« Puissance d'hier, puissance de demain ? », « la fin d'une époque ? », « un nouvel aplomb sur la scène internationale ? », ces questions que j'ai croisées tout au long de mes recherches en disent long sur la fascination teintée de méfiance qu'exerce la Russie sur les analystes occidentaux. Ce « retour » est ainsi admis, bien sûr en Russie mais aussi dans l'ensemble des pays occidentaux, qui composent désormais avec une puissance russe renouvelée, politiquement plus forte, économiquement de plus en plus solide.
Toutefois, il faut se méfier des surinterprétations faciles de certains journalistes qui annoncent le retour de la guerre froide à chaque rebondissement des relations quelque peu tendues entre la Russie et ses voisins occidentaux. Ainsi, c'est à cette période de l'Histoire qui a suivi la Seconde Guerre Mondiale que le terme de « superpuissance » remonte et fait allusion. Cette notion a été conceptualisée pour la première fois dans un livre publié en 1944 par un universitaire américain W.T.R Fox dans son ouvrage « Superpowers : the United States, Britain, and the Soviet union—their responsibility for peace ». On définit habituellement une superpuissance comme un « Etat dominant la scène internationale par sa puissance et capable d'imposer un modèle idéologique, militaire et économique. » (Encarta). Les seules illustrations unanimement reconnues de ce modèle sont l'URSS et les Etats-Unis de la guerre froide, qui réunissaient les trois conditions : poids idéologique, suprématie militaire et force économique. L'effondrement de l'URSS il y a vingt ans a donné un monde dominé par celle que l'on a appelée « l'hyperpuissance » américaine (définie comme une superpuissance qui aurait perdu son adversaire). Or ce monde semble aujourd'hui se réorganiser ; de nouveaux pôles se sont renforcés, comme l'Union européenne, ou ont émergé au cours de ces dernières décennies, comme la Chine, le Brésil ou l'Inde, comme autant de nouvelles puissances. Le cas de la Russie est assez particulier et c'est à celui-ci que nous allons nous intéresser, pour nous demander si la Russie a aujourd'hui retrouvé sur la scène internationale le poids dominant de son ancêtre soviétique, ce qui nous permettrait de la qualifier de « superpuissance ».
[...] Technologiquement, l'URSS est donc à la pointe et le prouve en lançant par exemple la conquête spatiale en 1957. Nous avons enfin vu que l'économie centralisée de l'URSS permet au pays de se placer en tête de la production industrielle mondiale (jusqu'à juste derrière les États-Unis. Malgré la situation désastreuse dans laquelle se trouve la population à cette époque, que ce soit sur le plan économique que sur le plan des libertés, beaucoup de Russes restent très fiers de leur passé et nostalgiques de ce temps où ils pouvaient faire trembler le monde. [...]
[...] Le Kremlin s'engage dans la voie de la réconciliation avec ses voisins occidentaux, sur des bases pacifistes et libérales. Mais globalement, la Russie s'est à l'époque effacée d'une scène internationale dominée par les États-Unis. Les Russes gardent un souvenir douloureux de cette période, de frustration et d'humiliation, et Boris Eltsine, que les Occidentaux célèbrent en tant que grand réformateur, demeure pour eux celui qui a enterré la fierté et la puissance russes. Les années 2000 marquent néanmoins un tournant dans la politique étrangère russe. En effet, jusqu'alors la Russie cherchait à travailler de concert avec ses partenaires occidentaux. [...]
[...] La Russie est-elle redevenue une superpuissance ? Puissance d'hier, puissance de demain ? la fin d'une époque ? un nouvel aplomb sur la scène internationale ? ces questions que j'ai croisées tout au long de mes recherches en disent long sur la fascination teintée de méfiance qu'exerce la Russie sur les analystes occidentaux. Ce retour est ainsi admis, bien sûr en Russie, mais aussi dans l'ensemble des pays occidentaux, qui composent désormais avec une puissance russe renouvelée, politiquement plus forte, économiquement de plus en plus solide. [...]
[...] La Russie est en effet un acteur qui possède de très nombreux atouts qui la placent favorablement sur la scène internationale. Malgré les pertes dues à la dissolution de l'URSS, son territoire reste immense et fait de la Russie le plus grand pays du monde (17 millions de fois la France). Il faudrait d'ailleurs pas oublier un effet annexe du réchauffement climatique et de la fonte des banquises : la Russie a ainsi planté l'été dernier son drapeau à la verticale du Pôle Nord, s'attribuant une partie des fonds sous-marins ainsi que par avance l'ensemble des ressources qui sont susceptibles d'y être découvertes. [...]
[...] Son arrivée au pouvoir marque incontestablement un revirement de la politique russe, permis par un redressement économique : désormais, l'indépendance devient le maître-mot. Signe fort : pour la première fois, les crédits alloués à l'armée sont augmentés. Les relations avec les États-Unis sont redéfinies, tout comme celles vis-à-vis de l'Union Européenne. Cette dernière était jusqu'alors considérée comme un modèle pour le Kremlin, mais elle apparaît de plus en plus comme un modèle daté, avec son lot de déceptions : la Russie préfère désormais se poser en alternative. [...]
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