Aujourd'hui, en Irak, on trouve environ 20.000 employés dans les sociétés militaires privées. Pour ces entreprises, l'Irak et autres champs de conflits sont des marchés qui représentent des milliards de US Dollars. L'existence d'un « marché de la sécurité » a provoqué la création de douzaines de sociétés militaires privées dans les années 90. Les entreprises comme « Blackwater », « Executive Outcome » ou « Kroll », pour ne nommer que trois des plus connues les plus présentes sur la scène internationale, recrutent leur personnel parmi des vétérans des forces spéciales comme le « SAS » anglais ou les « Special Forces » des Etats-Unis et des forces armées régulières. Ces spécialistes de sécurité sont bien payés, parfois beaucoup plus que dans les armées régulières. C'est la raison pour laquelle les sociétés militaires privées peuvent profiter d'une source presque inépuisable de recrutement. De ce fait, les entreprises sont capables d'effectuer des missions de plus en plus diversifiées.
Cette évolution, que l'on peut notamment observer en Irak aujourd'hui, est la traduction la plus récente d'une conception qui tend à s'imposer de plus en plus : la tendance de déléguer des tâches traditionnellement attribuées à l'Etat aux acteurs privés. En terme de « puissance et influence », il s'agit donc premièrement d'évaluer où se trouvent les avantages et les intérêts pour les Etats de déléguer certaines de leurs tâches aux acteurs privés et de partager leur privilège traditionnel de l'usage de la violence (I.). Ce sont d'abord les coûts financiers qui constituent un enjeu primordial. Mais certains avantages stratégiques ne doivent pas être sous-estimés. Par ailleurs, il convient d'examiner quelles sont les règles qui fixent les relations entre les différents acteurs (II.). Est-ce qu'une réglementation ou une régulation est possible ? Si oui, où peut-on trouver les outils pour contrôler les acteurs privés dans l'espace d'un conflit ? A ce sujet, nous nous intéresserons aux plans juridique, économique et médial.
En dernier lieu, nous étudierons si le développement de sociétés militaires privées est profitable et souhaitable dans le monde, ou si, au contraire, elles représentent un risque considérable à éviter.
[...] Mais ce qui ne pose aucun problème dans la vie quotidienne, pour l'armée française en France, pour le US-Army aux Etats- Unis, devient beaucoup plus compliqué lorsque le transport doit être réalisé vers une région de crise, comme l'Irak. Comment protéger un convoi de camions, acheminant de l'eau vers une garnison américaine située à Bagdad ? C'est là que les sociétés militaires privées entrent en jeu. Pour éviter une combinaison des moyens privés et publics par une protection uniquement militaire, les compagnies de sécurité offrent une solution plus simple. Ils s'occupent du transport et de sa protection. [...]
[...] Ensuite, il doit permettre aux compagnies militaires privées de poursuivre leur activité légalement tout en interdisant toute activité aux mercenaires classiques. Il ne s'agit pas là de tâches aisées à effectuer, mais cela est nécessaire si les compagnies militaires privées doivent agir pour le compte de la communauté internationale. Par le marché Il existe un consensus général autour de l'idée que le marché est la méthode la plus efficace et la plus durable pour régler les problèmes liés aux entreprises de sécurité. [...]
[...] Normalement, les règles d'un marché concurrentiel suppriment les conflits d'intérêts entre ses acteurs, mais on peut penser aux scénarios où l'Etat ukrainien veut imposer ses intérêts propres à l'Etat allemand, sans considération aucune pour les intérêts de ce dernier. Dans ce cas de figure, le fait d'être dépendant d'une société militaire privée fait courir à l'Etat le risque de devenir l'otage d'intérêts différents des siens. Cependant, en général, la possibilité de recourir à des capacités supplémentaires est une des réponses envisageables aux problèmes aujourd'hui. [...]
[...] Toutefois, les médias ont une influence indéniable dans la mesure où ils peuvent détecter des abus et inciter les Etats démocratiques à s'engager à limiter ceux-ci. Malgré tout, le rôle de contrôle exercé par les médias ne peut pas remplacer un système institutionnel car les investigations des journalistes sont ponctuelles et sont influencées par des considérations subjectives, notamment politiques, passant de ce fait sous silence certains abus du système. Par conséquent, pour établir un système valable, la responsabilité des médias ne suffit pas. Conclusion Pour conclure, il importe de souligner combien le phénomène des sociétés militaires privées s'avère extrêmement contradictoire. [...]
[...] Les rules of engagement doivent être claires et compatibles avec le droit international. Sinon, on court le risque de voir se développer plus en plus de zones grises du droit qui échappent au contrôle du droit international et laissent la porte ouverte à de nombreux abus. En outre, un Etat doit éviter de devenir dépendant d'un service d'une société militaire privée. Normalement, le marché garantit une offre variée de services mais l'apparition d'un monopoleur change la donne et peut conduire à une influence grave sur les décisions d'un Etat. [...]
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