Il est très loin le temps où Mao Tse-Dong qualifiait l'amitié sino-soviétique « d'indestructible » . Plus de vingt ans plus tard et dans le même contexte international caractérisé par la Guerre Froide, le président Nixon atterrissait en Chine pour permettre le début de la normalisation des relations sino-américaines.
En apparence, la politique étrangère de la République populaire de Chine depuis 1949 se caractérise par une absence de continuité. D'abord unie de toutes ses forces au leader Soviétique, elle a évolué dès les années 1960 vers un rapprochement plus atlantiste qui aujourd'hui encore se fait ressentir : le bouleversement important du système mondial semble avoir dépassé le poids des doctrines idéologiques. Cependant, on trouve à travers les relations qu'elle a mené avec les deux grandes puissances, des préoccupations exclusivement sino centré et un objectif essentiel qui est celui d'assurer la préservation de la « souveraineté nationale » . Les contacts nécessaires au développement, la nécessité d'importer la technique occidentale pour enrichir le pays et renforcer l'armée ne doivent en aucun cas passer outre la préservation de « l'âme chinoise »2, véritable moteur de sa diplomatie. Il s'agit donc de lutter contre tout universel, contre tout véritable ancrage international pour mieux affirmer son unicité et sa particularité.
De 1949 à nos jours, le système international a considérablement évolué. D'une bipolarité avec d'une part, un camp Est mené par les Soviétiques et d'autre part, un camp Ouest conduit par les Etats-Unis, nous sommes passés à une unipolarité américaine.
Le particularisme du système de penser chinois se retrouve donc essentiellement à travers les relations qu'il a entretenu avec l'URSS dans les années 50-60 et avec les Etats-Unis depuis 1972. Leur étude nous permet alors de définir la diplomatie chinoise : dans quelle mesure peut-on alors affirmer que les différents gouvernements mis en place à Pékin ont été confrontés, à la fois à la nécessité de développer les liens avec un étranger source d'intérêts indispensables au développement et à la survie de la Chine, et à la volonté de limiter au maximum toute influence extérieure ?
D'une manière plus générale, nous nous attacherons à démontrer à travers ses relations avec l'URSS entre 1950 et 1960 (I) et avec les Etats-Unis depuis 1972 (II) que la Chine entretient une diplomatie entre le pragmatisme et la méfiance.
[...] Au-delà d'une stricte étude de la Chine, cet exemple nous montre que la politique étrangère est très souvent orientée en fonction de l'intérêt principal que se fixe un Etat. Enfin, l'hyperréalisme de la diplomatie chinoise reconnaissant l'importance des liens avec les Etats-Unis s'est confirmé dans sa recherche affirmée d'une solution pacifique au problème posé par le programme nucléaire nord- coréen et dans la prise de position de la Chine face la guerre en Irak[11]. La médiation avec la Corée du Nord s'est effectuée par une visite officieuse de M. Qian Qichen, architecte de la nouvelle diplomatie chinoise à Pyongyang, pour inciter le gouvernement à négocier avec les Etats-Unis. [...]
[...] Il est clair qu'elle se pose ici en aval de la diplomatie américaine, caractérisant une volonté chinoise d'avoir une place qui est la sienne au sein du système international. L'obstination avec laquelle l'Amérique peut prescrire publiquement ses conditions est alors ressentie en Chine comme l'expression d'une prétention à convertir la société chinoise aux valeurs américaines -autrement dit comme un désir de l'humilier. Dès lors, sous l'aspect hyperréaliste de sa diplomatie, on perçoit de multiples manifestations d'une méfiance à l'égard de ces ennemis alliés que sont les Etats-Unis. [...]
[...] La révolution culturelle avait dévasté l'économie et avait porté gravement atteinte aux intérêts de la bureaucratie et à ceux de la population. Pour le gouvernement, promouvoir le développement économique était considéré comme un intérêt vital pour le pays. Ce pari économique correspondait donc à la préservation de bonnes relations avec les Etats-Unis qui détenaient la technologie avancée. En vertu du besoin de se ressaisir économiquement, la Chine fit donc des compromis sur des questions importantes comme l'acceptation de la vente d'armes des Etats-Unis à Taiwan. [...]
[...] Celui- ci fut d'autant plus renforcé lorsqu'elle se prêta à la signature de l'armistice de Panmunjom le 23 juillet 1953. Alors que la tradition chinoise prônait un idéal d'unicité et de particularité, l'Empire du Milieu c'était tout de même allié avec l'Urss, traduisant ainsi sa vision internationale du monde et le réalisme de la diplomatie chinoise. Néanmoins, pour les dirigeants chinois l'égalité de statut, le refus farouche de s'incliner devant les prescriptions de l'étranger, sont un impératif moral Dès 1956, l'Urss s'imposait de manière trop excessive pour que les relations sino-soviétiques restent stables. [...]
[...] Rupture et continuité de la diplomatie chinoise de 1945 à nos jours Introduction I. De l'alliance au divorce sino-soviétique A. Le choix du camp Est ou la survie de la République Populaire de Chine B. La montée d'une méfiance et le divorce sino-soviétique II. Chine et Etats-Unis : des ennemis alliés A. Un hyperréalisme au service des intérêts nationaux B. [...]
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