La thèse du choc des civilisations a été exposée par Samuel Huntington pour la première fois en 1993 dans la revue Foreign Affairs, puis reprise dans un ouvrage datant de 1997.
Il défend la thèse suivante : les principales sources de conflits au 21ème siècle ne seront plus idéologiques ou économiques mais culturelles. Les principaux conflits s'opèreront désormais entre des groupes ou nations appartenant à des civilisations différentes.
Ce choc des civilisations interviendrait à deux niveaux : entre les groupes qui luttent pour le contrôle de territoires au niveau des lignes de partage des civilisations, et entre les Etats s'identifiant à des civilisations différentes luttant pour la supériorité économique et politique, et pour pouvoir imposer leur vision du monde.
Rappelons que Samuel Huntington publie son article à un moment de perte de repères stratégiques pour l'occident, lié à la fin de la guerre froide. Sa théorie répond donc au vide idéologique qu'entraîne la disparition de l'ennemi soviétique de la scène internationale. Cette théorie a suscité de vives réactions dans les cercles intellectuels et dans l'opinion publique au moment de sa parution. Elle a été tour à tour décriée, critiquée ou appuyée et a connu un deuxième élan à la suite des évènements du 11 septembre 2001.
Cette thèse est-elle plausible, fiable et vraisemblable ? C'est ce que nous allons essayer de déterminer tout au long de cet exposé.
Dans une première partie, nous nous intéresserons aux fondements et faiblesses conceptuels de la thèse d'Huntington. Puis, dans une deuxième partie, nous étudierons ses fondements et fragilités explicatifs.
[...] Enfin, Huntington traite du rapprochement entre les civilisations islamique et confucéenne, qui cherchent par cette alliance à dépasser l'occident par une étroite coopération et par le renforcement de leur pouvoir militaire. Les faiblesses explicatives de la thèse d'Huntington L'opposition culturelle n'est pas la source de la guerre mais le noyau autour duquel se construit le discours de guerre Contrairement à ce qu'affirme Samuel Huntington, la présence du culturel comme facteur de conflit ne date pas de la fin de la guerre froide. Le politique n'a eu cesse au cours du 20ème siècle de récupérer et de manipuler le thème de l'affirmation de l'identité culturelle pour établir des stratégies. [...]
[...] Conclusion : La thèse du choc des civilisations n'est donc pas fiable. Elle témoigne de l'ethnocentrisme d'Huntington qui reprend à son compte un concept occidental rendant péniblement compte d'un nouvel ordre mondial mais échouant à cerner les réalités plus complexes des différentes zones géographiques. On sent à travers les recommandations de politiques internationales qu'il fait en conclusion de son article, les craintes du stratège peinant à redéfinir un ordre mondial dans lequel l'occident se verrait remettre en question. Cette thèse critiquable du point de vue conceptuel et explicatif est donc indéfendable au regard des évènements du 11 septembre 2001. [...]
[...] La thèse du choc des civilisations est-elle crédible ? La thèse du choc des civilisations a été exposée par Samuel Huntington pour la première fois en 1993 dans la revue Foreign Affairs, puis reprise dans un ouvrage datant de 1997. Il défend la thèse suivante : les principales sources de conflits au 21ème siècle ne seront plus idéologiques ou économiques mais culturelles. Les principaux conflits s'opèreront désormais entre des groupes ou nations appartenant à des civilisations différentes. Ce choc des civilisations interviendrait à deux niveaux : entre les groupes qui luttent pour le contrôle de territoires au niveau des lignes de partage des civilisations, et entre les Etats s'identifiant à des civilisations différentes luttant pour la supériorité économique et politique, et pour pouvoir imposer leur vision du monde. [...]
[...] Les individus perçoivent donc leur appartenance culturelle avec plus d'acuité. - Les processus de modernisation économique et les changements sociaux ont eu tendance à éloigner les gens de leurs identités locales. Ils ont également affaibli l'Etat nation comme source identitaire. Le religieux fournit donc un renouveau identitaire permettant d'unir les civilisations. - Dualité du rôle de l'occident : l'occident est au summum de sa puissance mais provoque un repli sur elles-mêmes et une opposition des civilisations non occidentales qui cherchent à préserver leurs propres particularités culturelles. [...]
[...] La culture est donc un moyen de légitimation de la guerre face aux populations. On peut donc supposer que l'identité ne serait pas une substance inhérente à une collectivité mais qu'elle serait le résultat d'une construction. Huntington confond le registre du discours belliqueux dans lequel les différences culturelles sont exacerbées (le discours de guerre étant fondé sur le manichéisme) et le registre explicatif des conflits où la culture demeure un facteur secondaire. Frédéric Ramel dans son article de 1997 conteste la vision civilisationnelle du conflit en ex Yougoslavie proposée par Huntington (le conflit aurait symbolisé le choc entre l'occident chrétien soutenant les Serbes et Croates et le monde musulman apportant son appui aux bosniaques). [...]
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