En février 2005, le président togolais Eyadema Gnassingbe décède. Selon la constitution, il aurait dû être remplacé par le président de l'Assemblée nationale jusqu'à l'organisation, dans un délai de soixante jours, d'élections présidentielles. Cependant, Fambaré Ouattara Natchaba n'était pas à Lomé, mais dans un avion d'Air France qui le ramenait dans son pays. Toutes les frontières du Togo ayant été fermées entretemps, l'appareil a été dérouté sur Cotonou, au Bénin : le président par intérim s'est ainsi retrouvé de facto exclu de la succession et du jeu politique.
Ainsi, moins de deux heures après l'annonce du décès officiel, le chef d'état-major de l'armée (8 500 hommes au total), le général Zakari Nandja, annonçait que le pouvoir était confié à Faure Gnassingbe, 39 ans, qui était jusque-là ministre de l'Équipement et des Mines. Dans les jours qui suivirent, les mises en garde succédèrent aux condoléances : les Nations unies, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'Union européenne (UE) condamnèrent ce qu'il était convenu d'appeler « un coup d'État militaire ».
La position française était beaucoup plus ambiguë. Par la suite, elle fut accusée d'avoir soutenu la prise de pouvoir de Faure Gnassingé «par ses prises de position plus que modérées dans les différentes étapes de l'évolution de la crise ».
[...] [ ]L'Elysée, de son côté, a appelé au strict respect de la Constitution Le Soir MONDE, mardi février 2005 Togo - Une succession contestée par l'Union africaine et par l'Union européenne L'opposition redoute la politique du fait accompli Colette BRAECKMAN C'est, une fois encore, la France qui fera la différence estime Eloi Koussavo, relevant que si le Quai d'Orsay rejoint la position de l'Union européenne, le président Chirac pour sa part s'est déclaré un ami personnel du président défunt. Ce qui incite l'opposition togolaise à redouter que la succession, aussi rondement menée, ait été sinon inspirée, du moins approuvée par la France Le Point, nº 1691 Monde, jeudi février 2005, p Afrique Togo : Succession à la hussarde Etienne Gernelle Le quai d'Orsay a exprimé sa préoccupation [ ] De toute façon, la France a choisi son camp. Le président togolais comptait beaucoup d'amis en France. [...]
[...] Sous la pression des nationalistes togolais et de l'ONU, la France accorda au Togo le droit de constituer un Conseil de gouvernement. En 1956, alors que le Togo britannique était intégré au Ghana, nouvel état indépendant, la France proclama la République autonome du Togo et nomma Nicolas Grunitzky Premier Ministre. Ces structures institutionnelles disparurent toutefois après les élections législatives anticipées du 27 avril 1958 (organisées sous l'égide des Nations unies) qui portèrent au pouvoir l'opposition animée par Sylvanus Olympié, partisan de l'indépendance immédiate. [...]
[...] cit. Exception faite peut-être de Mitterrand, plus favorable à une émancipation progressive des colonies, qui a fait avancer [l]es processus démocratiques en liant l'aide au développement à la démocratisation lors du sommet France-Afrique de La Baule en juin 1990». (Marcus Boni Teiga, «Eyadema junior s'accroche au pouvoir», Courrier international, no. 747,Afrique, jeudi février 2005, p. 25.) Jean-Marc Châtaigner, «Principes et réalités de la politique africaine de la France», Afrique Contemporaine, avril 2006, no 220, p [en ligne], http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=AFCO_220_0247 Comi M. [...]
[...] Etienne Gernelle, Togo : Succession à la hussarde», Le Point février 2005, p Patrick de Saint-Exupéry, «L'opposition togolaise veut paralyser le pays», Le Figaro février 2005, p Alexandre Jacquens et Jean-Philippe Rémy, «Sanctionné par ses pairs africains, le régime togolais est de plus en plus isolé», Le Monde février 2005, p Marcus Boni Teiga, «Eyadéma Junior s'accroche au pouvoir», Courrier international février 2005, p Laurent D'Ersu, «Dossier. La politique africaine. En Afrique, la France est condamnée à évoluer. Les Togolais n'acceptent pas l'éloge de Jacques Chirac à l'égard du dictateur Gnassingbé Eyadéma, décédé il y a un mois. [...]
[...] Annexe Relevé des principales mentions du discours officiel français lors du décès d'Eyadema Gnassingbé en 2005 1. Le Devoir LE MONDE, lundi février 2005, p. A5 L'intérim forcé au Togo provoque un tollé international L'Assemblée entérine la nomination du fils du défunt président John Zodzi La France, ancienne puissance de tutelle du Togo, avait jugé «indispensable» le «strict respect de la légalité» pour assurer l'intérim du pouvoir au Togo. L'Élysée avait par ailleurs fait savoir que Jacques Chirac étudiait avec plusieurs dirigeants africains les moyens de faire respecter les dispositions constitutionnelles au Togo. [...]
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