La stratégie américaine est depuis ses origines déterminée par un rapport au monde unique : les Etats-Unis n'ont pas de voisins hostiles, ils sont protégés du monde extérieur par deux océans, n'ont pas connu d'invasions. En revanche, le monde extérieur est perçu comme lourd de menaces potentielles, et fait office de "surface de projection" du mythe de la Frontière en étant assimilé à un gigantesque univers frontalier qui encercle les Etats-Unis. La vision stratégique du monde des Américains est « en réalité beaucoup plus conceptuelle, idéologique, mythologique qu'empirique, du fait du manque d'expérience du monde dont ils souffrent » . La société américaine a dès lors besoin du consensus que l'idée d'une menace commune fournit aisément, et sur lequel s'appuie le pouvoir de l'Etat fédéral pour son développement. La production de menace est rendue possible par le croisement du discours politique et de sa mise en scène. La menace, c'est « le démon étranger, l'anarchiste poseur de bombes, la conspiration communiste tentaculaire, les agents du terrorisme international [qui] sont des figures familières du rêve éveillé qui domine si souvent les politiques américaines » . Ces diverses menaces qui grouillent de par le monde permettent ainsi de légitimer la production de stratégie et de puissance militaire. Les projections à l'extérieur du territoire national des troupes militaires permettent d'imposer l'ordre américain, sans lequel les Etats-Unis pensent qu'il n'y a pas de sécurité.
[...] Les Etats-Unis éprouvent une peur face à cet adversaire et ceci empêche les Américains de comprendre réellement la situation. L'effroi a provoqué chez eux une mauvaise appréciation de la réalité. Ils pèchent par manque de confiance en raison du caractère incroyable, pour eux, d'une remise en cause de leur statut d'intouchables sur leur territoire. A la suite de ces attaques, les Etats-Unis vont s'unir avec quasiment tous les pays de la planète, même les non-démocratiques pour mener une Global War On Terror Toutes les relations extérieures des Etats-Unis seraient désormais définies par cette guerre : tous les Etats étaient sommés de prendre parti, au nom du principe : Qui n'est pas avec nous est contre nous Ici encore nous rencontrons un caractère spécifique de la paranoïa américaine telle que la définit Richard Hofstadter. [...]
[...] Cette sinusoïdale est recopiée (quoique moins bien réalisée) sur celle tracée par Raymond Boudon dans L'art de se persuader des idées douteuses, fragiles ou fausses, op.cit., p.391. Ibid, p.389. Ibid, p.390. Henri Beyle Stendhal, Journal Œuvres intimes II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard p.34. Régis Debray, Chronique de l'idiotie triomphante 1990-2003 Terrorisme, guerres, diplomatie, Fayard p.100. Nicolas De Boisgrollier, Les Etats-Unis après le 11 septembre : une réaction sécuritaire ? Questions Internationales, juillet août 2004, p.65. On signalera ainsi à ce sujet le traitement assez particulier de l'information qu'opère la chaîne d'information continue Fox News. [...]
[...] L'explosion d'un missile nucléaire sur le sol américain dans le film montre bien la situation chaotique que cela entraînerait. Il est difficile de ne pas voir dans ce film une tentative d'explication quant au bien-fondé de futures attaques préventives contre des groupes terroristes (ou des Etats abritant ou aidant les terroristes qui sont assimilés à ces derniers dès le 21 septembre 2001 par l'administration Bush). La paranoïa revient alors activement sur le devant de la scène publique nationale. Ces diverses menaces sont révélatrices de ce que l'historien Richard Hofstadter appelait le style paranoïaque[7]. [...]
[...] On retrouve à travers ce discours le style paranoïaque une fois encore, puisque la seule qualité requise dans ce genre de situation, c'est la volonté de combattre jusqu'au bout, jusqu'à l'élimination de l'ennemi Il n'existe en effet pas de substitut à la victoire totale. Dès lors, le style paranoïaque imprégnant la construction de la politique étrangère américaine est totalement révélé au moment de l'attaque contre le régime irakien. Tous les éléments distinctifs qu'identifiait Richard Hofstadter se retrouvent au fur et à mesure des changements qui surviennent dans la conjonction changeante débutée par les attaques terroristes du 11 septembre 2001. [...]
[...] - Weber Max, Le savant et le politique, Paris, Editions 10-18, Collection Bibliothèque pages. Jean-Michel Valantin, Hollywood, le Pentagone et Washington Les trois acteurs d'une stratégie globale, Paris, Editions Autrement, Collection Frontières p.16. Michael Rogin, Ronald Reagan, The Movie, and Other Episodes in Political Demonology, Berkeley, University of California Press p.1. Jean-Michel Valantin, Hollywood, le Pentagone et Washington Les trois acteurs d'une stratégie globale, op.cit., p.6. Ce film est une adaptation d'un roman de Tom Clancy, fervent républicain, publié en août 1991 et vendu à plus de six millions d'exemplaires dans le monde. [...]
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