Les inondations d'août 2007 au Bangladesh ont été à l'origine du déplacement de 10 millions de personnes et de plusieurs centaines de morts, résultat direct de la crue des eaux dans le delta du Gange et du Brahmapoutre. Cette situation met en lumière l'importance et l'urgence de la maîtrise de l'eau, à la fois dans une perspective sociale, économique et écologique. Néanmoins, malgré l'acuité du problème et l'existence de solutions telles que le Flood Action Plan, mis en place en 1989 pour limiter les crues dans le delta du Gange, il n'existe pas de réelle coopération entre les pays du monde indien concernant une gestion commune de l'eau. En effet, cet espace se caractérise d'abord pour son hétérogénéité. Il regroupe sept pays (le Pakistan, l'Inde, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, le Sri Lanka et les Maldives) qui offrent une grande diversité, à la fois géographique, politique, ethnique et sociale. S'interroger sur le rapport qu'entretiennent les sociétés humaines du monde indien et les problèmes de l'eau revient à questionner l'unité de cet espace en tant qu'unité géographique.
[...] En effet des ménages n'ont pas de l'eau tous les jours, et presque n'y ont jamais accès. Mais ces disparités sont accentuées entre les quartiers : au sud de la ville, dans le quartier de Lajpat Negar, plus de 70% des ménages ont de l'eau moins de 6 heures par jour, alors que c'est le cas pour seulement 10% des ménages dans le quartier nord de Shahdara II. De plus, le service n'est pas non plus homogène au sein des quartiers, puisque moins de 20% des ménages ont un débit uniforme selon les jours de la semaine, et les coupures sont fréquentes entre mai et juin, juste avant le début de la mousson. [...]
[...] En tant qu'enjeu transfrontalier, l'eau peut donc également se présenter comme arme politique et moyen de pression. Comprendre les enjeux de l'eau dans le monde indien revient également à s'intéresser à la gestion de l'eau en milieu urbain, une question délicate où l'exemple de New Delhi est particulièrement significatif. Bien que l'Inde ait fait le choix de la décentralisation de la gestion de l'eau, le statut particulier de New Delhi, capitale de l'Union indienne, lui permet d'obtenir davantage de subventions, si bien que l'eau y est la moins chère de tout le pays (0,021$/m3 contre 0,035$/m3 à Bombay ou 0,034$ à Calcutta). [...]
[...] Le partage des eaux de l'Indus entre l'Inde et le Pakistan est une situation exemplaire des problématiques de l'eau et des sociétés humaines dans le monde indien à l'échelle transnationale, à plusieurs titres. La partition de 1947 entre l'Inde et le Pakistan s'est faite en fonction de critères ethniques et religieux, au mépris des aménagements de l'Indus et de ses affluents édifiés par les Britanniques pendant la période coloniale. La région du Pendjab notamment a été divisée entre les deux pays, si bien que 80% des quantités d'eau du système de l'Indus sont revenus au Pakistan, alors que 20% revenaient à l'Inde. [...]
[...] L'état des accords est aujourd'hui au point mort, et cette situation problématique montre qu'il n'existe pas de réelle coopération et de gestion collective à l'échelle du monde indien, ce qui explique en partie la cristallisation de conflits autour de l'eau. À l'échelle régionale, l'eau est aussi un élément de conflit. En effet, la gestion de l'eau est décentralisée en Inde et dépend donc de l'autorité des États fédérés. Le Karnataka et le Tamil Nadu au sud de l'Inde se disputent la quantité d'eau que chacun doit recevoir du fleuve Cauvery, ce qui favorise la montée des tensions entre les populations des deux États. [...]
[...] La répartition de l'eau dans le monde indien est inégale. Cette articulation entre abondance et rareté explique en partie pourquoi l'eau est un enjeu dans le monde indien et source de conflits à la fois entre les pays et entre différentes régions d'un même État. La situation problématique entre l'Inde et le Bangladesh vient illustrer l'un des aspects majeurs de la gestion de l'eau dans le monde indien. En effet, le Bangladesh partage avec l'Inde le delta du Gange et Brahmapoutre, qui est la région la plus densément peuplée du monde avec plus de 1000hab/KM². [...]
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