Quelle solidité et quelle pérennité accorder à la relation entre les Etats-Unis et le Pakistan ?

Résumé du document

L'assaut contre le repère d'Oussama Ben Laden et les bavures militaires de soldats américains au Pakistan ont récemment mis au jour la complexité et la fragilité des relations qui unissent les États-Unis et le Pakistan. Dès l'origine, la frustration des Pakistanais devant la neutralité américaine dans le conflit avec l'Inde puis lors de la sécession du Bangladesh en 1971 en dépit de leur rôle dans l'ouverture vers la Chine du président Nixon ont reflété les tensions existantes. Alors même que cette alliance semble contre nature, il apparait que ce sont des considérations stratégiques mutuelles qui ont conduit à ce rapprochement qui constitue la clé du positionnement régional américain.

Extraits

[...] Les options d'un départ d'Afghanistan détermineront l'avenir des relations bilatérales au regard de la recomposition des alliances régionales Avec le retrait annoncé des troupes de la coalition d'Afghanistan avant 2014, la question des relations entre les deux Etats à la sortie du conflit se pose avec d'autant plus d'acuité que le jeu des acteurs extérieurs détermine très largement les options envisageables. La radicalisation croissante de l'opposition à la présence américaine conduira vraisemblablement à une forte diminution des effectifs au Pakistan. Dans le cas d'une distorsion durable des relations bilatérales, l'option favorite du Pakistan restera la Chine, qui lui accorde son soutien diplomatique et nucléaire depuis plusieurs décennies. Toutefois, cette puissance ne semble pas exprimer le souhait de se substituer totalement à l'allié américain. [...]

[...] Mais si l'intention et l'action des Etats-Unis dans le conflit afghan sont univoques, il n'en est pas de même pour son allié. Globalement, l'Etat pakistanais recherche avant tout la stabilité en Afghanistan afin d'éviter une influence démesurée de l'Alliance du Nord, et par là même de l'Inde dans le pays. Toutefois, plusieurs forces internes alimentent un certain double jeu du Pakistan et ainsi la méfiance de l'allié américain dans l'engagement régional : Les talibans pakistanais, qui luttent contre l'Etat. Si l'opinion leur est relativement favorable, le gouvernement tente de les désarmer sur un front interne, comme l'a montré leur refoulement de la région du Swat en 2009. [...]

[...] Hillary Clinton a ainsi menacé de réduire de 500 millions de dollars l'aide apportée si des efforts tangibles dans la lutte antiterroriste n'étaient pas enregistrés. Du côté pakistanais, l'unilatéralisme américain dans l'assaut contre Ben Laden, les attaques de drones en zones tribales et les bavures militaires récentes ont alimenté la défiance et le rejet. L'affaire Davis puis la frappe de l'OTAN en 2011 ont fait en effet plus de 25 victimes pakistanaises incluant des civils. En conséquence et après de vives critiques du gouvernement, les voies d'approvisionnement prioritaires de l'armée américaine ont été fermées et la base de Shamsi évacuée. [...]

[...] D'un point de vue stratégique, leur alliance ne paraît donc pas contre nature. Dès son indépendance, le Pakistan a cherché en les États-Unis un allié de poids afin de contrer l'influence de l'Inde, ennemi déclaré. Mais c'est avec la première guerre d'Afghanistan et sous pression de Washington que l'alliance entre les deux pays se sont traduits par une coopération militaire de lutte antisoviétique avec l'aide des talibans. Les nouveaux termes de l'alliance, dominée par la puissance américaine, faisaient du Pakistan la base arrière de l'armée U.S. [...]

[...] Quelle solidité et quelle pérennité accorder à la relation entre les Etats-Unis et le Pakistan ? L'assaut contre le repère d'Oussama Ben Laden et les bavures militaires de soldats américains au Pakistan ont récemment mis au jour la complexité et la fragilité des relations qui unissent les États-Unis et le Pakistan. Dès l'origine, la frustration des Pakistanais devant la neutralité américaine dans le conflit avec l'Inde puis lors de la sécession du Bangladesh en 1971 en dépit de leur rôle dans l'ouverture vers la Chine du président Nixon a reflété les tensions existantes. [...]