En intervenant militairement pour mettre fin à la politique de purification ethnique engagée par la Serbie contre les habitants du Kosovo d'origine albanaise, puis en s'engageant ensuite à protéger la minorité serbe du Kosovo contre la majorité albanaise, la communauté internationale affiche sa volonté de faire vivre ensemble sur le même territoire et dans une même société deux groupes ennemis qui revendiquent chacun pour sa part et exclusivement le contrôle de ce territoire. Comment passer d'une situation dans laquelle l'absence de violence est imposée par un acteur extérieur à une autre situation dans laquelle les différentes communautés à l'intérieur de la société s'entendent pour réguler leurs rapports par des moyens démocratiques et légaux?
[...] * La difficile position de la communauté internationale La communauté internationale se trouve donc dans la position difficile de devoir trouver des interlocuteurs d'accord pour construire des institutions multiethniques sans qu'il soit totalement clair quel rôle ces institutions auront. Car sans ces institutions il semble illusoire à moyen terme au moins d'établir une police locale démocratique et légitime et en même temps efficace. Or ces institutions suscitent l'intérêt de certains groupes qui y voient le moyen de parvenir à leur objectif de création d'un Kosovo "ethniquement homogène", souverain et indépendant. L'un de ces groupes particulièrement actifs et puissants est bien sûr l'UCK. [...]
[...] La diversité des transitions opérées ces dix dernières années dans un contexte de sortie de crise rend toute généralisation extrêmement périlleuse. Il est cependant possible de noter que la pacification (au sens: la fin du conflit armé) est un processus et seulement un premier pas vers la paix acceptée par les différents groupes au sein de la société. Dans le cas du Kosovo le choix a été fait de construire la paix en changeant les mentalités et les pratiques, à défaut de pouvoir trouver une solution au conflit. [...]
[...] Transition démocratique au Kosovo: L'établissement d'une police locale Introduction Dans le contexte particulier de sortie de guerre civile, c'est une évidence intuitive qu'il ne peut pas y avoir de paix durable sans un ordre politique et social accepté par toutes les parties de la société. Tout au moins, comme le fait remarquer John Crowley[1], faut-il qu'il y ait un accord de la part de tous les groupes possédant des ressources suffisantes pour mettre en danger la stabilité de cet ordre à plus ou moins long terme. [...]
[...] La question de la sécurité de la population et de la réforme de la police (ou de l'établissement d'une nouvelle police) est en effet particulièrement importante pour la réussite d'une transition démocratique en contexte de sortie de conflit interne. Si la police ne respecte pas les droits de l'homme et une certaine neutralité politique (et éventuellement "ethnique"), la démocratie risque de rester un mot vide de sens et l'idée d'égalité devant la loi un simple mythe[4]. D'autre part, si la police n'est pas efficace elle risque de mettre en danger la légitimité des institutions. [...]
[...] Mais il n'est pas certain qu'une alternative praticable se soit offerte à la communauté internationale au moment du choix. Il est encore trop tôt pour déclarer la réussite ou l'échec de la mission. Si les réalistes avaient raison, on peut craindre que la mission de l'ONU ne soit amenée à se prolonger encore de nombreuses années: on aurait alors une pacification imposée de l'extérieur, seule l'ONU faisant barrage à la volonté d'indépendance des Albanais du Kosovo, sans "réconciliation" assez avancée pour permettre une paix démocratique et stable dans un Kosovo multiethnique. [...]
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