Le continent européen sort brisé de la Première Guerre mondiale. « Nous autres civilisations avons appris que nous sommes mortelles », pour reprendre les mots de Paul Valéry. Quatre ans de combats incessants ont laissé l'Europe meurtrie en sa chair. Mais si les peuples européens ont réussi à traverser ces heures sombres, ce n'est qu'en s'accrochant à la promesse d'un nouveau monde, un monde sans guerre. Il s'agit maintenant de la tenir. L'ancien système étant accusé d'être la cause des affrontements, un nouveau doit le remplacer. Il faut faire tabula rasa du passé et donner aux relations entre Etats un sens neuf. Il faut « ouvrir » la diplomatie, pour ne plus jamais revivre l'horreur des tranchées. Ce rôle est attribué à la Société Des Nations (SDN).
Fruit de l'humanisme des Lumières et des « 14 points » de Wilson, la SDN entre en vigueur avec la signature du Pacte de la Société des Nations, le 28 avril 1919. Basée à Genève, elle est voulue comme être la source, le moyen et la fin de la paix continuelle. Son avenir sera moins glorieux. Certes, la SDN permet l'accomplissement, pendant quelques temps du moins, d'avancées diplomatiques indubitables. Le multilatéralisme pour ne citer que lui. Mais elle est rapidement rattrapée par ses contradictions internes et son impossibilité de faire face aux nationalismes de l'après-guerre.
La SDN est une arène diplomatique, et cela, sous un double aspect. « Arène » parce qu'elle est le centre d'affrontements continus. Les représentants nationaux s'y jugent, s'y opposent, y combattent, avec des mots à la place des armes. « Arène » parce qu'elle est aussi un spectacle, le théâtre d'un jeu subtil entre acteurs plus ou moins talentueux. Ces deux visages de la SDN, qui auraient dû être conditions de réussite, vont peu à peu être les déterminants de son échec. En déviant, ils vont laisser réapparaître, dans le champ diplomatique, intérêts personnels et superficialité.
Nous nous intéresserons donc successivement à l'aspect « concentration des bellicismes » de la SDN (I), qui effectue dans son agencement aussi bien un déplacement des champs de bataille (A) qu'une réorganisation des intérêts en présence (B) ; puis, à l'aspect « spectacle » qu'il existe en son cœur (II), dans le rôle qu'il donne à l'opinion publique (A') et l'importance qu'il accorde à l'apparence (B').
[...] Mais c'est sans compter le courant belliciste qui prend corps après la signature des traités de paix. Peu, même parmi les vainqueurs, sont vraiment satisfaits de ces derniers. Les Italiens, notamment les Irrédentistes, crient à la victoire mutilée Les Allemands, de leur côté, parlent de Diktat Le traité de Versailles a trahi les espoirs formés dans la boue des tranchées par les combattants. Pourquoi en serait-il autrement de la SDN ? Si l'on parle de ses actions, peu de crédit est vraiment accordé à la SDN. La SDN, c'est loin et lointain. [...]
[...] Une enceinte, des opposants : la catharsis des passions diplomatiques A. Un déplacement des champs de bataille B. Influences et intérêts : les luttes de pouvoirs II. Un décor, des acteurs : le spectacle des relations internationales A. L'opinion publique, spectateur du jeu diplomatique B. Une question d'apparence : lorsque le vernis craque I. Une enceinte, des opposants : la catharsis des passions diplomatiques La Société des Nations a été organisée comme une soupape de sécurité, une échappatoire possible aux tensions à l'œuvre dans les relations entre Etats. [...]
[...] Et ce n'est pas elle qui semble en mesure de fournir la paix voulue par chacun, la paix pour le sang versé. B. Une question d'apparence : lorsque le vernis craque Finalement, la SDN se met en place car on ne trouve, à ce moment-là, rien de mieux à faire. Il n'y derrière les 14 points de Wilson qui avaient soulevé tant d'espoirs, qu'un imbroglio de concepts abstraits et obscurs, que l'homme s'est bien gardé de véritablement éclaircir. On parle de liberté des personnes, des capitaux, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, etc. [...]
[...] La même année, Mussolini attaque l'Ethiopie au nom de la grandeur italienne. Il n'est plus question de faire semblant de rester dans les formes. On peut dire que la Société Des Nations est bel et bien morte, si elle a un jour véritablement existé. Il suffit pour le montrer de souligner les alliances formées, dans la plus pure logique des intérêts nationaux : le pacte d'aide entre la Russie et la France en 1935 et les accords de Stresa entre l'Italie, la France et la Grande-Bretagne, la même année. [...]
[...] La SDN est une arène diplomatique, et cela, sous un double aspect. Arène parce qu'elle est le centre d'affrontements continus. Les représentants nationaux s'y jugent, s'y opposent, y combattent, avec des mots à la place des armes. Arène parce qu'elle est aussi un spectacle, le théâtre d'un jeu subtil entre acteurs plus ou moins talentueux. Ces deux visages de la SDN, qui auraient dû être conditions de réussite, vont peu à peu être les déterminants de son échec. En déviant, ils vont laisser réapparaître, dans le champ diplomatique, intérêts personnels et superficialité. [...]
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