Le Yémen est actuellement dans une situation critique, l'Etat ayant à faire face à trois crises internes majeures – si on met de côté la situation économique plus que préoccupante. Tout d'abord le régime Ali Abdallah Saleh est en confit avec la rébellion houthiste depuis maintenant six ans, conflit de plus en plus meurtrier et généralisé les combats s'étalant progressivement sur de nouveaux secteurs géographiques. De plus, le Yémen est présenté depuis plusieurs années comme le nouveau « sanctuaire » d'al-Qaïda .
Cette opinion maintenant dominante de cibler le Yémen comme la nouvelle base arrière du terrorisme mondial s'est vivement accentué depuis l'unification des branches d'al-Qaïda yéménite et saoudienne dans ce qui est appelé al-Qaïda pour la Péninsule arabique, mais surtout depuis l'attentat manqué de Détroit le 25 décembre 2009.
[...] Le chef de l'Etat ne répond que par la répression et l'autoritarisme ne prêtant aucunement attention aux demandes socio-économiques des régions marginalisés par le pouvoir central. Par cet entêtement et surtout par le népotisme et le clientélisme du régime, Saleh remet même en cause l'unité même du pays, l'Etat ne contrôlant quasiment plus que la capitale et le Yémen se transformant progressivement en collapsed state. Parallèlement, le système démocratique semble être mis de côté depuis plusieurs années. En effet le régime s'est durci remettant en question de nombreuses libertés et multipliant les arrestations arbitraires. [...]
[...] De plus, Saleh a repoussé d'une manière illimitée les élections législatives prévus en 2009. Enfin, dans la lutte pour la succession d'Ali Abdallah Saleh dont un des champs d'action est la lutte contre la rébellion houthiste c'est le fils du président actuel, Ahmad Ali Saleh, chef des forces spéciales et de la garde républicaine, qui semble tenir la barre haute, ce qui enfoncerait encore plus le pays dans le népotisme[8]. Ainsi la formule yéménite de clientélisation de certaines tribus et de partage de la souveraineté avec ces dernières a contribué à une discrimination systématique des régions s'opposant à cette pratique et a remis en cause par le même biais l'existence même de l'entité yéménite. [...]
[...] Ces camps d'été drainèrent quantité d'étudiants de la région de Saada mais aussi de Hajah et d'Amran près de dans le gouvernorat de Saada. Cette explosion du nombre de membres de ces camps s'explique en partie par la percée du salafisme dans ces régions du Nord du Yémen un des objets de la discorde est la construction du centre salafiste de Dammaj vu comme une provocation. Cette école salafiste yéménite développait une rhétorique anti- shiite virulente considérant cette branche de l'islam comme des hérétiques. [...]
[...] En 2001, suite aux attentats du 11 septembre, les houthistes durcirent leur position contre le régime qui devient l'ennemi principal[4]. Ces derniers reprochèrent deux choses au gouvernement de Saleh : le manque de prise de considération des revendications houthistes au niveau social et économique la région du Nord-Ouest a toujours été fortement discriminé étant un des derniers bastions du royalisme mais aussi l'alliance de Saleh avec les Etats-Unis dans leur croisade contre le terrorisme Cette guerre engagée contre le terrorisme mondial par les Etats-Unis et ses alliés est perçu par les Houthistes comme une guerre contre les musulmans du monde entier. [...]
[...] Ces deux imputations semblent toutefois peu crédibles. En effet l'Iran, à majorité peuplé de duodécimains, a adopté une doctrine d'Etat très éloigné du zaydisme yéménite et l'Arabie Saoudite n'a aucun intérêt de voir se développer une rébellion forte à ses frontières. La rébellion houthiste se défend de toutes ces accusations en avançant que ses seuls buts sont davantage de reconnaissances au niveau religieux et de considérations de la part des autorités centrales. Une autre donnée aussi dangereuse que complexe est la prise de plus en plus importante du fait tribal dans ce conflit. [...]
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