Analyser l'attitude française vis-à-vis du conflit rwandais, c'est surtout décrypter une certaine représentation du théâtre africain où, cette fois, les préoccupations plus ou moins dévoyées de Realpolitik portées par le cercle traditionnel des acteurs de la « Françafrique » côtoient de multiples erreurs d'analyse fondées en partie sur ce que Gérard PRUNIER qualifie de « complexe de Fachoda »… Certes, le mécanisme infernal menant au génocide est en grande partie un produit dérivé de l'histoire coloniale du Rwanda. Certes, l'impossible réconciliation entre les acteurs du conflit recèle des causes profondes qui sont essentiellement locales. Mais si, pour faire bref, ce n'étaient pas des Français qui, en avril 1994, « tenaient les machettes », l'attitude des décideurs hexagonaux, leurs erreurs d'analyse et leurs ambiguïtés, soulèvent des questions sur la nature et les supports d'une certaine « politique africaine » de la France…
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[...] C'est-à-dire le mandat excluant l'usage de la force autrement qu'en cas de légitime défense, ce qui rendra la MINUAR totalement impuissante au moment du génocide. Il est seulement concédé à la MINUAR une contribution à la sécurisation de la capitale ! Suite à la mort tragique de 18 rangers dans une opération de police, qui avait tourné à la guérilla urbaine, les Etats-Unis avaient mis fin un an plus tôt à l'opération Restore Hope en Somalie Le 21 juin 1994, le journal Libération publie un article, dans lequel un vétéran des escadrons de la mort de l'Akazu révèle qu'il a été entraîné par des instructeurs français. [...]
[...] Ce type de préjugés et de comparaisons inappropriées est symptomatique des 7000 kilomètres qui séparent Paris de Kigali. Un voile d'ignorance qui n'a pas été levé par les diplomates français en poste au Rwanda : ceux-ci n'ont pas perçu, au-delà des subtilités de l'histoire locale, la problématisation raciale de la question tutsie et n'ont pas su déceler la véritable nature de l'idéologie officielle du Rwanda, porteuse d'autoritarisme, de ségrégation raciale et de violence politique II dans le conflit (1990-1994) Le 2 octobre 1990, le Président Mitterrand, informé de l'offensive rebelle en territoire rwandais, décide immédiatement l'envoi de troupes françaises pour soutenir les forces armées gouvernementales. [...]
[...] Abondamment relayée par les médias nationaux, l'avantageuse posture internationale de la France n'efface alors que temporairement le flou de sa démarche au Rwanda depuis 1990. Certes, selon le mot du Secrétaire Général des Nations-Unies de l'époque Boutros Boutros Ghali, l'opération a permis de réduire l'ampleur de la tragédie humaine et de mettre un frein aux tueries, dans la mesure où elle a tenu cette zone à l'abri des derniers affrontements militaires et empêché l'exode de près d'un million de personnes. [...]
[...] La marche au génocide Ainsi, suite à la première offensive du FPR, les Tutsi de l'intérieur sont de nouveau pris pour cibles, alors que les premières années du régime Habyarimana avaient pu laisser augurer une normalisation progressive de leur situation. Ils s'étaient vus ouvrir le secteur privé, où un certain nombre d'entre eux avaient réussi à prospérer ; cependant, la sphère politique, réduite aux cadres du parti unique, restait une chasse gardée hutue tandis que leur accès à l'enseignement supérieur, à la fonction publique et à l'armée était entravé par une politique très stricte de quotas. [...]
[...] Il semble bien que les Etats-Unis, alliés stratégiques du régime museveniste, aient fourni tout au moins un appui technique à la rébellion FPR Le régime rwandais est aussi plébiscité par le mouvement démocrate- chrétien, notamment en Belgique, ainsi que par les ONG catholiques, en raison notamment de la place éminente de l'Eglise dans la société rwandaise. Rapport de l'ambassadeur de France Georges Martres au Quai d'Orsay octobre 1990 au matin. En réalité, l'opération a été montée de toutes pièces par le président Habyarimana, pour influencer l'attitude de Paris et mener des purges Durant cette nuit, des milliers de coups de feu sont tirés dans la capitale rwandaise, laissant croire à une attaque de la capitale par les rebelles. [...]
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