« Taiwan », « Chinese Taipei », « Formose », « République de Chine »… que de noms pour une petite île du Pacifique qui compte à peine plus de 20 millions d'habitants ! La situation géopolitique ambiguë de ce pays, qui n'est aux yeux de la communauté internationale ni une Nation ni un Etat, est à l'origine de cette confusion des dénominations.
L'île de Formose, peuplée originellement d'aborigènes, n'a commencée à être colonisée par les chinois qu'au XVIIe siècle : son histoire et sa sinisation sont donc relativement récentes, mais elles n'en ont pas moins été mouvementées. De son rattachement à l'Empire chinois jusqu'à nos jours, Taiwan sera en effet alternativement l'objet, de la part de Pékin, de revendications souvent violentes (face aux hollandais, puis plus tard aux japonais) et d'une indifférence presque totale… Sa situation géographique peut expliquer en partie la distance de cette province particulière vis-à-vis de la cour impériale, ainsi que sa relative autonomie politique. Surtout, la longue domination japonaise de l'île (entre 1895 et 1945) lui a forgé une histoire singulière et a contribué à former une identité taiwanaise distincte de la Chine continentale. Le repli du régime nationaliste de Tchang Kai-Shek à Taiwan en 1949, puis son maintien face à la Chine continentale communiste ont rendu la question du statut politique de Taiwan très épineuse, tout en poursuivant sa construction politique, économique et nationale. Ce paradoxe de « deux Chine », chacune revendiquant la souveraineté sur l'autre, a perduré jusqu'à la démocratisation du régime taiwanais à la fin des années 1980, et a donné lieu à des curiosités, voire à des aberrations géopolitiques sur lesquelles il est intéressant de se pencher. Depuis les années 1990, une partie de la scène politique et de la population taiwanaise revendique l'indépendance face à une République Populaire de Chine (RPC) qui continue de considérer l'île comme une province chinoise, tout en brandissant la menace d'une annexion manu militari… Cette confrontation n'a été qu'aiguisée par l'élection à la présidence de la République, à Taiwan, du démocrate et indépendantiste Chen Shui Bian en 2000. L'année 2008, qui a vu la victoire des nationalistes aux législatives taiwanaises et qui pousse Pékin à la prudence en raison des J.O, est pleine d'incertitudes et de possibilités.
[...] Taiwan est fondamentalement différent de Hong Kong et de Macao. Ce n'est que lorsqu'un système démocratique aura été instauré de part et d'autre du détroit que la paix et la sécurité de l'Asie pourront être garanties. [...]
[...] La question taiwanaise est pour la Chine à la fois un enjeu d'intégrité nationale et de rayonnement international, et donc un objet de préoccupation de plus en plus central de la part des dirigeants chinois. Il existe d'ailleurs une expression consacrée pour désigner le problème taiwanais : Taiwan wenti, le mot wenti signifiant à la fois la question et le problème Cette expression se rencontre le plus souvent ces dernières années, dans les journaux chinois, sous la forme résoudre au plus vite le problème taiwanais (zaori jiejue Taiwan wenti). [...]
[...] Par ailleurs, Taiwan est un centre vital de communications pour tout l'Extrême-Orient, qui permettrait à la Chine de s'assurer le contrôle des couloirs maritimes essentiels. Enfin, Taiwan est la clé d'une défense effective de la côte est de la Chine et d'une avancée chinoise dans le Pacifique. Taiwan est donc un élément central dans l'émergence d'une zone d'influence chinoise, tant militaire qu'économique et culturelle. La promotion d'une sphère culturelle chinoise à l'échelle internationale se fera effectivement d'autant mieux si cette dernière est unie. [...]
[...] Entre libéralisation et crispation, l'amorce de démocratisation : l'ère Chiang Ching-kuo (1975-1988) La succession du généralissime est sans surprise : son fils Chiang Ching-kuo, est élu président du KMT en 1975 puis intronisé Président de la République de Chine par l'Assemblée en 1978. Celui-ci comprend rapidement la nécessité d'assouplir le régime et de le moderniser. L'une de ses premières mesures est de libérer environ 200 détenus politiques, acte qui, en dépit des 254 prisonniers restant incarcérés, annonce une nouvelle donne politique. Au même moment, les premiers articles antigouvernementaux tolérés par le régime sont publiés. Tandis qu'une nouvelle génération de dangwai apparaît, désireuse de contester l'hégémonie du KMT, l'activité politique de l'opposition s'étend. [...]
[...] En 1949, la situation de l'île change encore plus radicalement. En effet, les communistes sortent vainqueurs de la guerre civile qui a opposé, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les nationalistes de Tchiang Kai-shek et les communistes de Mao Zedong. Le 1er octobre la République Populaire de Chine est proclamée par Mao sur la place Tian'anmen, et le 7 décembre le gouvernement de la République de Chine déplace provisoirement son siège à Taiwan. Il n'en partira en réalité jamais. [...]
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