Au tournant du 21e siècle, on assiste à un renouveau de la filière nucléaire, tant civile que militaire. Les besoins énergétiques croissants et les avancées techniques et technologiques ont relancé la demande de développement de l'énergie nucléaire. Au niveau du nucléaire militaire, les espoirs de pacification, nés de la fin de la Guerre froide, ont été finalement contredits par des risques renouvelés de prolifération. En effet, dans les années 1990, d'importants pays, potentiellement proliférants, tels que l'Afrique du Sud, le Brésil ou l'Argentine ont renoncé aux technologies du nucléaire militaire. En revanche, le début des années 2000 a vu s'accroître les risques de prolifération horizontale avec la reprise du programme nucléaire iranien ou le basculement de la Corée du Nord, faisant suite aux essais nucléaires indien et pakistanais de 1998.
De fait, l'universalisation du Traité de non-prolifération (TNP), auxquels ont désormais adhéré pas moins de 189 États, et le renforcement des moyens d'inspection de l'AIEA par le Protocole additionnel de 1995 sont la toile de fond du régime actuel de non-prolifération. Celui-ci sépare clairement les rares États détenteurs de l'arme nucléaire (EDAN), autorisés par le TNP et l'immense majorité des États non dotés (ENDAN), qui n'ont accès qu'aux technologies nucléaires civiles. Par ailleurs, les traités instaurant des zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) se sont multipliés au cours de la dernière décennie.
[...] Le jeu d'alliance joue un rôle important dans les stratégies de seuil. Soutenir ou accepter qu'un allié s'approche du seuil semble naturel et se fait en vertu des relations bilatérales entre les Etats. Les motivations des Etats proliférants dans le choix des stratégies de seuil Le choix de la prolifération nucléaire dépend de motivations propres à chaque pays. L'évolution de la politique en matière de prolifération (ou de non-prolifération) est indissociable, tant des ambitions politiques, régionales ou internationales, des pays en question, que des motivations sécuritaires. [...]
[...] Finalement, c'est avec l'aide de la Chine et sur son modèle que le Pakistan construira sa bombe atomique, dont les essais suivront ceux de l'Inde en 1998. Comme le note George Laury[15], c'est à cette époque un jeu à quatre qui se joue en Asie du Sud entre l'Inde qui s'appuie sur l'URSS pour développer une arme nucléaire en réaction à la puissance chinoise ennemie, alors que le Pakistan est aidé par la Chine en opposition tant à l'Inde qu'à l'Union soviétique. [...]
[...] Comparé à ses écarts d'une douzaine d'années entre le lancement d'un programme et l'aboutissement effectif, ceux des programmes des Etats du seuil sont beaucoup plus longs, puisqu'il faut attendre 1974 (essai qualifié de pacifique) puis 1998 pour les premiers véritables essais nucléaires de l'Inde, dont le programme a débuté à la fin de la Seconde Guerre mondiale[13] et 1998 pour le Pakistan, dont le programme a démarré dans les années 1970[14]. Si le programme nucléaire indien a démarré de manière plus autonome, en raison d'un soutien soviétique limité, le programme nucléaire pakistanais a été largement soutenu par différents Etats au cours de son histoire. Dès les années 1950, le Pakistan se dote de réacteurs nucléaires auprès des Etats-Unis et du Canada. [...]
[...] Seul l'isotope U-235 est utilisé dans les activités nucléaires. Cependant, c'est l'isotope U-238 qui existe en abondance dans la nature des ressources de l'uranium). Les deux isotopes se caractérisent aussi par la différence de poids et dans le cas de l'enrichissement il s'agit de séparer l'isotope U-235 de l'isotope U-238 qui sera ensuite utilisé dans des centrales nucléaires. UHE - l'uranium hautement enrichi Le plutonium, produit par irradiation de l'uranium, n'existe presque pas en état naturel. Ainsi, afin de récupérer le plutonium, le combustible irradié (mélange d'uranium, de plutonium, et d'autres composantes radioactives ; provenant des réacteurs nucléaires) est traité chimiquement . [...]
[...] Le programme nucléaire iranien reste à cet égard la principale menace au régime de non-prolifération, puisqu'il s'agit du programme le plus prêt d'aboutir, même si cela reste à l'horizon d'une dizaine d'années[21]. Un basculement remettrait non seulement en cause l'universalité du traité de non-prolifération et le régime actuel de division entre les Etats détenteurs et non-détenteurs, mais aussi pourrait entraîner une cascade de prolifération au Moyen-Orient, en incitant certains Etats à reprendre ou poursuivre des programmes proliférants (Algérie, Egypte)[22] rendant inapplicable tout traité instaurant une ZEAN dans la région. [...]
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