Le retour de la Russie dans le jeu international est un lieu commun de l'histoire contemporaine des relations internationales. Déjà en 2003, les économistes de la banque d'investissement Goldman Sachs plaçaient la Russie parmi les cinq pays (ré)émergents ou pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) dont les économies devraient dominées le monde d'ici 2050. Le pouvoir économique étant potentiellement source de pouvoir politique, ces mêmes pays sont appelés à jouer un rôle croissant dans les affaires internationales lors des années à venir.
La Russie tente de définir sa nouvelle posture dans un monde qu'elle perçoit en recomposition et dont les caractéristiques selon elle sont l'affaiblissement américain, le repli et la faiblesse de l'Union européenne, l'émergence de nouveaux géants et l'enjeu croissant de la sécurité énergétique dans les relations internationales.
La Russie se veut être un « catalyseur de changements positifs dans le monde d'aujourd'hui » (Sergueï Lavrov, 18/01/07), mais ses « méthodes parfois brutales » (Sarkozy) laissent perplexe les dirigeants étrangers. En effet, ce « retour » de la Russie est source de fierté pour les citoyens russes, mais il suscite aussi interrogations et inquiétudes parmi les hommes politiques et les opinions étrangères, notamment en Europe et aux États-Unis.
Ces angoisses sont liées à la nature de ce retour : est-ce une volonté de restaurer l'empire déchu ou bien de jouer un nouveau rôle au sein d'un monde multipolaire basé sur la coopération ?
[...] Cette vision eurasiatique se justifie par la géographie et l'Histoire du pays. Historiquement la Russie s'est toujours considérée investie d'une mission particulière conférée par Dieu : celle de lien entre Orient et Occident. En 1881, le célèbre romancier russe Dostoïevski s'adressant au peuple russe, affirmait que L'Asie est notre débouché d'avenir, c'est là qu'est notre richesse Plus récemment on doit à Evguenii Primkov, conseiller de Poutine cet effort asiatique de la politique étrangère russe. Bien sûr cette identité asiatique connaît ses limites. [...]
[...] L'UE, et plus encore les compagnies américaines d'hydrocarbures et l'OTAN sont perçues comme des menaces à l'influence russe. Pourtant, la Russie tente de redéfinir ses rapports avec ses anciens adversaires : l'Ouest (Europe et Etats-Unis) tout en (re)nouant des liens avec les autres régions du monde dans le but d'affirmer son statut d'acteur central du mondial multipolaire. A - Renouer avec les ennemis d'hier L'Europe : le dilemme russe et la stratégie de la division Le 25 septembre 2001, lors d'un discours célébrant les 300 ans de la fondation de St Petersburg, le Président Poutine a affirmé que la Russie est partie intégrante de l'Europe Bien que la Russie se considère comme un pays européen, l'accent est aussi mis sur sa particularité euro- asiatique. [...]
[...] En 1993, la Charte de la CEI est signée et définit cette organisation comme une association volontaire d'Etats souverains et égaux Il s'agit pour les anciennes républiques soviétiques d'amorcer un divorce pacifique. Mais la Russie entend demeurer un acteur de poids, elle voit dans la CEI un processus de désunion et d'union des Républiques (B. Eltsine). Cependant durant les années 90, la Russie considère les anciennes républiques comme un fardeau. Alors que le pays est engagé dans la voie de l'occidentalisation et de la modernisation, les liens avec les anciennes républiques semblent lui couter cher. [...]
[...] La Russie comme l'Inde ont en effet des problèmes quasi similaires dans certaines régions de leur territoire (Cachemire Tchétchénie). On voit là se dessiner le triangle russo-sino-indien qui représente 40% de la population mondiale ( 2.5 milliards d'habitants), sur le plan économique il s'agit de trois marchés émergents, et d'un point de vue militaro- stratégique, ces trois pays détiennent l'arme nucléaire et deux d'entre eux sont membres permanents au Conseil de Sécurité de l'ONU. Cette politique asiatique de la Russie a deux objectifs principaux : tout d'abord, contenir l'émergence économique et militaire de la Chine, et dans une moindre mesure celle de l'Inde. [...]
[...] La Russie tente de réaffirmer sa puissance de niveau mondial. Cela passe logiquement par l'affirmation d'une influence régionale composée d'alliés, de soutien économique et géostratégique. D'autant plus que la Russie se sent investie d'une responsabilité particulière envers ces anciennes républiques associées. La Russie est le plus grand pays de l'ex-URSS et a véritablement hérité du statut de l'ancienne puissance soviétique. La Russie a obtenu un siège permanent au Conseil de Sécurité à l'ONU et est la seule ex-République soviétique à avoir conservé les armes nucléaires que détenait l'URSS. [...]
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