Dans cette dissertation complète et entièrement rédigée, nous montrerons en quoi la question de l'adhésion de l'Ukraine, tant de par sa situation conjoncturelle marquée par les conflits identitaires et l'instabilité d'un état encore miné par la corruption que pour des questions plus structurelles liées à sa propre identité et à son positionnement géographique, si elle semble aller dans le sens de l'histoire, doit être approchée de manière très progressive et en pourrait advenir que dans des conditions plus favorables à la fois pour l'Ukraine et pour une Union qui continue de se questionner sur les finalités de son élargissement.
Pour ce faire, nous évoquerons dans un premier temps l'histoire et l'identité de l'Ukraine et verrons notamment pourquoi cette identité est source de divisions et de désaccords. Dans un second temps, nous montrerons pourquoi l'hypothèse d'une Ukraine membre de l'UE ne peut s'envisager que par le prisme de réformes structurelles. Enfin, nous réfléchirons à l'intérêt mais aussi aux risques qu'une telle adhésion pourrait faire peser pour l'UE, tant pour ses relations extérieures que pour son fonctionnement interne.
[...] L'Ukraine, telle qu'elle apparaît sur les cartes, semble clairement pouvoir revendiquer un statut de nation européenne, positionnée bien à l'ouest des monts Oural, frontière théorique de l'Europe admise par les géographes. Dans le même temps, la question de la correspondance entre Europe géographique et Europe politique doit se poser : la Russie, en elle-même, est tout autant une nation européenne, et qui a manifesté une certaine europhilie à plusieurs moments de son histoire, mais sans aujourd'hui la moindre vocation à rejoindre l'UE à court terme, plutôt celle de s'affirmer comme puissance eurasiatique ; or, l'Ukraine se trouve précisément entre ces deux espaces. [...]
[...] Or, nous voyons aujourd'hui les conséquences d'une Europe à 27 voix en terme de gouvernance et d'approfondissement qualitatif ; il ne convient pas de jeter la pierre à des pays qui pouvaient légitimement se considérer comme européens mais davantage de constater que la prise de décision est rendue de plus en plus complexe (alors que l'unanimité est depuis longtemps devenue utopique et que le système de double majorité reste lui-même complexe). De plus, les divergences sont de plus en plus fortes entre état pour définir quelle Europe ils souhaitent bâtir ensemble : marché commun ? Union politique et sociale ? En conséquence, les citoyens de nombreux pays comprennent de moins en moins le projet qui leur est proposé, et l'euroscepticisme se manifeste par un désintérêt croissant pour la politique européenne, une montée des nationalisme ou même des débuts de rupture, comme avec le Brexit. [...]
[...] L'Ukraine fait face à l'heure actuelle à des tensions séparatistes très fortes sur son flanc est, tandis que la question de l'adhésion de la Crimée n'est reconnue ni à Kiev ni au sein de la communauté internationale. Ces problèmes territoriaux en amènent en outre d'autres, qui préoccupent tout autant les dirigeants européens : une Ukraine européenne serait un état membre frontalier : comment l'Ukraine maîtriserait-elle alors sa frontière orientale, toujours soumise à toutes sortes de trafics, à commencer par les trafics de migrants ? [...]
[...] Il est important de se rappeler que la diplomatie doit être une affaire de patience, condition sine qua non pour que les intérêts des deux parties puissent aboutir ; or, il est dans l'intérêt de l'Europe de garder de bonnes relations avec la Russie, sur des questions aussi importantes que le maintien de la paix et de la sécurité mondiale ; tout en n'interdisant pas pour autant au peuple ukrainien de rêver d'Europe, il s'agira dans son propre intérêt que cette adhésion se réalise de manière sereine et négociée. Conclusion « L'Ukraine ne sera pas membre de l'Union Européenne ni de l'OTAN avant 20-25 ans », déclare en 2016 Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne. [...]
[...] La principale raison en est que, comme tant d'autres pays notamment est-européens avant elle, l'Ukraine ne pourra rejoindre l'Union tant qu'elle ne répondra pas à un certain nombre de critères d'adhésion (définis en 1993 et connus sous le nom de critères de Copenhague), qui déterminent qu'un pays ne peut prétendre adhérer à l'UE sans, entre autres, des institutions stables et démocratiques garantissant l'état de droit, le respect des minorités et une économie de marché fonctionnelle. Or, cela représente un défi très lourd pour l'Ukraine. Le principal exemple est la corruption endémique qui gangrène le pays. [...]
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