« La politique est toujours une politique de puissance ». C'est à partir de cette conception des relations internationales que Hans Morgenthau donne corps au réalisme, une théorie qui se développe pendant l'entre-deux-guerres, en opposition à l'école idéaliste, à qui il reproche sa vision utopique du monde.
Des auteurs tels que Hans Morgenthau (« Politics among nations »), Edward Carr (« The twenty year crisis »), John Herz (« Political idealism and political realism ») analysent la scène internationale en se concentrant sur les rapports interétatiques et les relations de puissance. Cette approche (réalisme classique) sera développée par Kenneth Waltz dans les an-nées 70. Dans son analyse il se concentre sur l'opposition est-ouest et introduit ainsi une va-riante du réalisme, le néoréalisme.
L'école réaliste d'aujourd'hui n'est donc pas une école monolithique, mais un courant pluriel avec des conceptions partiellement différentes, voire même contradictoires. Toutefois il de-meure possible, d'après Dario Battistella, de souligner quatre postulats fondamentaux sur lesquelles la théorie réaliste repose. Ceux-ci sont les suivants :
1)Les principaux acteurs de la scène internationale sont les groupes de conflit, c'est-à-dire, depuis le système interétatique westphalien, les Etats-nations.
2)Ces Etats coexistent sur une scène internationale caractérisée par l'anarchie (il n'existe donc aucune autorité supérieure aux Etats possédant le monopole de la violence légitime)
3)L'objectif primordial des Etats, leur intérêt national, est la maximisation de la puissance/de la sécurité
4)Enfin, le système international, et notamment la répartition de la puissance entre les Etats affectent profondément l'action des dirigeants politiques
Ce programme commun du réalisme propose donc une vision assez pessimiste des relations internationales. Et pourtant, le réalisme est devenu la théorie dominante des relations internationales. La méthode réaliste a toujours essayé de prendre en compte les circonstances de la pratique politique afin d'établir des postulats adéquats. Il est alors important d'analyser la théorie conjointement avec la pratique politique pour répondre à la problématique suivante :
Dans quelle mesure la théorie réaliste a-t-elle réussi à s'ancrer dans le paysage des relations internationales? Aujourd'hui, face à la nouvelle donne des relations internationales, le ré-alisme peut-il encore prétendre à sa position dominante?
Pour répondre à cette question, nous allons voir dans une première partie que le réalisme pré-sente une théorie qui est profondément ancrée dans la pratique politique. Puis, en seconde partie, nous analyserons le statut actuel du réalisme.
[...] Waltz, aussi nommé réalisme structurel). Au sein du courant réaliste, on distingue entre le réalisme offensif et réalisme défensif : o Réalisme défensif (Gilpin, Waltz) : Les Etats cherchent avant tout à survivre o Réalisme offensif (Morgenthau, Mearsheimer): Les Etats cherchent à maximiser leur puissance, non leur sécurité Problème du néoréalisme pour expliquer la création des alliances au début de la guerre froide : L'Europe ne s'est pas rapprochée, comme le prévoit la théorie de l'équilibre des puissances, d'Etats moins puissants pour rééquilibrer la scène internationale, mais des Etats- Unis. [...]
[...] Et pourtant, le réalisme est devenu la théorie dominante des relations internationales. La méthode réaliste a toujours essayé de prendre en compte les circonstances de la pratique politique afin d'établir des postulats adéquats. Il est alors important d'analyser la théorie conjointement avec la pratique politique pour répondre à la problématique suivante : Dans quelle mesure la théorie réaliste a-t-elle réussi à s'ancrer dans le paysage des relations internationales? Aujourd'hui, face à la nouvelle donne des relations internationales, le réalisme peut-il encore prétendre à sa position dominante? [...]
[...] le réalisme, à force d'intégrer des hypothèses auxiliaires ad hoc pour rendre compte des anomalies qu'il a du mal à expliquer à partir de ses hypothèses centrales, finit par contredire ses postulats de départ, ce qui est d'autant plus dommageable que la parcimonie constituait son principal atout face aux paradigmes concurrents (Battistella 2006 : 149) Le réalisme : malgré tout, une théorie incontournable Il existe donc des anomalies en ce qui concerne le réalisme, qui ont remis en cause les fondements de la théorie réaliste. Mais peut-on pour autant parler d'un recul du réalisme dans la pratique politique ? Beaucoup d'exemples actuels semblent vérifier la pertinence de la théorie réaliste en ce qui concerne la conduite de la politique extérieure. Trois exemples doivent illustrer ce raisonnement : - La prolifération des armes nucléaires comme c'est le cas en Iran et en Corée du Nord. Ici la politique est comme le disait H. [...]
[...] C'est d'une manière comparable que raisonne Thomas Hobbes, qui est lui-même un important prédécesseur du réalisme. Pour lui aussi, les relations entre les états s'effectuent dans un état de guerre permanente. Ce comportement conflictuel des Etats est d'après lui, lié à la nature humaine qui est fondamentalement mauvaise Homo homini lupus est Il fait donc une interprétation anthropologique des relations internationales en agrégeant les comportements individuels. Cette démarche est reprise par H. Morgenthau au vingtième siècle pour expliquer l'état de la scène internationale de l'après-guerre. [...]
[...] Mais est-ce qu'une pratique politique réaliste peut fonctionner dans un environnement international qui est de plus en plus caractérisé par une forte interdépendance et l'apparition de nouveaux acteurs importants ? La théorie réaliste est sûrement la théorie dominante des relations internationales. Elle repose d'un côté sur des fondements théoriques clairs, et semble s'être ancrée dans la pratique politique. Néanmoins, comme on a vu et comme toute théorie de sciences sociales, elle ne suffit pas pour expliquer tous les phénomènes internationaux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture