Difficile à classer, Stanley Hoffmann est un réaliste qui se singularise sur nombre de questions par rapport au réalisme traditionaliste. Suivant l'héritage de son maître Raymond Aron et de ses approches sociohistoriques des relations internationales : prise en compte globalisante des facteurs de mutations du système international, ainsi que de l'actualité immédiate et repoussant les schémas idéologiques, Hoffmann s'oppose néanmoins à de nombreux principes structurants des analyses réalistes.
Stanley Hoffmann, dans son oeuvre, n'hésite pas à remettre en cause la définition de notions primordiales pour les paradigmes réalistes : le concept d'intérêt national, notion trop étroite pour s'appliquer au monde actuel, inutilisable et propre à un moment historique précis ; la notion de puissance, jugée par lui confuse dans la définition donnée par Morgenthau, et, de surcroît, réductrice ; ou encore le concept d'équilibre des puissances.
Cependant, au-delà des critiques formulées par Hoffmann à l'encontre des réalistes traditionalistes, quels sont les éléments de sa pensée qui permettraient de le différencier des auteurs du courant réaliste tout en considérant sa vision du monde comme classifiable dans la pensée réaliste ? Quels sont ses apports à ce courant de pensée ?
[...] Les grandes lignes de la politique furent maintenues. En effet, la fin de la Guerre froide a entraîné de grands changements dans la diplomatie de nombreuses puissances européennes ou présentes en Europe. La politique extérieure française resta pourtant adaptée au contexte de la Guerre froide, contrairement aux autres grandes puissances qui ont adopté une politique post Guerre froide. La construction de l'Europe intégrée sous la direction du couple francoallemand s'est poursuivie avec vigueur depuis 1984. Ainsi, la France a commencé à définir peu à peu une politique étrangère et militaire commune pour l'Union Européenne, en continuant de chercher à combiner volonté d'indépendance nucléaire et participation à l'Alliance Atlantique. [...]
[...] Chaque Etat tient compte de tous les autres acteurs du système international (les Etats) avant de prendre des décisions en matière internationale. Chaque Etat assure sa sécurité en combinant ses forces avec celles de ses alliés. Toute étude concrète des relations internationales est une étude sociologique et historique car le calcul des forces renvoie au nombre, à l'espace, aux ressources, aux régimes (militaire, économique, politique et social). Ces derniers éléments constituent les enjeux des conflits entre les Etats. Les acteurs des relations internationales sont pour Aron le diplomate et le soldat, en tant qu'agents de l'Etat, ainsi cela explique les phases de violence et de non violence. [...]
[...] Ces limites adressées à Stanley Hoffmann par Aziz Hasbi mettent en relief à la fois une singularité toute nuancée de Hoffmann par rapport aux réalistes, et donc, son appartenance à ce courant semble se justifier d'ellemême. La difficulté à saisir la pensée de Hoffmann, et surtout, la difficulté de classification de celleci réside dans le fait que ce dernier aspire à la réalisation des idées libérales, tout en pratiquant des analyses fortement inspirées du réalisme, ces inspirations se traduisant notamment par le statocentrisme mis au centre des analyses des intégrations régionales. [...]
[...] Il y enseignera l'histoire politique et intellectuelle de la France, ainsi que les relations internationales, la sociologie de la guerre puis l'histoire des idéologies et de l'Europe contemporaine. Il fonde en 1968 le Centre d'Etudes Européennes de Harvard qu'il préside jusqu'en 1995. Ses séjours prolongés en France ainsi qu'aux EtatsUnis lui ont valu de publier de nombreux écrits se rapportant à ces deux pays auxquels il attacha une importance particulière dans tous ses travaux. Parmi ses principaux ouvrages, nous pouvons citer entre autres Sur la France (1976) ; Decline or Renewal ? [...]
[...] Revenons sur la notion de puissance qu'Hoffmann a largement critiquée. Cette notion s'est transformée dû à sa diversification, sa diffusion et son irréductibilité à la force militaire. Il nuance cette dernière idée en introduisant le fait que la menace ou le recours à la force apparaissent comme une possibilité éloignée dûe au coût qu'engendre ce recours. D'autre part, la toutepuissance du politique apparaît menacée par la politique étrangère qui constitue désormais la dimension extérieure de ce qui préoccupe le monde c'estàdire : le développement économique et le bienêtre des populations. [...]
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