Seul pays de l'OPEP en Afrique noire, le Nigeria est le premier pays africain producteur de pétrole. L'essentiel de ses ressources énergétiques est concentré dans le Delta du Niger, un bassin prolifique, débordant sur les territoires du Cameroun, de la Guinée équatoriale, et de Sao Tomé et Principe. Notons qu'il faut distinguer le delta « géographique » du Niger du delta « politique », le premier correspondant à la basse plaine du fleuve Niger, le second faisant référence au regroupement des Etats nigérians riches en ressources énergétiques.
Le delta du Niger compte environ 10 millions d'habitants – c'est l'une des zones rurales les plus peuplées du Nigeria – répartis en une quarantaine d'ethnies et de sous-groupes ethniques. Bénéficiant d'une grande biodiversité, le delta est riche en ressources naturelles mais surtout en hydrocarbures. Le Nigeria est ainsi devenu le 6ème producteur de l'OPEP et 90% du montant des exportations nigérianes est du au pétrole.
Produisant près de 2,5 millions de barils par jour, les réserves pétrolières du Nigeria sont aujourd'hui estimées à environ 30 milliards de barils, ce qui laisse présager un avenir économique de qualité pour le pays
Or, il n'en est rien. Bien que stratégique, le Delta du Niger est une région secouée par des violences récurrentes, qui ont conduit à une véritable dégradation de la situation dans le Delta : celle-ci s'explique – entre autres – par les visions divergentes des communautés ethniques, de l'Etat et des compagnies pétrolières sur l'utilisation et l'exploitation des ressources énergétiques.
La pauvreté, la captation des bénéfices de l'exploitation de l'or noir, l'utilisation de la force par l'Etat, le recours à l'armée, le chômage, … sont autant d'éléments qui expliquent la tension des rapports entre les différents acteurs en présence.
Nous pourrions même parler de guerre civile pétrolière : chaque acteur souhaite tirer la plus grande part de bénéfice de l'exploitation pétrolière, au détriment des peuples, ou au profit de l'Etat nigérian et des majors.
Ainsi, en quoi l'exploitation des ressources énergétiques dans le Delta du Niger concourt-elle à une violence permanente et à une insécurité grandissante dans la région ?
C'est pourquoi nous verrons que le Delta du Niger est un véritable paradoxe : il est le détenteur de la principale richesse du pays, mais est aussi marqué par une pauvreté persistante et une violence continue, où la rente pétrolière n'a fait qu'alimenter les conflits entre communautés, et entre communautés, compagnies pétrolières et Etat, au lieu de bénéficier à son essor.
[...] Le MOSOP est rapidement devenu un mouvement de contestation de masse, si bien qu'en 1993, il contraint la compagnie Shell à cesser ses opérations sur l'Ogoniland. Le MOSOP fut déstabilisé par la pendaison de l'un de ses leaders, l'écrivain Ken Saro Wiwa, ainsi que celle de huit autres de ses compagnons ; cela aboutit à une scission du mouvement. Cette exécution marqua néanmoins un durcissement du mouvement. En 1992, fut créé le Congrès national Ijaw, dont la charte dresse des exigences semblables à celles du MOSOP. [...]
[...] Le cas du Delta du Niger est flagrant. Les minorités ethniques, faiblement représentées au niveau politique, sont totalement spoliées et abusées tant par l'Etat que par les compagnies pétrolières. En effet, elles ne parviennent pas à obtenir les bénéfices de l'exploitation pétrolière, qui permettraient entre autres de leur assurer un niveau et des conditions de vie acceptables et de compenser les dégâts environnementaux et sociaux causés par l'extraction pétrolière. En outre, ces minorités sont privées de la jouissance des profits et même de l'exploitation des ressources de leur sous-sol. [...]
[...] - Un panel de revendications Pauvreté et environnement sont au cœur des revendications des minorités ethniques du Delta du Niger. L'Association Of Minorities Oil States (AMOS) estime que tant que l'exploitation pétrolière perdurera, le risque environnemental n'en sera qu'accentué. De même, l'Ijaw Youth Council l'Environmental Right Action (ERA) et le Forum des Gouverneurs de la Région Sud souhaitent la mise en place d'un système de redistribution plus favorable aux minorités du Delta et d'un système de dédommagements des dégâts causés par l'extraction pétrolière. [...]
[...] Dans un tel cas, la force publique a pour mission de protéger en priorité les intérêts privés dans le cas du Delta, ceux des majors et des dirigeants corrompus. - Complexes pétro-sécuritaires. Le Nigeria est un exemple emblématique parmi tant d'autres de la connivence et de la confusion entre intérêts publics et intérêts privés. La corruption omniprésente, l'intrusion des militaires dans les milieux d'affaires et la suprématie de l'Etat sur le secteur pétrolier conduit les multinationales à se ghettoïser et à se sécuriser davantage ; Cela a été possible grâce au soutien de l'Etat, qui n'a pu se résoudre à se passer de sa principale source de revenus. [...]
[...] Aucun plan d'aménagement global efficace n'a été mis en place dans le Delta, ce qui témoigne de l'indifférence totale des autorités en ce qui concerne le devenir des ethnies qui y sont présentes. A. Toute puissance des majors et convergence d'intérêts avec le pouvoir central Le Delta est source de nombreuses convoitises. Parce que puissantes et riches, les compagnies pétrolières dominent largement la région. Parce qu'à l'affût d'un profit toujours plus grand, l'Etat y est omniprésent. Pour y préserver leurs intérêts, Etat et compagnies pétrolières sont devenus des colocataires complices. [...]
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