La tradition impérialiste de la Russie s'est exprimée depuis le XVIe siècle et a été alimentée durant la période soviétique avec la notion d'États satellites. Elle n'a été remise en question qu'avec la souveraineté retrouvée des nouvelles républiques. C'est alors qu'est apparue la doctrine de l'« étranger proche », concept utilisé pour la première fois par le ministre des Affaires étrangères Kozyrev en 1992 pour désigner la zone géopolitique d'intérêt vital pour la Fédération de Russie. Dans ce contexte, on peut se demander en quelle mesure la déclaration de Boris Eltsine en 1991 selon laquelle « la période impériale de l'histoire russe est terminée ; il n‘y aura jamais plus de violence et de subordination » est révélateur des rapports qui lient la Russie à son étranger proche.
[...] Par son intervention armée en Tchétchénie, la Russie a ensuite fait reposer sa domination militaire sur la lutte antiterroriste. Néanmoins, la fin des années 1990 a été marquée par un affaiblissement du leadership régional russe, duquel a résulté une quasi-disparition de la notion d'étranger proche à partir de 2000. II. Les recompositions internes et externes à l'étranger proche affaiblissent la puissance russe dans sa zone d'intérêts vitaux Les insubordinations de certains pays ont conduit à une radicalisation des réponses russes Les recompositions internes dans l'étranger proche se manifestent à plusieurs égards : Le retrait de la Géorgie, de l'Azerbaïdjan et de l'Ouzbékistan du traité de Tachkent en 1999 a marqué un échec de la stratégie de coopération commune. [...]
[...] Elle n'a été remise en question qu'avec la souveraineté retrouvée des nouvelles républiques. C'est alors qu'est apparue la doctrine de l'« étranger proche concept utilisé pour la première fois par le ministre des Affaires étrangères Kozyrev en 1992 pour désigner la zone géopolitique d'intérêt vital pour la Fédération de Russie. Dans ce contexte, on peut se demander en quelle mesure la déclaration de Boris Eltsine en 1991 selon laquelle la période impériale de l'histoire russe est terminée ; il aura jamais plus de violence et de subordination est révélateur des rapports qui lient la Russie à son étranger proche. [...]
[...] L'institutionnalisation, avec la Charte de Yalta de 2002, d'une coalition de pays réfractaires à la doctrine de l'étranger proche a représenté une étape symbolique de rupture. L'organisation pour la démocratie et le développement économique - GUAM, qui regroupe la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie, dès 1996, affiché clairement son attachement aux valeurs occidentales puis plus spécifiquement de l'Union Européenne. Les Révolutions de couleur en Géorgie (2003), en Ukraine (2004) et au Kirghizstan (2005), ont renversé des pouvoirs autoritaires qui entretenaient des relations soutenues avec Moscou. [...]
[...] Mais la violence et la subordination imposées aux pays de l'étranger proche pour soutenir ce statut de puissance empêchent une relation sous l'angle de la coopération. Dès lors, le retournement progressif de ces derniers vers l'occident semble inévitable et est en passe de réduire à une domination symbolique le rôle de la Russie dans sa zone d'intérêts vitaux. Dans la dynamique de la résolution de la crise géorgienne de 2008, l'Union Européenne est appelée à devenir un médiateur privilégié pour la région. [...]
[...] Les enjeux énergétiques régionaux ont fait en outre apparaitre une concurrence stratégique de la Russie dans son étranger proche. Moscou conserve un accès privilégié aux ressources pétrolières et gazières de la mer Caspienne. Par le contrôle d'un réseau d'oléoducs et gazoducs stratégiques qui transitent par les pays amis et évitent les zones sensibles de la CEI, la Russie peut définir de nouveaux tracés d'exportation (vers l'Iran notamment). Toutefois, la position stratégique de la Russie est concurrencée par plusieurs acteurs : L'Azerbaïdjan et le Kazakhstan se tournent vers les pays occidentaux pour la gestion pétrolière. [...]
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