La fin de la Guerre Froide a mis en exergue la supériorité militaire des Etats-Unis du fait de la disparition de leur rival : l'Union Soviétique. Cette puissance ne procède pas uniquement d'un différentiel purement quantitatif –même si l'armée américaine aligne d'importants effectifs- mais aussi et surtout de la nette avance technologique nationale dans les domaines de l'électronique et de l'informatique à usage militaire. Depuis la Guerre du Golfe, les stratèges du Pentagone travaillent à formaliser un nouveau paradigme stratégico-politique qu'ils nomment la « Revolution in Military Affairs » (RMA).
Selon eux, cette révolution va bouleverser la conduite de la guerre et conférer aux Etats-Unis une supériorité militaire inégalable. Cependant, en dépit des profonds changements que la RMA introduit dans les rapports de forces, il convient de rester circonspect devant des affirmations aussi assurées. Si le schéma qui la fonde est assurément intéressant à étudier tant dans ses applications actuelles que dans ses prospectives, il est toutefois possible de lui opposer des parades.
[...] On ne retrouve ni dans l'un ni dans l'autre d'organisations strictement pyramidales face auxquelles la RMA donne toute sa mesure. Ces deux formes de guerres exploitent toute la profondeur du territoire ennemi, par le contrôle de zones franches pour la guérilla et en portant directement la guerre chez l'adversaire pour le terrorisme, ce qui a pour effet de paralyser le complexe de reconnaissance-frappe Les techniques de camouflage citées plus haut sont portées à l'extrême par une guérilla qui de plus n'hésite pas à se fondre dans la population civile pour accroître sa furtivité. [...]
[...] Les coûts de recherche et développement devraient à priori être faibles car le Pentagone compte réemployer au maximum des technologies développées par le secteur civil. Une Revolution in Military Affairs qui comporte certaines faiblesses stratégiques Malgré le grand optimisme dont font preuve les décideurs américains quand ils se référent à la RMA, une constante de l'histoire militaire est la tendance à l'égalisation des avantages à chaque révolution dans les techniques de combat ; si bien qu'aucun concept, si révolutionnaire soit- il, ne pourra permettre à un pays de conserver une suprématie éternelle. [...]
[...] Notons que cette vision, outre les gains qu'elle offre en termes de sécurité pour les forces américaines, correspond aussi à une certaine vision du monde qui a beaucoup d'importance pour les Américains : celle du thème binaire d'isolationnisme et de sanctuarisation. Le recours aux frappes intercontinentales autorisera les Etats-Unis à se passer de tout système d'alliance avec des puissances étrangères auxquelles ils semblent répugner, comme leur politique récente vis-à-vis de l'Irak tend à le démontrer, tout en leur conférant la possibilité d'entraver les menaces apparaissant hors de chez eux. En somme, ils pourront être interventionnistes militairement et rester isolationnistes politiquement. [...]
[...] Une armée régulière peut fort bien, en dépit de son retard technologique sur la puissante armée américaine, mettre en œuvre des parades aux niveaux stratégique et tactiques. Stratégiquement, la réponse la plus évidente est la menace d'emploi de l'arme nucléaire contre le territoire américain ou contre l'allié hébergeant ses troupes. Même si les technologies en œuvre au sein de la RMA faciliteraient le ciblage et la destruction des vecteurs de tir, le pouvoir politique serait face à un dilemme des plus risqué : continuer les opérations au risque d'être bombardé en cas d'échec de neutralisation des moyens nucléaire stratégiques adverses ou cesser les hostilités. [...]
[...] En termes de communications, on peut enfin enfouir ses lignes pour les protéger. Une armée peut donc bien mettre en œuvre des parades pour s'assurer une certaine parité au combat face à la RMA et de ce fait remettre en cause la puissance de sa portée. C'est du reste ce que souligne le plus ses détracteurs américains, arguant du fait qu'un ennemi moins bien doté peut la paralyser. La RMA apporte cependant encore moins de réponses aux menaces dites asymétriques soit l'ensemble de stratégies qui vise à porter le combat sur d'autres terrains que celui de la guerre conventionnelle dont les deux formes majeures sont la guérilla et le terrorisme. [...]
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