Nous allons rendre compte des différents cadres d'explication de cette violence qui caractérise ce XX siècle et qui font l'objet d'un débat important entre les chercheurs. Dans une première partie, nous allons nous pencher sur la thèse de Norbert Elias selon laquelle les violences constitueraient une régression momentanée dans le processus de civilisation. Dans une deuxième partie, à travers deux auteurs (Enzo traverso et G. Mosse) nous rendrons compte d'une approche tout a fait différente, pour ces auteurs les violences trouvent leurs origines dans le passé et sont analysées comme la séquence d'un continuum.
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[...] Edmund Leach, anthropologue, écrit en 1986 : Cette théorie fut formulée au moment précis ou Hitler la réfutait a la plus vaste échelle en effet Elias achève son ouvrage La civilisation des mœurs dans les années trente un peu avant la solution finale. Aussi, le sociologue américain, James Curtis, dont les critiques sont assez proches de celle de Leach, trouve aberrant de réconcilier des événements comme le massacre des juifs de l'Allemagne nazie avec l'idée que les gens progressent vers un sommet d'autolimitation de l'agression. [...]
[...] La violence de guerre marqua les populations au point d'imprégner durablement la vir publique. La culture de guerre façonnée entre 1914 et 1918 aurait ainsi été le terreau favorable au développement des totalitarismes. L'explication des guerres par la brutalisation des sociétés fait l'objet d'un débat important entre les chercheurs qui interrogent sa pertinence générale. D'une part, on reproche souvent a Mosse de présenter sa thèse comme une histoire anthropologique et culturelle de la Grande guerre, dès lors ce qui frappe est l'impression d'homogénéité que le terme brutalisation véhicule, de telle sorte que toutes les sociétés européennes, sans exception, auraient été brutalisée de la même façon par la guerre. [...]
[...] Selon lui les camps d'extermination hitlériens sont l'aboutissement d'un long processus de déshumanisation et d'industrialisation de la mort amorcé par la guillotine. Ainsi la violence nazie ne doit rien au hasard : elle a une généalogie qui n'est pas spécifiquement allemande, et un laboratoire qui est l'Europe libérale du XIX siècle. Il retrace toutes les prémisses techniques, idéologiques et culturelles qui ont amené au nazisme. Selon lui, les racismes du nazisme sont dans le XIX siècle, dans le darwinisme social, les massacres des conquêtes coloniales, dans le fordisme, dans l'essor des sciences et des techniques modernes, dans l'Europe de l'eugénisme Il reproche à Nolte, historien conservateur allemand, d'avoir pensé la singularité exclusive du nazisme comme une rection radicale a la terreur bolchevique, il critique la thèse de Furet dans laquelle c'est l'antilibéralisme qui constitue le trait essentiel du nazisme et enfin il dénonce l'idée émise par Golghagen d'une Allemagne structurellement antisémite. [...]
[...] Mark Mazower, professeur d'histoire, souligne que trop de chercheurs voient dans le génocide juif l'un des événements, voire l'événement par quoi se définit le XX siècle. Ce dernier constate combien le débat sur la violence de masse a été dominé par un petit nombre d'exemples européens décontextualisés, notamment l'Holocauste. Selon lui, les généralisations basées sur une poignée de cas emblématique sont d'un usage limité pour la compréhension d'autres massacres. Par exemple, les massacres qui accompagnent la partition de l'inde en 1947, la violencia en Colombie pendant la guerre froide ou encore l'expulsion des allemands d'Europe orientale après 1945. [...]
[...] L'intériorisation des contraintes sociales se traduit par une réduction très générale des manifestations de violences directes, franches, sanglantes entre les individus. Plus précisément, dans son œuvre La dynamique le l'occident, Elias offre des éclairages sur la sociogenèse d'un nouveau système politique. Il met en évidence un processus de civilisation par l'accroissement de l'autocontrainte dans les comportements interindividuels, processus lié directement a la formation de l'Etat. Il souligne le rôle clé joué par la construction d'un appareil d'Etat capable de se doter de la violence légitime. [...]
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