Le 22 février dernier, le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la Justice et l'Egalité (MJE) signaient un accord-cadre pour le Darfour ouvrant la voie à une nouvelle reprise des négociations. Le 9 février déjà, Idriss Déby, président du Tchad, s'était rendu à N'djamena pour y rencontrer le président soudanais Omar Al-Bachir pour y signer un accord de normalisation entre les deux pays et un Protocole additionnel de sécurisation des frontières, prévoyant notamment le départ des rebelles soudanais du Tchad.
Sept ans après le début d'un conflit ayant déjà fait près de 300 000 morts, 2,5 millions de déplacés et faisant dépendre 4,5 millions de personnes de l'aide humanitaire, l'amélioration des relations entre le Tchad et le Soudan d'une part, et le gouvernement soudanais et les rebelles du Darfour d'autre part, et l'action des Nations Unies présents au Darfour peuvent-elles permettre le retour à une paix durable dans la région ?
[...] II Malgré les difficultés rencontrées par la communauté internationale, les Nations Unies sont finalement intervenues dans la région, afin de permettre un retour à la paix toujours hypothétique Les atermoiements de la communauté internationale ont rendu difficile l'intervention des Nations Unies au Darfour L'échec de l'Union africaine et la division de la communauté internationale Le début de la guerre du Darfour en 2003 et les atrocités commises par les forces gouvernementales, tout comme les interventions au Tchad et le débordement du conflit en République centrafricaine ont été rapidement dénoncés par la communauté internationale. Déjà présentes dans le cadre du processus de paix au Sud-Soudan avec la MINUS, les Nations Unies ont dans un premier temps refusé de créer une mission de maintien de la paix au Darfour pour ne pas aller contre la volonté du Soudan. [...]
[...] Ce n'est par exemple que depuis 2005 que les intérêts du Sud- Soudan sont réellement représentés au gouvernement. Le manque de juste représentation politique de toutes les composantes nationales, la frustration pouvant en découler et le manque de légitimité de l'Etat centrale sont parmi les premières causes du conflit actuel. La déstabilisation du Darfour Dans le même temps, Al-Bashir depuis son coup d'État en 1989, renforcé la division du pays en jouant sur son organisation administrative. Il a ainsi imposé au Darfour la mise en place d'un système tribal basé sur les coutumes locales, tout en soutenant et en consolidant la domination de certaines ethnies, les arabo-musulmans en particulier. [...]
[...] La MINUAD a ainsi pu poursuivre son action. 2010, année charnière ? C'est au 31 juillet de cette année que la MINUAD doit quitter la région. Elle peut donc à priori être soulagée de la signature en février de l'accord de normalisation avec le Tchad, du Protocole additionnel de sécurisation des frontières, et d'un accord-cadre pour le Darfour avec le MJE. Pourtant, il semble que, plus que l'action de la MINUAD, ce soit l'approche de prochaines échéances électorales en avril au Soudan, et la récente reprise de la rébellion au Sud-Soudan qui ait conduit Omar Al- Bachir a tenté de mettre fin rapidement aux principaux troubles dans la région. [...]
[...] Le manque flagrant de démocratie au Tchad devrait aussi inciter la communauté internationale (et la France en particulier) à agir. Véritable conflit sous-régional, que l'échelle étatique ne permet pas d'appréhender de manière suffisamment adéquate, le conflit au Darfour, complexe à la fois dans ses racines et son déroulement, ne peut être résolu que par la simple signature d'accords de paix. Un travail de justice, de réconciliation, de diffusion de la non-violence et de réduction des inégalités de représentation se doit donc d'être mené dans la région, afin de garantir enfin la paix. [...]
[...] Celle-ci ne s'est cependant pas révélé être à la hauteur de la tâche, le nombre d'hommes envoyés étant bien insuffisant, ceux-ci étant de plus sous-équipés. Ils subissent ainsi de nombreuses attaques. Et l'Union Africaine est apparue incapable de gérer les fonds de la mission, la gabegie financière régnant à tous les niveaux. De plus, l'action de la communauté internationale a été aussi parasitée par la volonté de contrôle des ressources énergétiques, avec notamment le soutien apporté par la Chine au Soudan, et par les Etats-Unis ou la France au Tchad. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture