Le comportement impérialiste soulève un paradoxe : l'impérialisme prétend toujours promouvoir un nouvel ordre plus conforme au bien de l'humanité, mais paradoxalement demeure associé aux pires atrocités et aux plus vils comportements de domination.
Comment expliquer ce paradoxe ? L'impérialisme est-il forcément injuste ? Pourrait-on définir un nouveau type d'impérialisme défendant un ordre plus juste ?
[...] L'empire voit son action légitimée par l'aval de la communauté internationale, tandis que le soutien de l'empire garantit aux institutions leur crédibilité. L'empire a les moyens de convaincre, les institutions le pouvoir de contrôler qu'il n'abuse pas de cette prérogative. Il suffit de prendre l'exemple de la Cour pénale internationale dont l'avenir est aujourd'hui sérieusement compromis du fait de l'absence de deux puissances de premier plan que sont les Etats-Unis et la Chine pour illustrer le besoin d'empire. Sa crédibilité est sérieusement atteinte par ces deux absences. La puissance de l'empire n'est donc pas un mal en soi, au contraire. [...]
[...] Dante Alighieri, dans La Monarchie, explique que la construction d'un empire permet de créer un ordre universel grâce à la paix et à l'échange entre les hommes, pour finalement aboutir à un progrès général tendant vers le bien commun. L'empire par ses conquêtes prétend donc faire progresser l'humanité en pacifiant les relations internationales de façon à diffuser des valeurs universelles. Il est juste par les fins qu'il poursuit. Cependant, si l'impérialisme apporte tant de bienfaits, pourquoi ce système demeure-t-il aujourd'hui associé aux pires ignominies ? [...]
[...] Les merveilleux propos humanistes de Ferry, Kipling ou de Lavigerie masquaient le besoin vital des nations industrielles européennes de s'étendre vers l'Afrique et l'Asie à des fins géopolitique et économique, dans un contexte de compétition croissante. Aujourd'hui, alors que les Etats-Unis fondent leur action en Irak sur un devoir moral, nul ne peut ignorer les retombées économiques induites par la maîtrise stratégique des gisements pétroliers irakiens ou par les investissements futurs nécessaires à la reconstruction de l'Irak. L'idéalisme que revêt l'impérialisme masque donc bien souvent une politique intéressée des empires. [...]
[...] Tout impérialisme est-il injuste ? Introduction Les démocraties françaises et américaines sont aujourd'hui, plus que jamais touchées par un même phénomène : le sentiment d'être victimes de l'ingratitude des pays à qui elles ont généreusement offert leur collaboration pour construire un nouvel ordre démocratique et pacifique. Elles ont pourtant tenté en vain de convaincre de leur bonne foi, de leur mission bienfaisante, mais n'ont pas été crues. La France s'est récemment heurtée en Côte d'Ivoire à l'hostilité d'une partie de la population encore trop marquée par le souvenir des décennies de domination coloniale. [...]
[...] Néanmoins, la puissance est-elle facteur de paix autant que l'on pourrait le prétendre ? Si l'on en croit l'exemple athénien à travers l'analyse de Thucydide (Histoire de la guerre du Péloponnèse ; 431 - 404 av. Jésus- Christ.), c'est justement la puissance des Athéniens qui a contraint Sparte à la guerre. La puissance suscite la crainte, comme dans l'état de nature hobbésien : toute nation sera poussée à attaquer un ennemi potentiel à titre préventif, dès qu'elle estime que sa puissance grandissante la met en danger. [...]
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