La Russie n'est plus une grande puissance. Que ce soit au sein de l'espace anciennement soviétique, dans ses relations avec les Etats-Unis et les pays européens, au Proche-Orient ou ailleurs, depuis maintenant plusieurs années, les déboires se multiplient. En dépit des efforts qu'elle déploie, elle ne parvient pas à empêcher le recul de ses positions internationales
[...] Agitant la menace du chaos pour amener les pays occidentaux à le soutenir et à l'aider, le Kremlin a adopté une approche que cet historien résume ainsi: "aidez-moi ou je m'écroule". Il a défini une politique étrangère qui est une "tyrannie du faible" mettant en place une coopération avec le monde occidental en projetant l'image d'une Russie dangereusement faible et risquant d'exporter ses problèmes à l'étranger. A cette perception de la Russie est liée toute une série d'initiatives. Toutes montrent que celle-ci, si elle n'a pas aujourd'hui la capacité d'imposer sa volonté aux autres, n'est pas traitée dans la vie internationale comme n'importe quel Etat. [...]
[...] L'empire a cessé d'exister et la Russie n'entend pas le reconstituer. En revanche, elle s'efforce de bâtir un système d'alliances qui lui permettra de rester une grande puissance et d'éviter le sort commun des empires disparus. Car la Russie demeure potentiellement une grande puissance, conservant certains moyens d'action lui permettant de peser sur la vie internationale: son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, la profondeur de son territoire, sa position géostratégique, ses ressources naturelles, sa capacité nucléaire, sont autant d'éléments qui viennent s'ajouter au souvenir de sa puissance passée pour justifier le traitement particulier dont jouit aujourd'hui ce pays sur la scène internationale. [...]
[...] L'analyse de sa situation intérieure révèle pourtant qu'elle n'a pas à l'heure actuelle les moyens de ses ambitions impériales. Malgré les récents succès de Poutine Il est important de noter que Poutine a caractérisé sa politique étrangère comme devant être fondamentalement "pragmatique", c'est-à-dire définie en fonction des ressources dont dispose la Russie. Conscient des faiblesses du pays, Poutine a fondé le retour de la Russie sur la scène internationale sur une stratégie de sortie de crise, dans trois directions principales: D'abord, la restauration de l'Etat. [...]
[...] Parallèlement, Moscou continue de produire du plutonium enrichi à usage militaire: 2.5 tonnes/an. Les stocks russes de matière fissile restent impressionnants: 100 tonnes de plutonium tonnes d'uranium. Dans leur politique de sécurité, les pouvoirs russes mettent aujourd'hui l'accent sur le facteur nucléaire: dès 1993, dans sa première doctrine militaire, la Russie mettait en exergue l'importance se la dissuasion nucléaire et renonçait à l'engagement de ne pas employer en premier l'arme nucléaire. Le projet de doctrine militaire et le Concept de sécurité nationale adopté en janvier 2000 affirment la nécessité de poursuivre la modernisation des forces de dissuasion nucléaire: il a été décidé que 30% des fonds d'acquisition d'armements leur seront consacrés. [...]
[...] Poutine est loin d'être parvenu à redonner la Russie les moyens de ses ambitions impériales. La restauration de l'Etat est encore très incomplète, dans la mesure où les structures du pouvoir sont traversées par des luttes de clans et gangrenées par la corruption. De nombreux facteurs de déstabilisation contribuent par ailleurs à affaiblir l'Etat: séparatismes, armée en décomposition, développement du crime organisé, etc. Si la situation économique du pays s'est incontestablement améliorée, la Russie demeure un nain économique. Son PIB, son poids dans le produit intérieur brut mondial, sa place dans les échanges commerciaux, sont loin d'être ceux d'une grande puissance. [...]
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