« La Méditerranée, c'est mille choses à la fois ». C'est par cette formule que Fernand Braudel résumait la grande diversité qui entoure cet espace géographique complexe. De fait, cette complexité renferme plusieurs facettes. Déjà à l'époque du Haut-Empire (Ier siècle avant JC au IIème siècle après JC), où toutes les régions du bassin méditerranéen étaient soumises au même pouvoir politique et à la même aire de civilisation, la mare nostrum représentait un espace de pluralité qui en fait le berceau de la civilisation occidentale et des trois grandes religions du Livre. Paul Valéry la définit même comme un « espace matriciel, une machine à faire de la civilisation ». La Méditerranée est à la fois une entité géographique marquant le point de rencontre entre trois continents _ européen, africain et asiatique _ et une entité géopolitique qui, prise dans son ensemble, a longtemps attiré les convoitises des puissances hégémoniques.
La Méditerranée a longtemps été soumise aux volontés de puissance des grands pays. Le colonialisme des XIXème et XXème siècles nous renvoie à l'idée d'un impérialisme européen dans la région, qui concerne les deux grandes puissances européennes de l'époque. En effet, la France et la Grande-Bretagne ont rapidement imposé leur influence, au Maghreb pour la première, et dans la partie orientale du bassin méditerranéen pour la seconde. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, France et Grande-Bretagne se partagent ce qui reste de l'Empire Ottoman avec les accords secrets de Sykes-Picot signés en 1916, et dont le découpage arbitraire fut une cause majeure de tensions permanentes dans la région. Après la Seconde Guerre Mondiale, et jusque dans les années 1960, on assiste au mouvement de décolonisation qui marque l'indépendance des pays de la rive Sud. On trouve peut-être ici avec les différences de conditions de vie l'origine de l'inégalité entre les deux rives de la Méditerranée (fracture actuelle Nord-Sud). Le colonialisme en Méditerranée a ainsi été à l'origine d'une certaine crise identitaire qui fait de la Méditerranée une région sensible en termes de sécurité.
Après cette longue période où la Méditerranée se définit par les grandes puissances hégémoniques, elle va ensuite exister « pour » les puissances mondiales. Elle passe un ainsi d'un sujet vassalisé soumis à domination à un sujet extérieur théâtre et acteur stratégique de la géopolitique mondiale. Durant la guerre froide, elle illustre le jeu dialectique des rapports de force et de la rivalité entre Moscou et Washington. En effet, dans une configuration bipolaire du monde, la Méditerranée apparaît comme un acteur stratégique de premier plan des relations internationales (couloir de communication, transit du pétrole, point de contact entre l'Occident et le monde arabe). La Méditerranée est le théâtre de l'interaction rivale entre américains et russes, dont le rideau de fer descend jusqu'aux littoraux méditerranéens. L'OTAN va développer don système de sécurité du « Flanc Sud » dès 1946. Ainsi, les américains installent leur VIème Flotte dans le bassin méditerranéen pour contrer les forces navales soviétiques installées dans les eaux méditerranéennes. Cette importance stratégique va crescendo dans les stratégies des deux blocs : pacte de Bagdad en 1955, crise de Suez en 1956, doctrine Eisenhower en 1957, courses aux armements, alliances stratégiques, exploitation des mouvements de décolonisation par les soviétiques, manœuvres diplomatiques liées aux guerres israélo-arabes. C'est d'ailleurs au cœur de la Méditerranée que la fin de la guerre froide sera proclamée, avec le Sommet de Malte des 2 et 3 décembre 1989.
La Méditerranée a donc toujours été une région convoitée, ce qui en fait une zone sensible où la question de la sécurité revêt une importance capitale pour le futur du bassin méditerranéen. S'interroger sur le thème de la sécurité revient à se poser de nombreuses questions. Quels sont les risques et les dangers qui pèsent sur la zone aujourd'hui ? Devant ces éléments de déstabilisation, comment est traitée la question de la sécurité ?
Pour tenter de répondre aux interrogations suscitées, il faut s'intéresser de près aux éléments de la sécurité en Méditerranée. Face à ces enjeux, il apparaît nécessaire que l'Europe joue un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de politiques de sécurité en Méditerranée.
[...] Approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie Le fondamentalisme se définit par une volonté de retour aux écritures, aux fondements de la religion afin de retrouver sa pureté originelle. Sommet de Thessalonique du 10/12/2003, 15708/03, p Charles-Philippe David, La guerre et la paix. Approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie Méditerranée : Les perspectives du Plan Bleu sur l'environnement et le développement 2005. [...]
[...] La Méditerranée a longtemps été soumise aux volontés de puissance des grands pays. Le colonialisme des XIXème et XXème siècles nous renvoie à l'idée d'un impérialisme européen dans la région, qui concerne les deux grandes puissances européennes de l'époque. En effet, la France et la Grande-Bretagne ont rapidement imposé leur influence, au Maghreb pour la première, et dans la partie orientale du bassin méditerranéen pour la seconde. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, France et Grande- Bretagne se partagent ce qui reste de l'Empire Ottoman avec les accords secrets de Sykes-Picot signés en 1916, et dont le découpage arbitraire fut une cause majeure de tensions permanentes dans la région. [...]
[...] En 1990, s'instaure un processus de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée : les réunions 5+5. Elles réunissent les ministres des Affaires Etrangères notamment sur les questions de sécurité. Elles sont composées pour la rive nord de la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et Malte et pour la rive sud des cinq pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie. Elles permettent d'instaurer un climat de confiance Nord-Sud, et surtout Sud-Sud (ex : apaisement des tensions algéro-marocaines). [...]
[...] Ils ne se sont ni encombrés de l'OTAN en Afghanistan ni de l'ONU pour l'intervention irakienne de 2003. Lors de cette dernière, de vives tensions se sont même manifesté entre les Etats-Unis et d'autres pays européens, au premier rang desquels la France. De fait, le lien euro- atlantique, s'il semble s'être quelque peu renoué depuis, a été sérieusement endommagé, et l'OTAN, comme l'ONU, a souffert une claire délégitimation. Il faut donc à la fois soigner ces liens et mettre en œuvre une volonté politique affirmée afin de donner le poids dont a besoin l'Europe en termes de cohérence et d'efficacité vis-à-vis de ses responsabilités et de ses ambitions. [...]
[...] L'OTAN va développer don système de sécurité du Flanc Sud dès 1946. Ainsi, les américains installent leur VIème Flotte dans le bassin méditerranéen pour contrer les forces navales soviétiques installées dans les eaux méditerranéennes. Cette importance stratégique va crescendo dans les stratégies des deux blocs : pacte de Bagdad en 1955, crise de Suez en 1956, doctrine Eisenhower en 1957, courses aux armements, alliances stratégiques, exploitation des mouvements de décolonisation par les soviétiques, manœuvres diplomatiques liées aux guerres israélo-arabes. C'est d'ailleurs au cœur de la Méditerranée que la fin de la guerre froide sera proclamée, avec le Sommet de Malte des 2 et 3 décembre 1989. [...]
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