A l'heure actuelle, pour un occidental, la situation russe peut apparaître particulièrement difficile à déchiffrer. La vieille peur des rouges héritée de la guerre froide s'est transformée en une inquiétude sournoise quant au devenir de cet immense pays mal connu et mal cerné et aux multiples conséquences d'une dégradation de son climat politique et économique pour les relations internationales. La Russie et-elle encore une grande puissance ? Est-elle une puissance pauvre pour reprendre les termes de Georges Solokoff? C'est-à-dire une puissance qui n'en a plus que le nom, vidée de toute réalité ? Les grandes puissances ne maintiennent-elles pas la fiction de la puissance de la Russie pour maintenir les Russes dans un système d'accords internationaux et limiter l'ampleur des désordres ? Ensuite, il faut s'interroger sur le niveau de cette puissance : la Russie est confrontée aux problèmes qu'ont connu tous les empires, la perte de puissance pour n'être plus qu'un Etat moyen ou une puissance régionale, mais est-elle une grande puissance régionale. Il s'agit ici d'analyser les possibilités de la Russie, son poids sur la scène internationale par analyse de sa situation au regard des critères actuels et traditionnels de la puissance et par rapport à son poids sur la scène internationale et sa politique vis-à-vis de l'étranger proche.
[...] Les rapports de la Russie avec son étranger proche: une puissance régionale ? Faut-il considérer la Russie comme une puissance impériale renaissante et la CEI comme l'instrument privilégié de cette restauration ? (Tous les anciens états de l'ex-URSS en font maintenant partie à l'exception des trois états baltes). Tout d'abord l'accord d'intégration économique signée en 1996 entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan semble dessiner les contours d'un rapprochement global à venir. L'empire a de fait cessé d'exister et la Russie n'entend pas le reconstituer. [...]
[...] L'appareil présidentiel se renforce rapidement, une administration parallèle doublant celle du gouvernement rassemble les conseillers du président, qui ont accès directement à Eltsine. Le processus de désinstitutionalisation a engendré une nébuleuse de centres de pouvoir qui tout à la fois se concurrencent les uns les autres et sont de moins en moins contraints par des cadres légaux. Le développement de la corruption accompagne cette évolution par des pratiques de clientélisme et par la mise en place de mafias et de corruption. Le complexe militaro-industriel Par ailleurs, la puissance peut être définie comme la capacité à imposer sa volonté à autrui. [...]
[...] Elstine a su jouer parfaitement de cela . Cette capacité d'ultime nuisance de la Russie réside dans sa capacité à gêner les Américains dans leurs objectifs. L'intérêt stratégique américain est de ne pas braquer les Russes. Les États- Unis tout en exprimant un désaccord bien diplomatique n'ont jamais condamné l'intervention russe en Tchéchénie. Les États-Unis ont besoin de l'accord de la Russie pour mettre en place son fameux bouclier anti-missile. Cela implique notamment que Moscou accepte une révision du traité antimissile (ABM) signé en 1972. [...]
[...] Aujourd'hui, comment la puissance est-elle entendue ? : un Etat fort est un Etat stable politiquement et fort économiquement. Economiquement, on a vu ce qu'il en était. Si l'on suit la thèse de Jacques Sapir, la démocratie n'existe pas, la profession de foi des libéraux démocrates cache mal l'évolution inquiétante vers l'autoritarisme. Eltsine en arrivant au pouvoir en août 1991, s'affirmait fidèle aux valeurs démocratiques, il voulait liquider définitivement l'ancien régime estimant la perestroïka trop lente et inefficace. En fait, les conflits président/parlement traduisent la volonté de recourir au despotisme éclairé de la part de Eltsine. [...]
[...] A l'Ouest ses anciens amis baltes et ukrainiens pourraient échapper totalement à son orbite en rejoignant les institutions européennes à la suit de leurs voisins polonais ou hongrois. Surtout, la Russie doit compter au sud avec une situation bien plus inconfortable. Les pays riches en hydrocarbure azerbaidjan, turkmenistan, et ouzbekistan misent sur leurs ressources afin d'échapper à l'emprise russe. Il est patent que la Russie a accepté son éviction d'Asie centrale. Mais l'essentiel pour la Russie est d'avoir des frontières sures, celles de la CEI, qui lui permettent de définir une politique étrangère de proximité, fondée sur son statut d'Etat central de la CEI. [...]
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