« Quiconque se rattache aux pays arabes et parle la même langue est un arabe ; quel que soit le nom de l'Etat […] quelle que soit la religion qu'il professe […] la doctrine à laquelle il appartient, […] son origine, sa filiation, l'histoire de sa famille… c'est un Arabe… » écrit Sati al-Husri. Père de l'arabisme politique, sa pensée est représentative du désir d'unicité arabe dans la première partie du XXe siècle. Le nationalisme arabe est ce sentiment qu'il existe une nation arabe, à laquelle tous les Arabes se sentent vivement attachés par un « sentiment national arabe ». Il est traduit par deux aspirations majeures : d'une part une aspiration à l'indépendance vis-à-vis des puissances occidentales, et de l'autre une aspiration à l'unité de la nation arabe.
Cependant, aujourd'hui, le Monde arabe a bien plus fait couler d'encre par ses conflits et ses divisions profondes, que par son Unité Nationale. On parle plutôt d'un Islamisme héritier. Entre clivages politiques, ethniques et religieux, il semble que le Nationalisme arabe soit un mythe que beaucoup ont cherché à atteindre en fonction de leurs propres visions et de leurs propres concepts sans jamais parvenir à une union stable.
La multiplicité des formes de Nationalisme arabe remet elle en question son existence ?
Nous verrons dans un premier temps que la colonisation occidentale a fortement exacerbé la création du Nationalisme arabe et la revendication de son identité. Nous analyserons ensuite la période de l'après-guerre jusqu'aux années 70, période où l'idéologie nationaliste et le rêve pan arabique se sont répandus dans le monde arabe. Enfin nous nous pencherons sur les causes de sa discréditation et les différentes formes sous lesquelles il a été adopté.
[...] En mai 1964 se tient à Jérusalem le premier congrès national palestinien : l'OLP est créée avec pour objectif la libération de la Palestine. L'OLP est un front : autour du fatah coexistent différentes composantes dont notamment le Front populaire pour la libération de la Palestine de Habbache et d'autres formations dépendantes de divers régimes arabes ( Saiqa de Damas, le Front de libération arabe de Bagdad). Après la défaite de 1967, l'OLP se structure peu à peu, devient un appareil étatique et les théories du Fatah s'imposent. [...]
[...] Dès le début, l'arabisme est apparu comme plus lié à des personnalités fortes telles que Nasser et Hussein qu'à une véritable doctrine. Par exemple, lorsque Sadate succède à Nasser en 1970, il impulse une orientation totalement différente qui devient pro-occidentale. Il redonne à l'Egypte son nom initial et rompt avec la RAU, critique certains aspects de la politique de Nasser et va même jusqu'à signer un accord de paix les accords de Camp David en 1979 - avec les deux ennemis du Nationalisme arabe : l'occident et Israël. Le Nationalisme arabe n'est pas exempt d'incohérences ni de revirements. [...]
[...] Le monde arabe passe en effet au début du 20e siècle sous la domination franco-britannique. D'abord favorables aux révoltes arabes pour mettre à bas l'Empire ottoman, telle que celle en 1916 de l'émir Hussein du Hedjaz, les prétentions hachémites de créer un vaste Etat arabe poussent la coalition franco-britannique à renforcer sa domination sur le moyen orient. Ceci est manifesté par la signature des accords secrets Sykes-Picot, ainsi que la mise en place de mandats à la fin de la Première Guerre mondiale lors de la conférence de San Remo (1920). [...]
[...] De nos jours, le terme nationalisme arabe renvoit plus à une solidarité inter arabe, basée sur les trois critères fondateurs du nationalisme langue, religion, culture et à une incommodité commune à la présence étrangère sur le sol arabe, qu'à une entité politique. Les pays étrangers s'adressent en effet aux dirigeants de chaque pays et non à une organisation supranationale arabe. Il semble que le problème majeur du monde arabe, au-delà d'une absence cohésion politique, soit l'origine même de l'échec nationaliste : la différence. [...]
[...] On observe ici que les intérêts nationaux prévalent sur l'union. De même, des litiges se construisent autour de la question palestinienne. La création du FPLP idéologie marxiste et anti-impérialiste - et du FDPLP privilégie la démocratie et prône un état épuré de tout nationalisme ou sentiment communautaire sionisme ou panarabisme - . D'une manière générale, ces théories envisagent plutôt une coexistence pacifique avec la population juive. Si les Baasistes sont plutôt favorables à ces théories, considérant que la question palestinienne est la seule chance qui reste à la nation arabe pour forger son unité nationale, les communistes arabes dénoncent le non-respect des étapes de la révolution socialiste. [...]
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