1244 du Conseil de sécurité (10 juin 1999) dit que le Kosovo doit être une partie intégrante de l'ex-Yougoslavie tout en bénéficiant d'une autonomie substantielle Cette non-conformité au droit international fut le principal argument des opposants à l'indépendance (Russie A contrario les partisans ont répondu par le principe de situation sui generis : le Kosovo est un cas unique qui ne crée pas de précédent. Néanmoins l'indépendance remet bien en cause les règles qui sous-tendaient les relations internationales. D'ailleurs à l'initiative de la Serbie, l'Assemblée générale de l'ONU a saisi la CIJ pour qu'elle rende un avis sur la légalité de cette indépendance. L'indépendance a donné naissance à une bataille pour la légitimité internationale. Au 9 mars États plus Taiwan ont reconnu le Kosovo. Ce seuil de reconnaissance apparait comme un échec pour les États-Unis. [...]
[...] Enfin, l'indépendance du Kosovo a des répercussions sur la vie politique serbe. Elle cristallise l'opposition entre les pro-Européens et les nationalistes. Les pro- occidentaux cherchent à se tourner vers l'Europe en collaborant avec le TPIY, en reprenant le processus d'adhésion à l'Union Européenne de 2003 et en acceptant le Partenariat pour la Paix proposé par l'OTAN en 2006. A contrario, le Kosovo s'assimile à un prétexte pour bloquer le processus d'ouverture à l'Europe chez les antiEuropéens. Le Kosovo indépendant cristallise donc différentes représentations: entité sécessionniste, incarnation du droit des peuples, possible modèle de règlement des tensions des états multiethniques, nouvelle tête de pont occidentale à l'est Les conséquences de cette indépendance dépassent bien les simples km2 d'un territoire kosovar déjà amputé. [...]
[...] Le gouvernement de la région autonome basque a affirmé que c'était une leçon à suivre sur la manière de résoudre pacifiquement les conflits d'appartenance. Yasser Abed Rabbs, Conseiller du président palestinien, a même proposé la déclaration unilatérale de l'indépendance sur le modèle kosovar. La Guerre Russo-géorgienne de l'été 2008 pour les provinces séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie est directement rendue possible par le précédent kosovar. Poutine avait prévenu que les principes appliqués au Kosovo devraient s'appliquer de la même manière aux conflits gelés du Caucase et de l'Est. Qu'en est-il de la Transnistrie et du Haut-Karabagh ? [...]
[...] Les conséquences géopolitiques de l'indépendance du Kosovo Le 17 février 2008, le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance. Aussitôt reconnue par la majorité des États européens et les États unis, cette indépendance sanctionne un sans-issu dans les négociations avec la Serbie. Cette indépendance cristallise alors les rivalités de deux légitimités sur un territoire : berceau historique serbe et ancrage identitaire des populations albanaises. Loin de faire l'unanimité, cette indépendance sous-tend de nombreuses conséquences géopolitiques multi scalaires et multidimensionnelles. Ainsi en quoi l'indépendance du Kosovo véhicule-t-elle un potentiel déstabilisateur, qui a pour épicentre les Balkans mais dont les répercussions sont internationales ? [...]
[...] Un Kosovo indépendant rend possible le rêve de la Grande Albanie. Même si l'indépendance interdit tout rattachement à l'Albanie, le drapeau albanais galvanise plus les foules que le drapeau officiel kosovar. D'ailleurs un accord économique de libre-échange est entré en vigueur le 16 janvier 2009 qui préfigure un accord de libre circulation entre le Kosovo et l'Albanie. En Bosnie, les populations serbes de la Republika Srpska réclament l'indépendance. Sur ce point on note une volonté de stabilisation aussi bien du côté serbe que bosnien. [...]
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