L'année 2008 aura été riche en événements pour les deux entités politiques que sont la Fédération de Russie et l'Union européenne. L'indépendance du Kosovo soutenue par les pays occidentaux, en hiver, et la guerre de cinq jours entre la Russie et la Géorgie, en été, ont profondément perturbé l'équilibre international. Les deux événements, qui se succèdent dans la chronologie et non sans raison, ont montré une chose : si la communauté internationale a réussi à imposer l'indépendance d'une région séparatiste de l'ancienne Yougoslavie contre la volonté d'un acteur central dans la région - la Russie - celle-ci a fait comprendre par la force qu'elle avait aussi son mot à dire sur l'organisation de l'espace européen à ses frontières. La crise économique qui a atteint la Russie à l'automne 2008 a certes fait voler en éclats les ambitions hégémoniques du pays, mais la guerre en Géorgie a néanmoins confirmé le retour de la Russie sur la scène internationale.
[...] À cette époque les« occidentalistes et les slavophiles» se sont à nouveau opposés pour choisir la ligne à suivre pour un pays toujours déchiré entre son appartenance au continent européen et asiatique. Au sein de l'administration eltsinienne, du début des années 1990, les deux tendances étaient présentes. Les zapadniki[4] considéraient que l'avenir de l'Europe se trouvait du côté de l'Europe d'où la nécessité d'appliquer les méthodes libérales en provenance de l'Occident. C'était la position d'A.V.Kozirev, ministre des affaires étrangères surnommé Monsieur Da ou encore d'E.T.Gaïdar, idéologue des réformes de l'économie de marché et A.B. [...]
[...] Après la chute de l'URSS, la Russie a fait de cet étranger proche sa priorité, ne voulant pour rien au monde perdre son statut déjà bien réducteur de puissance régionale. Or l'effacement de la Russie dans les pays de la CEI et la montée en puissance des Etats-Unis puis de la Chine qui s'amorce depuis 2003-2004 incite la Russie à redoubler d'efforts envers les Républiques d'Asie centrale. Quant à l'UE, M. Medvedev s'est contenté pour sa première année de présidence de deux visites bilatérales, en Allemagne (juin 2008) et en Espagne (février 2009), et d'une en France (novembre 2008) pour le sommet UE-Russie de Nice. [...]
[...] Pour la Russie, la chute de l'URSS n'est pas aussi univoque. C'est à la fois l'aveu d'échec d'un système - socialiste, soviétique-, illustration d'un modèle théorique en maturation depuis la fin du XIXe siècle. Mais, par- dessus tout, elle représente la fin d'une période hégémonique. L'effondrement soviétique correspond alors à l'effondrement d'un Empire acquis en trois siècles qui recouvrait un sixième des terres émergées de la planète, et signifiait de facto un retour aux frontières du XVIIe siècle. Désormais, la Russie n'a plus la capacité à imposer sa volonté aux autres ce qui correspond à la définition de la puissance du théoricien R. [...]
[...] Le Kremlin et Gazprom ont été accusés de ne pas avoir respecté leurs engagements, d'avoir utilisé l'armée énergétique pour dicter et imposer leurs conditions et d'avoir eu recours à des sanctions économiques contre l'Ukraine pour sa politique indépendante de rapprochement avec l'Ouest. La Russie a été considérée comme un mauvais partenaire». M. Entin, Relations entre la Russie et l'Union Européenne : hier, aujourd'hui, demain La Russie et l'Europe, Revue Géoéconomie, Edition Choiseul, Automne 2007. Avis d'un expert Sur l'accord signé entre Bruxelles et l'Ukraine sur la modernisation du système de transport de gaz en Ukraine Konstantin Simonov, site du Ministère de l'énergie. "Sourgoutneftegaz" nie poustili na sobranie, Olga Mordiouchenko, Alena Miklachevskaia, Kommersant, 24/04/2009. S.F. Grebenitchenko, V.P. [...]
[...] L'interdépendance est une réalité que les leaders politiques des deux côtés reconnaissent aisément. Le gaz russe, qui assure une partie considérable du PIB national, n'a plus aucune valeur sans les marchés européens, et les épisodes tragiques de coupure des livraisons de gaz des hivers 2006 et 2009 en Ukraine, et 2007 en Biélorussie ont rappelé combien l'Europe était soumise à la volonté du géant russe Gazprom. Constater cette dépendance est une chose, en faire une interdépendance positive comme l'a désigné Javier Solana[9] en est une autre. [...]
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