L'OTAN contribue à façonner la structure sous-jacente des relations internationales (I). A cet égard, il est révélateur de la domination de la dernière superpuissance, les Etats-Unis : l'OTAN, sous influence américaine, devient un instrument souple et particulièrement efficace pour défendre les intérêts de ces derniers (II)
[...] L ‘essence même du rôle de l'OTAN a subi de profondes modifications, sous la pression des événements. L'adoption en moins de dix années (1990 et 1999) de deux " concepts stratégiques c'est-à-dire de véritables chartes d'actions, est significative des difficultés rencontrées par l'Alliance pour s'adapter au nouveau contexte international. Ces concepts, en outre, se caractérisent par une imprécision croissante : au rigide article 5 se substitue ainsi une charte de principes moraux et politique contre l'instabilité, qui fait succéder à la prévention de la guerre la préservation de la paix, et à la confrontation la coopération. [...]
[...] La réflexion relative à l'avenir de l'OTAN peut dès lors se résumer à une seule question : l'intervention en ex-Yougoslavie fut-elle une exception ou un précédent ? Le nouveau concept stratégique de l'OTAN va probablement ouvrir une nouvelle ère diplomatique. Deux grandes perspectives semblent s'imposer. La plus optimiste envisage le rôle de l'OTAN comme le bras armé de l'ONU, véritablement au service de la stabilité internationale : le rêve d'un Grotius, d'un Pufendorf ou d'un Wilson d'établir une société internationale, fondée sur le Droit, pourrait ne plus être qu'une simple utopie, si ce Droit est enfin appliqué, y compris par la force légitime. [...]
[...] Les ministres des Affaires étrangères se sont proposés de soutenir, au cas par cas, les activités de maintien de la paix entreprises sous la responsabilité de l'Organisation pour la Sécurité et de Coopération en Europe (OSCE).La réitération de cette initiative dans un délai très restreint (décembre 1992) et dans une toute autre ampleur, avec l illustre la volonté de plus en plus explicite de sortir des limites du Vieux continent, et à moyen terme d'affirmer sa vocation planétaire. L'intervention en Bosnie-Herzégovine, à l'initiative de l'ONU, dans une " hors-zone témoigne de cette réorientation stratégique fondamentale. Une seconde étape, autrement plus lourde de conséquences, risque d'être franchie en avril 1999 : les Etats-Unis souhaitent imposer, en dépit de la farouche hostilité russe, chinoise, et, dans une moindre mesure, française, dans le nouveau concept stratégique, la simple évocation de la charte des Nations-Unies, et non plus un mandat explicite, pour agir. [...]
[...] A ceci vient s'ajouter des motifs purement stratégiques : l'OTAN, sans l'extraordinaire puissance militaire américaine, serait d'une efficacité bien moindre. Les Etats-Unis sont la base même de l'organisation car eux seuls détenaient le " parapluie nucléaire " jusque en 1952, et continuent à être la plus puissante armée du monde. Enfin la structure même de l'Alliance favorise cette prédominance. L'OTAN n'étant pas une organisation supranationale, aucune décision n'est imposée aux Etats membres : ces derniers doivent se concerter, ce qui est davantage propice aux rapports de force, dans lesquels les Etats-Unis tirent bien évidemment leur épingle du jeu. [...]
[...] Le Secrétaire d'Etat William Cohen résume la stratégie des Etats-Unis par la formule " No Peer pas de puissance comparable. Il énonce les éventuelles rivales : la Chine, l'Inde, la Russie et l'Union européenne. Seuls quatre des membres de cette dernière (l'Autriche, l'Irlande, la Suède et la Finlande) n'appartiennent pas à l'OTAN. Cette participation ainsi que l'absence de politique de défense commune, pourtant prévue par le Traité de Maastricht de 1992, offre la possibilité aux Etats-Unis d'entraver la volonté européenne, notamment française. [...]
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