Dans l'immédiat après Deuxième guerre mondiale, le contexte religieux du Brésil est marqué par la polarisation croissante de l'Eglise catholique. En effet à cette époque, on assiste aux premières fissures au sein du catholicisme brésilien après la constitution de l'Action catholique spécialisée par milieux de vie et l'adoption de ses statuts par l'épiscopat national en 1952. Cette organisation des épiscopats nationaux est une des évolutions les plus notables du mouvement de rénovation qui affecte l'Eglise catholique après la guerre mondiale.
En Argentine, le 28 juin 1966 les Commandants en chef des trois armes déposent le président radical Arturo Illia, constitutionnellement élu trois ans auparavant. Ce coup d'Etat donne aux groupes catholiques intégristes une occasion de proposer leurs services et leurs idées. Pour comprendre, l'apparition de groupes intégristes en Argentine au début des années 1960, il faut rappeler que l'Eglise catholique a longtemps revendiqué le monopole de la formulation de l'identité nationale . Cette opération de « confessionnalisation » de la Nation argentine s'est opérée au début du XXe siècle, parallèlement à la crise de l'hégémonie libérale. En effet, une caractéristique de la consolidation de « l'ordre conservateur » argentin qui correspond au processus de modernisation politique de la société a été la marginalisation institutionnelle de l'Eglise catholique. La logique d'action de l'Eglise face à ce nouvel ordre politique a été la tentative de s'emparer de l'Etat plutôt que d'opérer un renforcement du catholicisme au sein de la société argentine. Sur le plan politique, l'Eglise accorde à l'armée un rôle majeur, puisqu'elle est la seule institution capable d'imposer par le haut un projet de société. Dans les années 1960 sous l'effet de multiples facteurs, cette vision unilatérale de la Nation est remise en cause à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise. Divers groupes et notamment « El Movimiento de Sacerdotes para el Tercer Mundo » vont tenter de défier cette présence hégémonique. Cette contestation fragilise d'autant plus certaines fractions de l'Eglise qu'elle est revendiquée au nom du catholicisme. Le retour sur la scène politique des militaires apparaît dès lors comme l'issue salvatrice pour une Eglise déstabilisée.
Cette étude va se déployer en quatre temps : après avoir analysé la structuration des ces mouvements, je m'attarderai sur la spécificité des modes d'action utilisés pour faire prévaloir leurs intérêts. Dans un troisième temps je m'intéresserai à l'aspect politique de leur mobilisation avant de conclure sur la manière dont ils perçoivent les transformations de l'Eglise post-conciliaire.
[...] Si l'intégrisme se rapproche du traditionalisme, il est possible de tracer la frontière entre ces deux courants. Emile Poulat affirme que l'acceptation du Concile Vatican II et l'allégeance au pape élu suffisent à les situer l'un par rapport à l'autre. Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Eglise à la modernité) engagé par le concile. Si l'intégrisme est un produit de la modernité, il faut tenter de montrer comment ce courant a pu émerger au sein des transformations de l'espace religieux latino-américain. [...]
[...] Le recours au répertoire de la scandalisation par les groupes intégristes est largement plus présent que celui de la manifestation. Comme nous l'avons souligné, ces groupes sont généralement peu nombreux et peu instituionnalisés à l'exception de la T.F.P. - et ne peuvent user du registre du nombre pour faire valoir leurs revendications. Ces entrepreneurs en représentation vont transfigurer en cause, une multitude de cas individuels. En effet, pour lutter contre la pénétration du modernisme au sein de l'Eglise, la plupart des chroniqueurs intégristes pratiquent l'attaque ad hominem. [...]
[...] Le journaliste et polémiste Gustavo Corçao, fondateur du groupe intégriste Permancia fut un membre assidu du centre et y donna des cours et des conférences jusqu'à la période conciliaire. S'il essaie de structurer son action, en organisant le centre Permanencia et en lançant la revue du même nom en 1968, les activités de ce mouvement se limiteront à des séries de conférences hebdomadaires. Un autre lieu qui a durablement structuré les réseaux intégristes brésiliens est l'Université catholique de Sao Paulo. [...]
[...] Le combat contre le communisme et la contre-révolution d'inspiration monarchique est l'aspect saillant de cet exposé. Mais la progressive marginalisation de la T.F.P. par les gouvernants va entraîner sa radicalisation. La militarisation de la T.F.P. à la fin des années 1960 se traduit également par une mise en garde des évêques contre les agissements de la T.F.P., qui constitue à leurs yeux un facteur de division et une école de déformation des mentalités Il ne faut pas limiter l'action des intégristes à leur activité intellectuelle. [...]
[...] Mallimaci (Fortunato), Catolicismo y militarismo en Argentina (1930- 1983). De la Argentina liberal a la Argentina catolica Revista de Ciencias Sociales, p. 181-218. Mallimaci (Fortunato), Les courants au sein du catholicisme argentin : continuités et ruptures Archives des Sciences Sociales des Religions, p. 113-136. Mallimaci (Fortunato), Religion, modernidad y catolicismo integral en la Argentina Perfiles Latinoamericanos, vol p. 105-131. Poulat (Emile), L'intégrisme de sa forme catholique à sa généralisation savante in sous la direction de Lemaire (Jacques) et Marx (Jacques), Les intégrismes, Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles p. [...]
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