Une révolte ne fait pas une révolution, Printemps Arabe, régime politique, autoritarisme absolu, islamisme
Le 17 décembre 2010, le monde entier est interpelé devant l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant tunisien. C'est le début de ce qu'on a appelé Printemps Arabe, et c'est l'objet d'étude du dossier thématique proposé. En effet, rapidement associé au rejet total de l'autoritarisme absolu régnant dans le monde arabe, cet évènement se révèle le déclencheur d'une série d'insurrections locales, imprévisibles et d'une violence inouïe. Ainsi, sur la base de 11 documents, articles de journaux, editos, données statistiques, chronologiques ou enquêtes journalistiques, l'accent est mis sur l'étude des évènements survenus entre le 17 décembre 2010 et le début d'année 2012 dans les pays arabes du Maghreb et leurs voisins, Maroc, Algérie, Egypte, Tunisie, Yémen, Tunisie, Libye, Syrie ou encore en moindre mesure le Bahreïn, Mauritanie, ou la Jordanie, ainsi qu'une interrogation sur leur signification. Car si le slogan « Thawra » est alors scandé dans les rues, amalgamant révolte et révolution, il convient pourtant de faire une distinction. Une révolte, c'est une insoumission, la rébellion contre une autorité quand le terme de révolution est indissociable d'un changement de régime politique à la suite d'une action violente.
[...] Ainsi, s'il compte éviter la continuation de propagation de la contestation au niveau national et est salué au niveau international, évitant l'intervention de forces extérieures, le roi Mohammed VI ne fait finalement que masquer les principaux enjeux des contestations, les facteurs sous-jacents tels que la corruption, l'illettrisme ou le chômage n'étant absolument pas pris en compte. C'est d'ailleurs pourquoi à travers le Mouvement du 20 février notamment, on s'aperçoit que la contestation n'est pas pour autant abandonnée. Par ailleurs, les mouvements de protestation ne sont pas effectués à n'importe quel prix ou sacrifice. [...]
[...] Cet espoir, vu comme invincible, animant les peuples limitrophes, l'Algérie l'a vraisemblablement perdu au terme d'une première bataille infructueuse. Cependant, cette situation n'est pas forcément définitive, les problèmes de l'Algérie sont véritables, bien qu'elle ne subisse pas de dictature. Ainsi, il est hautement probable que la continuité des scandales de corruption impliquant notamment les plus hautes sphères étatiques, à l'image de Sonatrach, l'Algérie étant par ailleurs d'après Transparency International classée 112e sur 183 en ce domaine, l'un des États les plus corrompus donc. [...]
[...] Est-ce alors une révolution à retardement ? On peut par ailleurs noter que le Document 10, évoquant les premières problématiques algériennes apparaissant à première vue comme un début de révolte date d'octobre 2011 tandis que les révoltes voisines n'ont débuté que quelques mois plus tard. C'est peut-être donc une révolte plus traditionnelle, latente qui perdure, en contraste avec la fulgurance de ses voisines. En tous les cas, de nombreux politologues ou hommes politiques s'accordent à penser que l'explosion sociale est certes contenue pour le moment, mais qu'elle se saura se faire entendre un jour ou l'autre. [...]
[...] En effet, la typologie établie par Crane Briton dans The anatomy of révolution exposée dans le Document 1 distingue 4 étapes dans le processus révolutionnaire : la prise de pouvoir, la mise à l'écart des modérés et le règne des radicaux, l'émergence d'un homme fort qui impose la terreur et le retour à un statu quo supportable. De cette façon, certaines des révolutions arabes n'en seraient en définitive qu'à l'étape 2 ou le processus suivant toujours son cours. Ainsi, cet exemple nous permet d'affirmer qu'une révolte n'est certes pas toujours annonciatrice d'une révolution, mais qu'une révolution est indubitablement issue d'une révolte. [...]
[...] On pourrait presque y voir un premier Printemps arabe ans avant la réaction de ses pays voisins. Mais différents problèmes se posent alors, principalement celui d'une polarisation idéologique qui ne répond alors pas en pratique à la théorisation démocratique pourtant amorcée en Algérie. Ainsi, certains travers se dessinent rapidement, le non-respect des principes démocratiques fondamentaux tel que le pluralisme, le populisme, ou la violence, menace de répression politique, issus de la confrontation de trois partis principaux, dont aucun, n'exprime réellement les aspirations démocratiques désirées. [...]
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