Les sociétés de mercenariat: vers une privatisation de la guerre?

Résumé du document

De tous temps le « soldat de fortune » a été considéré comme un truand. Dans nos esprits la guerre est en effet un domaine public, menée par des armées nationales. Pourtant, le mercenariat est défini comme le « 2ème plus vieux métier du monde » et demeure une réalité sur presque tous les théâtres de conflits actuels. Ainsi, de très nombreux acteurs privés effectuent des missions en Irak.
Pour beaucoup, ce recours à la force privée constitue une violation du monopole étatique de la violence et symbolise un affaiblissement de l'Etat face au marché. Quels sont donc les risques associés à cette privatisation de la guerre pour nos sociétés et jusqu'à quel point la guerre est-elle privatisée ?

Extraits

[...] Les SMP ont réalisé des missions tout autour de la planète. En Bosnie, en Afrique (Zaïre, Nigeria, Sierra Leone), à Guantanamo ou au Soudan pour des missions de surveillance de prisons ou d'installations pétrolières ou encore en Arabie Saoudite pour la formation de la garde nationale. L'Irak est bien sûr une étape majeure dans le développement de la guerre privatisée Par le nombre de soldats privés présents: près de 48000. Par le nombre de SMP également : elles étaient 60 en 2004 selon D. [...]

[...] Les sociétés de sécurité privées et les SMP agissent au grand jour. Alors que les mercenaires traditionnels fonctionnaient dans l'ombre, souvent en collaboration avec des services secrets, le mercenariat moderne a aujourd'hui pignon sur rue. Les SMP vendent des prestations diverses en matière de sécurité à leurs clients et refusent toute confusion avec la notion de mercenariat. Le mercenariat d'entreprise couvre aujourd'hui des activités très diverses. Traditionnellement, le mercenariat évoquait des actions de combats. A l'heure actuelle, rares sont les SMP qui sont uniquement combattantes Xavier Renou[1] présente la typologie suivante : Le support opérationnel au combat : cette fonction regroupe aussi bien les employés qui combattent que la fourniture d'équipements et d'armements militaires. [...]

[...] Le coût politique de la disparition de mercenaires privés est bien moindre que celui de soldat de l'armée régulière. Les contrats signés avec les SMP peuvent être classés secrets et offrent donc la possibilité de passer outre les contrôles bureaucratiques ou législatifs et de mener des opérations en contradiction avec la politique générale d'un gouvernement. L'externalisation donne une plus grande flexibilité stratégique sécurité nationale. Confrontés à des restrictions budgétaires, les Etats doivent faire des choix stratégiques dans le déploiement de leurs forces armées. [...]

[...] Bibliographie Livres - Renou, Xavier, La privatisation de la violence. Mercenaires & société militaires privées au service du marché Les dossiers noirs d'Agir ici et Survie, Agone, Marseille - Philippe Chapleau, Les sociétés militaires privées : enquête sur les soldats sans armées Ed du Rocher, Monaco - P.W. Singer, Corporate Warriors: the Rise of Privatized Military Industries Cornell University Press - Cité par Renou Xavier, op. cit., Frank Camm, “Expanding Private Production to Defense Services”, Rand Report MR734, Santa Monica Articles - Sami Makki, Sociétés militaires privées dans le chaos irakien Le Monde Diplomatique, novembre 2004 - Les entreprises para-privées de coercition, de nouveaux mercenaires Cultures et Conflits p.5-156. [...]

[...] Atouts et risques inhérents a la privatisation de la guerre Des atouts économiques, politiques et stratégiques L'externalisation des activités militaires est issue des méthodes du new public management Celui-ci cherche à rationaliser la gestion de l'Etat en promouvant des politiques libérales de privatisation. La privatisation de la guerre permettrait une meilleure efficacité globale entre l'Etat et le marché. Les économies budgétaires notamment sont conséquentes. Déchargé des salaires, des charges diverses, des primes et retraites, l'Etat pourrait dégager entre 4,6 et 6 milliards de dollars par an selon le Pentagone. En 2002, le Pentagone a annoncé que emplois allaient être externalisés d'ici à 2008. [...]