L'Iran fait aujourd'hui, à tort ou à raison, peur à l'Occident. Menace nucléaire, suspections de manquements démocratiques ou encore arrogance diplomatique : les raisons de la discorde ne manquent pas du point de vue occidental. Pourtant, une trentaine d'années auparavant, les relations entre Occidentaux et Iraniens étaient bien plus cordiales.
Téhéran comptait même parmi les plus précieux alliés de Washington. Comme un symbole, le 31 décembre 1977, Jimmy Carter et Mohammea Reza Shah célébraient ensemble le réveillon, autour d'une coupe de champagne. En cette année 2010, imaginer Mahmoud Ahmadinedjad trinquer avec Barack Obama relèverait presque de la science-fiction. Comment en est-on donc arrivé là ? Comment a-t-on pu passer d'une situation d'entente sincère à celle d'une hostilité ouverte ?
Pour comprendre ce renversement de situation, il faut revenir à l'année 1978, lorsque la face de l'Iran, ou du moins de son régime allait brutalement changer. C'est à ce moment que débute en effet une révolution, aux accents fortement islamiques, qui aboutira en 1979 sur la fin de la monarchie et la mise en place d'une « République islamique». Le pays en sera pour longtemps, et jusqu'à aujourd'hui, transfiguré. Essayons donc de déterminer de quelle manière s'est fait, entre 1978 et 1979, le renversement de la monarchie et, surtout, quelles en ont été les conséquences sur les relations internationales.
[...] Le port du hijab devient obligatoire pour les femmes. La police veille à ce que les bonnes mœurs soient respectées dans les rues. L'influence occidentale, prétendument néfaste à l'islam, est rejetée par les dirigeants religieux. Le premier ministre Bazargan, qui prône un islam modéré, ne dispose pas du pouvoir réel. C'est Khomeyni qui impose ses choix, et bien souvent dans un sens fondamentaliste. Le ton imposé par le nouveau régime est ainsi très dur, et une partie de la population iranienne commence à déchanter. [...]
[...] L'opposition au Shah en est ressortie galvanisée. Les grèves, dans les secteurs de la presse, de l'administration et du secteur pétrolier, s'intensifient. Le pays est de plus en plus instable, et de plus en plus paralysé. Si Mohammad Reza Shah est inquiet pour son avenir, les Américains le sont aussi. Cet affaiblissement du précieux allié qu'est l'Iran n'a rien de rassurant. Le Shah reçoit donc l'appui des États-Unis, mais aussi de l'Arabie Saoudite, autre allié crucial du bloc de l'Ouest. [...]
[...] La propagande révolutionnaire khomeyniste est ainsi de moins en moins efficace au sein de l'Umma, la communauté musulmane. Est, ni Ouest, mais surtout antiaméricanisme virulent L'Iran de Khomeyni place l'Islam au centre de ses préoccupations. Il devient donc impossible de se positionner du côté d'un des deux blocs de la guerre froide. Le slogan de l'ayatollah est d'ailleurs : qui compte ce n'est] ni l'Est, ni l'Ouest : [c'est la] la République islamique Occidentaux et Soviétiques sont vus comme de véritables forces du mal ennemis des musulmans. [...]
[...] Fin janvier, le mouvement contestataire est pris en main par le clergé. C'était en effet les religieux qui avaient organisé les manifestations à Qom en réponse à l'article anti-Khomeyni du 7 janvier. Ce sont encore eux qui parrainent les mouvements qui éclatent à la suite de cet évènement partout dans le pays. En cette période d'impasse politique, les religieux, en se plaçant du côté des réformateurs antimonarchiques, renversent leur image conservatrice. Ils apparaissent de plus en plus comme les meneurs des protestations. [...]
[...] Les deux nations vont alors entretenir des relations très proches. D'un côté, les Américains permirent au Shah, à travers une mission secrète de la CIA, de consolider son pouvoir en 1953. De l'autre, le Shah, que Richard Nixon qualifia de gendarme du golfe Persique», ce qui était un compliment venant de lui, montra à maintes reprises sa fidélité aux États-Unis, notamment en apportant son aide au sultan d'Oman pour mater une rébellion communiste ou en envoyant symboliquement un escadron au Vietnam du côté des forces américaines. [...]
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